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Inde

Bunty aur Babli

Inde | 2005 | Un film de Shaad Ali Sahgal | Avec Amitabh Bachchan, Abhishek Bachchan, Rani Mukherjee, Raj Babbar, Tania Zaetta, Prem Chopra, Aishwarya Rai

Rakesh (Abhishek Bachchan) est un jeune homme plein d’initiatives. Prisonnier de la léthargie de son village, il décide de quitter le giron familial pour tenter sa chance et monter son entreprise. Au même instant, la ravissante Vimmi (Rani Mukerji), prend la fuite afin de se soustraire à un mariage forcé. Rakesh et Vimmi prennent le même train. Et ne manquent pas de se rencontrer à la première escale.

Rakesh essuie un échec auprès des investisseurs qu’il tente de contacter. On lui vole son projet. Vimmi, quant à elle, subit les déboires d’une jeune fille exposée aux indélicats qui abuseraient volontiers d’elle. Dans le malheur, les deux désespérés font alliance et joignent leurs forces. N’ayant pas réussi à mener leurs projets au moyen de l’honnêteté, ils décident de jouer de supercheries. Ils forment désormais un duo infernal nommé Bunty et Babli. Personne ne pourra s’opposer à l’extraordinaire énergie que dégage leur couple irrésistible ! Bunty et Babli s’unissent pour leur meilleur... et surtout pour le pire des innombrables victimes de leurs inventives escroqueries.

Survient le policier Dashrath Singh interprété par l’étonnant Amitabh Bachchan dans un rôle inhabituel. Parviendra-t-il à arrêter les sympathiques escrocs ? Le policier est doté d’une intuition remarquable lui permettant non seulement de flairer les bandits, mais de prévoir leurs réflexes et pensées. La partie d’échecs s’engage, les mailles du filet se resserrent sur les deux héros...

Le film est une remarquable comédie. Rani Mukerji (Mukherjee) excelle dans ses compositions multiples de personnages différents dont elle endosse les masques : elle passe du rôle de l’ingénue à celui de l’allumeuse de discothèque, de celui d’une ministre corrompue à celui de l’épouse parfaite. Tantôt elle est Vimmi, tantôt Babli : autant de facettes d’un personnage bivoque auquel la comédienne prête sa fougueuse énergie.

La rencontre du policier et des bandits est un délice. Le destin les réunit, sans qu’ils devinent qui ils sont les uns par rapport aux autres. Aussi se prennent-il d’amitié. Surprenant duo-duel entre père et fils (le comédien Abhishek Bachchan en bandit est en effet le fils d’Amitabh Bacchan en inspecteur) ! Ils sont réunis dans un bar et rivalisent de séduction pour circonvenir une admirable danseuse qui n’est autre qu’Aishwarya Rai.

La vérité éclate. L’inspecteur est dans l’obligation morale de procéder à l’arrestation des héros. Mais voilà : Vimmi est enceinte et le jeune couple vient tout juste de décider de changer de vie, de retrouver le chemin de l’honnêteté. Que fera le policier ?

L’intégration des parties musicales dans la narration est une réussite parfaite : les « lyrics » de Gulzar ponctuent la progression dramatique et permettent qu’une synthèse se produise à chaque intermède. Les paroles sont en adéquation totale avec le propos du film et en posent le rail conducteur. L’unité de l’œuvre est totale tout en produisant à chaque séquence un feu d’artifices. Les chorégraphies sont synchronisées à la perfection, élégantes, tout en conservant la grâce infinie de la gestuelle indienne revisitée par la modernité.

Aucune frilosité dans ce film. Aucune concession non plus à l’érotisme de bas étage qui empuantit le cinéma occidental. Le charme de Rani Mukerji, sa franchise, sa pleine adhésion au personnage, finement contrôlée, n’autorisent aucune dérive. Les dialogues sont pimpants, signés Abhik Mukhopadhyay. La brêve apparition d’Ashwarya Rai, dans une danse rutilante, épice encore un peu plus cette tonitruante comédie, dont la leçon morale est très positive.

Autre régal : la parodie qu’offre Amir Bachchan de son propre personnage, sa dérision à l’égard de l’icône cinématographique qu’il est, le sur-décalage de son sérieux par rapport à son rire intérieur ! Et la dernière chanson du film ! Qu’il suffise à cette imense vedette du cinéma, entourée d’une chorégraphie endiablée, de pointer de son index l’œil de la caméra pour qu’aussitôt le fantôme des rappeurs américains soit à jamais renvoyé dans les bas-fonds leur Bronx.

Quel rire. Quel humour ! Tout au second degré ! Quelle leçon de langage cinématographique ! Bunty et Babli est un film excellentissime d’un cinéaste qui mérite d’être suivi : Shaad Ali Sahgal.

Bunty et Babli est disponible en DVD indien sous-titré en anglais chez Eros Entertainment.

- Article paru le mercredi 1er février 2006

signé Amadis

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