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Anthony Zimmer

France | 2004 | Un film de Jérôme Salle | Avec Sophie Marceau, Yvan Attal, Sami Frey, Gilles Lellouche, Daniel Olbrychski, Samir Guesmi, Dimitri Rataud

Un film de genre français, voilà quelque chose qui peut faire fuir très vite les foules. Les vrais bons films de genres venant de chez nous n’ont pas été légions ces derniers temps. Cédant aux formules du fast food filmique américain, beaucoup de réalisateurs se sont engouffrés dans la brèche sans pour autant réussir à faire monter la sauce. Donc c’est avec crainte que l’on attendait cet Anthony Zimmer : annoncé comme un thriller classieux à l’ancienne, on avait peine à croire que le pari puisse fonctionner. Et pourtant, c’est bien le cas, il fonctionne ce film. La force de Anthony Zimmer réside en fait dans son côté résolument old school et surtout dans son casting. J’en vois déjà beaucoup qui font la moue : Un film avec Sophie Marceau dans l’un des rôles principaux, jamais de la vie ! Mauvaise pioche. Jérôme Salle, le réalisateur, applique ici une règle très simple : on ne filme bien que ce que l’on aime ! Et chez lui cela s’applique dans plusieurs domaines.

Le premier d’entre eux c’est dans le casting. Jamais ô grand jamais Sophie Marceau n’a réussi à être aussi belle et machiavélique. Bien dirigée et épaulée d’un script à la hauteur, on découvre cette actrice sous un nouveau jour. A croire que le mot femme fatale a été fait pour elle. Chacun de ses plans est taillé, pensé et conçu pour la mettre en valeur, elle est l’élément moteur de l’histoire. Celle par qui le malheur arrive, elle manipule les hommes et principalement Yvan Attal, sans pourtant savoir ce qui l’attend... Dès le début de l’histoire, on pense être emmené lentement mais sûrement sur les rails du grand thriller. Tous les éléments sont là : femme fatale, tueurs russes, policier revanchard et pourtant... De fil en aiguille et de rebondissement en rebondissement, on découvre que tout comme les acteurs principaux du film on s’est fait avoir dans les grandes largeurs. Anthony Zimmer n’est pas un thriller mais plutôt une gigantesque love story complètement tordue. C’est aussi ce point qui risque d’en dérouter plus d’un. Car le fait que l’on accroche ou non à cette love story improbable conditionne l’impact final du film. Anthony Zimmer a une facture très ricaine dans sa première partie alors qu’en fait il reste avant tout un film européen, réussissant l’exploit de survivre sans avoir recours aux clichés du genre. Original du début à la fin, Anthony Zimmer se paye le luxe de nous offrir un vent de finesse dans un océan de brute. Le duo Marceau-Attal y est pour beaucoup ; tout le film repose sur eux et malgré le côté improbable de l’association, elle est judicieuse.

Le point de départ de l’histoire se déclenche dans un TGV. Imaginez qu’une pure bombe sexuelle décide de venir s’asseoir face à vous, alors que l’intégralité du wagon dans lequel vous êtes est vide. Vous êtes un homme tous ce qu’il y a de plus normal et une femme comme elle ne semble plus avoir d’yeux que pour vous. Dès le début vous flairez quelque chose de louche, enfin du moins en tant que spectateur. Car de son côté le personnage de Attal fait preuve d’une naïveté confondante. Du moins en apparence. Tout dans ce film repose sur l’être et le paraître. Zimmer est un personnage qui a tout eu, sauf l’amour de celle dont il est fou. Génie du crime bancaire Zimmer se révèle aussi être diabolique dans le crime sentimental. Il n’hésite pas à mettre en œuvre l’un des stratagèmes les plus gonflés pour mettre fin à ses ennuis « professionnels » et reconquérir le cœur de celle par qui le film existe.

De Paris jusqu’au décor de la Riviera, Anthony Zimmer ne cesse d’étonner. Pour son premier film Jérôme Salle se paye le luxe de faire un film dans la mouvance d’un La main au collet ; oui le parallèle est un peu énorme, j’en suis conscient. Mais les deux films dégagent la même ambiance classy et ce charme indéniable que l’on ne retrouve pas souvent au cinéma. L’important pour qu’une love story fonctionne n’est pas la beauté plastique des deux personnages principaux ou le côté torride d’une pseudo scène de sexe mise ici ou là, et Salle l’a bien compris. Pour lui le seul ingrédient nécessaire est ce chemin que les personnages principaux sont prêts à parcourir, et nous faire parcourir aussi. Tout cela pour que, au travers d’eux, cette histoire devienne aussi la notre. Certes le twist du film est facile à deviner, mais justement ce n’est pas là que réside tout l’enjeu de ce petit bijou qu’est Anthony Zimmer. Pourquoi se contenter de dire je t’aime quand on peut le faire de 1 000 façons toutes plus tordues les unes que les autres ? Tel pourrait être le pitch du film.

Sorti le 27 avril dernier, Anthony Zimmer est toujours sur quelques écrans.

- Article paru le jeudi 23 juin 2005

signé Marcus Burnett

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