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Corée du Sud

Windstruck

Corée du Sud | 2004 | Un film de Gwak Jae-Yong | Avec Jeon Ji-Hyeon, Jang Hyeok, Kim Su-Ro

// Attention, cet article contient d’énormes spoilers sur le film !!!!

Ca y est, enfin !!! Le type de film que j’idolâtre est de retour sur le devant de la scène !!! Eh oui messieurs-dames, je veux bien entendu parler de la comédie mélodramatique. Le bon mélo des familles, celui qui fait pleurer dans les chaumières. Ok je sais, c’est pas très masculin d’aimer ce genre de trucs comme je les adore, mais que voulez-vous, ça doit être mon côté Tootsie. Mais venons en au film, à savoir l’excellent Windstruck...

Le point le plus intriguant avec ce dernier réside dans les dizaines de degrés de lecture que le réalisateur nous offre en pâture, au risque bien sûr de perdre ses spectateurs en route. Commençons donc par mettre un peu d’ordre là-dedans avant d’entrer dans le vif du sujet. Windstruck reprend un duo ayant fait ses preuves avec un petit film dont quelques uns d’entre vous ont peut-être entendu parler... attendez je crois que le titre était My Sassy Girl. Ca vous dit quelque chose ? Gwak Jae-Yong reprend ici son actrice fétiche Jeon Ji-Hyeon pour nous faire rêver à nouveau. La mission est-elle réussie ? En ce qui me concerne à 100% ; pour ceux qui n’ont pas encore vu le dit film toutefois, cela sera peut-être un peu plus dur. Pourquoi ? Eh bien c’est assez simple : quoi qu’on en dise, Windstruck et My Sassy Girl restent liés de façon inextricable. Windstruck n’est pas une préquelle à 100% de My Sassy Girl, mais on ne peut s’empêcher de noter les énormes similitudes entre ces deux films. Hormis l’actrice bien sur, l’univers et l’atmosphère se collent à la peau l’un de l’autre.

Si l’on regarde Windstruck sans jamais avoir vu My Sassy Girl, on passe à côté de 50% de ce qui fait selon moi la force de ce film. Chacun représente une étape indissociable de l’autre. Windstruck est un chemin de vie : celui de la découverte de l’amour, la perte, de la pénitence et du retour vers la vie. Eh oui, ça fait beaucoup de choses pour un seul film, et c’est aussi ce qui peut faire peur. Car autant ces nombreux éléments peuvent passer parfaitement chez certains, autant chez d’autres ce sera l’indigestion. Windstruck si on le prend au premier degré, est en effet un gigantesque foutoir d’émotions - et un peu un foutoir filmique d’ailleurs. Car dès le milieu du film, des éléments policiers interviennent et balayent d’un violent revers de la main le ton gentiment innocent de la romance qui se déroulait jusque là sous nos yeux. Dès la mort de son compagnon dans la bavure lors de la poursuite, le personnage de Jeon Ji-Hyeon entame une longue descente en enfer. Certaine d’avoir tué l’homme qu’elle aime, elle ne vit plus que pour une chose : le rejoindre le plus vite possible. C’est à partir de là que le film prend une tonalité très sombre à laquelle on ne s’attendait guère. Au travers de scènes étonnement violentes pour ce genre de mélo (la scène du parking entre autres, marque bien cet état d’esprit), le réalisateur nous amène à partager toute la souffrance de son héroïne, et amène lentement en arrière-plan des explications sur le trauma engendré par la mort de sa sœur jumelle. L’héroïne porte ici un double fardeau, elle explique au début du film le sentiment de culpabilité qu’elle ressent face à la mort de sa sœur. Une culpabilité à laquelle vient s’ajouter celle d’avoir le sentiment d’être responsable de la mort de l’homme de sa vie. Ok, donc à partir de ce moment là, j’entends déjà les portes de la salle qui commencent à battre, indiquant la fuite de nombreux spectateurs.

Laissez les ! Ils ne savent pas ce qu’ils perdent. Windstruckest un film qui se voit plusieurs fois pour être apprécié à sa juste valeur. Le cheminement de l’héroïne est beaucoup plus fin qu’il y paraît, et malgré l’impression de bouillie filmique qui se dégage de tout cela, on est devant quelque chose d’infiniment beau. Ok je m’emporte un peu, mais que voulez-vous - j’adore ! Le destin croisé, entre l’histoire de la reine, du roi et du fantôme disparaissant à la fin d’un certain nombre de jours, et celle de la policière et du maître d’école, prend dans la deuxième moitié du film une tournure particulièrement touchante. En effet, cette histoire à première vue incongrue dans la narration est la raison même des agissements de la policière après la mort de son homme. Tout son côté suicidaire prend racine ici, et dans cette légende et ce qu’elle implique. Windstruck est donc un beau foutoir, mais un foutoir qui répond à une certaine logique (oui je sais, c’est un peu tiré par les cheveux...)

Ce que le réalisateur réussit ici, c’est une relecture de ses deux derniers films à la fois, au travers d’un univers alternatif. En effet, l’atmosphère de The Classic peut sembler flotter sur certaines séquences, tout comme l’ombre lourde et pesante (mais dans le bon sens) de My Sassy Girl, qui reste au-dessus du film tout du long. Ce que le réalisateur parvient à nous montrer le mieux au travers de ce nouveau film, est en fait en le côté pile de My Sassy Girl, comme si chacune des deux histoires était prise du point de vue d’une des deux sœurs. Un point dont l’opacité peut s’éclaircir si l’on réflechit au principe de la gémellité. L’impression finale qu’on a de My Sassy Girl après la vision de ce film, est simplement que l’héroïne de Windstruck décide d’incarner sa sœur pour qu’au travers d’elle, cette dernière puisse éprouver le bonheur qu’elle n’a jamais connu. Nous sommes face à l’histoire de jumelles fusionnelles. La première, au travers du second film, se reconstruit elle-même, et permet aussi à sa sœur de continuer à vivre, au travers d’elle. Ok, tout ceci n’est qu’une interprétation personnelle, mais c’est ça qui est magnifique avec cette œuvre. Même longtemps après la première vision, on continue d’y réfléchir encore et encore. C’est sans doute çà la marque des grands films...

Windstruck est disponible aussi bien en DVD coréen (édition normale ou Director’s Cut) qu’en DVD HK. Toutes ces éditions sont au format, et sous-titrées en anglais.

- Article paru le jeudi 24 février 2005

signé Marcus Burnett

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