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Japon | Etrange Festival 2012 | Animation

Afterschool Midnighters

aka After School Midnighters - Hôkago middonaitâzu | Japon | 2012 | Un film de Hitoshi Takekiyo | Avec les voix de Kôichi Yamadera, Mariya Ise, Hôchû Ôtsuka

Quoi de mieux et de plus tranquille pour ouvrir cette 18ème édition de l’Etrange Festival, qu’une séance à 22 heures pour aller voir Afterschool Midnighters ? Ma foi pas grand chose, vu la tête de mon ami Jérôme qui sortait de Headhunters, très rapidement parti se rincer les yeux et se remonter le moral dans une pinte de blonde. On ne le dira jamais assez souvent, mais entamer un festival du bon pied, et à fortiori du bon œil, c’est mieux. Bref c’était le bon choix, surtout lors de la semaine de rentrée des classes !

Afterschool Midnighters, c’est tout simplement l’histoire d’un modèle anatomique écorché aux organes amovibles, nommé Kunstlijk, qui entretient des légendes urbaines, via son blog, sur l’école primaire Sainte Claire où il réside, assisté de son pote et collègue Goth le squelette. Jusque là rien que de très ordinaire (n’oublions pas que ce visionnage se déroule dans le cadre de l’Etrange Festival sus mentionné, donc. C’est la dimension X, avec encore plus de geeks). Là où la situation commence à dégénérer, c’est lorsque débarquent trois petites filles, à l’occasion d’une journée portes ouvertes à l’école : Mako, petite rouquine à couettes, directe, bavarde et tête en l’air ; Miko, petite blonde, maline, BCBG et bêcheuse comme pas deux ; et Mutsuko, grande (par rapport aux deux autres) brune aux cheveux dans les yeux, curieuse, la gothique de la bande. Ces trois petites filles ont tôt fait de passer outre l’interdiction de rentrer dans la salle de sciences, condamnée. Et ainsi d’y foutre le bordel. Kunstlijk, ne s’animant que la nuit, subit donc les outrages du relooking à la sauce chipie. C’est la nuit venue et constatant l’ampleur des dégâts, que notre héros singulier, désireux de se venger, va envoyer des invitations aux trois petites filles pour l’After School Midnight Party. La fête s’annonce mouvementée !

Le délire est à relativiser. Il ne tient pas tant dans la réalisation - où transpire de temps à autre le passé pubard de Hitoshi Takekiyo, au travers de quelques plans et séquences un peu clichés (quoiqu’en cherchant des poux, ce n’est jamais qu’une pub pour Hewlett Packard !) - que dans l’imbroglio scénaristique imaginé par Yoichi Komori. Ce dernier nous livre un mignon conte moderne, avec en filigrane une réflexion optimiste sur l’éducation des nouvelles générations, confrontées à la technologie de plus en plus présente autant qu’au passé et à la tradition. Bref on a le sourire à la fin du film car on s’est bien marré. Ce n’est certes pas du Bourdieu, mais ce n’est pas non plus un scénario EuropaCorp ; ce n’est ni un Miyazaki ni du Oshii, mais non plus un montage hystérique vomi par un quelconque faiseur sous coke ne sachant pas raconter une histoire. C’est un film d’animation marrant avec une mouche mutante, des lapins siciliens formolés, des posters de Bach, Mozart, Beethoven et Schubert, la créature gosse beau du lagon noir, un squelette, un modèle anatomique, un hommage à David Guetta, et de la bonne humeur à revendre.

Seul bémol : l’esthétique. Plein de techniques d’animation différentes sont utilisées. La 3D des décors, en particulier concernant les bâtiments, est moche. Le graphisme des personnages et de leur environnement n’est pas toujours homogène, et ne se justifie pas par la séparation merveilleux et réalité, école et monde extérieur. Néanmoins la narration est sans accroc. Passés les défauts de la forme, l’histoire est plaisante, les situations et les personnages délirants, les rebondissements nombreux, même si on les voit parfois venir (le film est la prolongation d’un court-métrage, Afterschool Midnight, point vu à ce jour).

Je sens que certains me traiteront de sinistre chipoteur, mais en matière de films d’animation japonais déjantés, on a déjà vu mieux quand même, et, pour citer un grand philosophe, « le train de vos injures roule sur les rails de mon indifférence ». N’empêche qu’Afterschool Midnighters est un film à voir pour les grands, comme pour les petits. Un réalisateur et un scénariste à suivre.

Afterschool Midnighters a été projeté à l’occasion de la 18ème édition de L’Etrange festival (2012).

- Article paru le vendredi 7 septembre 2012

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