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Japon

Eko Eko Azarak : R-Page

Japon | 2006 | Un film de Taichi | Avec Narumi Konno, Yûko Itô, Mitsuki Koga, Nana Yanagisawa, Shion Umezawa, Daizô Niizuma, Seminosuke Murasugi, Kazuki Nanase, Izam, Eisuke Sasai

Misa, back and black, part 1.

Aaah, Misa Kuroi... Rien que le nom de cette sailor witch créée par Shinichi Koga est une douce évocation pour l’amateur d’univers cinématographiques bigarrés et barrés. Eko Eko Azarak, ses lycéennes apeurées, ses momies bon marché, ses amours lesbiennes et autres sexualités plus ou moins effleurées. Kimika Yoshino, trop rarement admirée à l’écran, qui croisait à l’époque le chemin d’une futur-ex ingénue du nom de Chieko Shiratori, puis Hinano Saeki, transfuge des deux premières déclinaisons du manga à la télévision japonaise, au générique d’un Misa the Dark Angel plus cheap, moins orienté exploitation, avant le relais médiatico-fantastique de Natsuki Kato pour un quatrième épisode quelque peu hors-série, opus v-cinema iconoclaste avec Kenichi Endo... Une troisième série plus tard - Eko Eko Azarak Me, en 2004 - Misa la noire se fait rare. Heureusement pour nous fin 2006, Avex et son filon inépuisable d’idoles veille au grain et ramène la belle en salles - au Japon du moins -, pour un double programme v-cinema : R-Page et B-Page. Au programme, du moins pour le premier opus : une nonne, une adolescente, un journaliste, un orphelin, Misa, un démon dévastateur potentiel du nom d’Ezechiel, adoré par des adeptes encapuchés. Vos esprits travaillents, recherchent les configurations étranges, un érotisme sympathique saupoudré de gore. Mais non, il n’en est rien.

Car Eko Eko Azarak : R-Page, d’une certaine façon, marche sur les traces de Misa Kuroi version Natsuki Kato : point de lesbiannisme ici, ou même de couleurs chaudes, place à un univers dépeuplé, à une ambiance fin d’histoire, aux blancs saturés de l’image numérique. Délaissée par contre l’approche socio-culturelle qui orientait le quatrième opus vers la satire médiatique, une chasse aux sorcières - littéralement - des temps modernes : R-Page est une histoire occulte, sérieuse, sombre, sans le sang, sans le sou.

En lieu et place d’un bestiaire à la fois démoniaque et féminin, R-Page nous propose donc d’accompagner Misa dans une étrange enquête au sein d’une chapelle isolée, où la Sœur Kozue vit accompagnée de Saeko, une adolescente, et Wataru, un jeune orphelin. Un an auparavan, d’étranges évènements se sont produits dans les environs, causant bon nombre de morts et de blessés... Sur place, Misa rencontre Takashi, un journaliste désireux d’élucider la même affaire. Il est en possession de photos macabres prises au moment de l’ « incident », qui posent la question de l’identité du photographe... peut-être celui-ci pourrait-il leur apporter des réponses ? Peut-être Kozue pourrait-elle expliquer le suicide d’un homme de foi à la même époque ? Peut-être, qu’au bout du compte, Misa saura si, oui ou non, le démon de la destruction Ezechiel, va se réincarner en ses lieux, et par le biais de quelle invocation ?

R-Page est à la fois un petit Eko Eko Azarak, et un petit v-cinema : budger riquiqui, acteurs qui se comptent sur les doigts d’une main atrophiée, effets limités et approximatifs, histoire dont la simplicité est maquillée par une construction aussi alambiquée que verbeuse. Mais l’intérêt du film réside justement dans ces limitations : Taichi se détache en quelque sorte du matériau de base, tout de même maîtrisé même si on aime Misa plus démonstrative, travaille l’ambiance et le ton pour aller au-delà du simple vite-vu-vite-oublié. R-Page possède ce côté « micro-épique » qui faisait déjà la force d’Ekoeko Azarak quatrième du nom ; un applomb étonnant qui lui permet d’acquérir une inertie quasi-apocalyptique, pourtant seulement entraperçue, au cours des bribes que constituent les scènes clés de l’histoire (la superbe scène de la « disparition » de Takashi en est une excellente illustration). Taichi fait appel autant à notre imagination qu’à notre affection ; et il a bien raison, car sous les traits de Narumi Kunno comme de tous ses autres incarnations, Misa reste notre sorcière bien-aimée. Rendez-vous est donc pris pour la seconde partie du dyptique, B-Page, qui devrait venir éclaircir un peu ce sombre récit !

Disponible en DVD au Japon, seul ou en coffret, chez Avex Arts... sans sous-titres, bien entendu.

- Article paru le dimanche 6 mai 2007

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