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Japon

Nowhere Man

aka Munô no Hito - Munou no Hito - L’Homme Incapable - El Incompetente - Der Untaugliche | Japon | 1991 | Un film de Naoto Takenaka | D’après le manga de Yoshiharu Tsuge | Avec Naoto Takenaka, Jun Fubuki, Kôtaro Santô, Miyako Yamaguchi, Taro Maruse, Hiroshi Kanbe, Tomokazu Miura, Ren Ôsugi, Yoshio Harada, Yoshiko Kuga, Tatsumi Kumashiro, Fujio Suga, Seikô Itô, Akiko Nomura, Kojiro Kusanagi

He’s a real nowhere man, sitting in his nowhere land... -the Beatles "Nowhere Man"

Sukezô Sukegawa vit avec sa femme Momoko et son jeune fils Sansuke ; dans une "autre vie", Sukezô était un mangaka reconnu et apprécié... seulement les temps ont changé, et aujourd’hui notre pauvre homme a bien du mal à joindre les deux bouts. Sa nouvelle lubie, ouvrir une petite échoppe dans laquelle il tente de vendre des pierres. Installé dans une cabane en bois sur les bords du fleuve Tama, il attend désespérément que quelqu’un daigne s’intéresser à ses collections... en vain. C’est alors qu’il fait la rencontre d’un illustre revendeur de pierres ; l’homme, plutôt étrange, lui apprend qu’une vente aux enchères va avoir lieu dans peu de temps. Sukezô s’investit alors corps et âmes dans la recherche de pierres ayant de la valeur, mettant femme et enfant à contribution...

C’est désormais un fait acquis, Naoto Takenaka est un cinéaste de la famille ; en quatre films (cf. articles de 119, Tôkyô Biyori et Rendan) -cinq si l’on inclus son dernier long-métrage, Sayonara Color, prévu pour 2005-, le comédien-chanteur-réalisateur s’est imposé en un metteur en scène proche d’un cinéma humain très fortement inspiré par les films d’Ozu ou Tati... Pour son premier film en tant que réalisateur, Takenaka s’offre donc l’adaptation du manga Munô no Hito, créé par le mangaka indépendant Yoshiharu Tsuge, fable humaniste ouvertement autobiographique sur la place de l’artiste dans une société engoncée dans le matérialisme et le rendement à outrance...

Le principal "problème" de Sukezô, est de vouloir garder son indépendance... évidemment, lorsque l’on a une famille à charge, il est difficile de joindre les deux bouts en restant sciemment en marge de la société et de ses règles élémentaires. Ainsi, Munô no Hito dépeint les tentatives d’un homme désireux de subvenir seul aux besoins de sa famille de manière autonome... vivre sans compromission, ne pas tomber dans la facilité... mais la tâche est dure. La vie va semer des embûches sur la route de Sukezô, mais également mettre sur son chemin des personnages qui vont lui redonner confiance en lui, et en la vie. Autant d’épreuves, qui une fois surmontées le feront progresser dans sa réflexion, dans sa vie, dans son comportement... au terme de difficultés qui semblent innombrables, la maturité fera son apparition... une maturité réelle, -pourtant- sans compromis moraux.

...l’évolution de Sukezô, relativement lente, se fera pourtant graduellement et non sans difficulté, la plus grosse étant d’accepter d’avoir peut-être tort sur certains points, aussi nobles soient les raisons qui poussent un homme à vouloir se sortir seul de toutes les situations. La tentation pointera son nez de manière anodine dans la vie difficile de notre homme... l’adultère, le suicide... mais la réalité de ses "devoirs" le rattrape à chaque fois, matérialisée par son fils, sorte d’ange gardien malgré lui, certainement le personnage le plus adulte de cette histoire, à la manière du petit mendiant/représentation de Kurosawa dans le sublime Dodesukaden... Sublimé par des comédiens exceptionnels -de Takenaka à Yoshio Harada, en passant par Jun Fubuki, et la révélation du film, le jeune Kôtaro Santô-, Munô no Hito, véritable voyage au lyrisme épuré emprunt d’une poésie quasi-irréelle (l’ "homme oiseau"...), tient tout autant de la chronique familiale à la Ozu, que du pamphlet égratignant le matérialisme éhonté qui touche nos sociétés consuméristes, au détriment de l’être...

Métaphore évidente sur la société nippone et les diverses pressions dont elle fait preuve sur ses ouailles -sans parler d’une compétitivité exacerbée attisée depuis le plus jeune âge-, Munô no Hito est une sorte de poème désenchanté sur les difficultés de vivre ses rêves, une fable remplie d’une réelle émotion qui nous conte avant tout le parcours d’un homme dont le principal défaut est d’être trop idéaliste. Isn’t he a bit like you and me ?... -the Beatles "Nowhere Man"

Note : Munô no Hito le manga, est disponible traduit en français aux éditions Ego comme X sous le titre L’Homme sans Talent.

DVD (HK) | Panorama Entertainment | NTSC - Zone 3 | Format : 1:1:85 (légèrement recadré en 1:78) - 4/3 | Images : Net manque de définition pour un master en piètre état. | Son : Stéréo peu convaincante. | Suppléments : Comme c’est désormais le cas dans la collection A Century of Japanese Cinema, nous n’avons droit en guise de suppléments qu’aux mini biographie et filmographie de Naoto Takenaka, ainsi qu’à un petit livret qui contient les mêmes informations... rien de plus.

Ce DVD possède des sous-titres chinois et anglais optionnels.

Existe également en VHS et LaserDisc au Japon.

DVD japonais annoncé chez KSS Films sans date...

- Article paru le mardi 7 décembre 2004

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