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Hong Kong

Big Bullet

aka Chung Fung Dui Ji No Foh Gaai Tau - EU Strike Force - Emergency Unit : Angry Fire Street Corner | Hong-Kong | 1996 | Un film de Benny Chan | Avec Lau Ching-Wan, Jordan Chan, Theresa Lee, Cheung Tat-Ming, Spencer Lam, Yu Rong-Guang

Dans le flot des polars de séries B produits dans les années 90, à la veille d’une rétrocession mêlée d’incertitude pour l’avenir du 7ème art de l’ex-colonie, Benny Chan n’a jamais été en mesure de reprendre le flambeau du spécialiste en procédures policières et gunfights, Kirk Wong, parti depuis outre-atlantique, imiter ses illustres collègues (Jackie Chan, John Woo, Tsui Hark, Yuen Biao...). Même si Big Bullet ne le dément pas, il parvient néanmoins à surnager par plusieurs aspects et ce, sans compter la présence d’Anthony Wong !.

L’officier Bill Zhu (Lau Ching-Wan), homme de devoir mais au caractère impulsif, se retrouve muté dans une unité de patrouilleurs de la police, suite à une altercation musclée avec son supérieur. Il se voit déjà cantonné à la routine des arrestations de petits délinquants, quand la récente évasion d’un caïd, provoque son intervention forcée, au hasard d’une de ses patrouilles. S’en suit une fusillade qui tourne au jeu de massacre en plein centre ville, provoquant la mort de son ex-coéquipier, et envenimant les rancoeurs inter-services. L’affaire prenant une ampleur internationale, Bill impliquera ses coéquipiers bien involontairement dans une traque qui verra s’affronter les gangsters et l’équipe de Bill dans un final sans surprises.

C’est bien l’absence de surprise qui caractérise le scénario de ce polar musclé et vitaminé, qui semble avoir été écrit après un visionnage intensif de la trilogie Die Hard. De façon générale les personnages sont par trop caricaturaux et les stéréotypes du genre bien présents. Dés les premières scènes, la musique dramatisant à l’excès, l’on est en présence d’un divertissement commercial qui s’assume rapidement et ne se prend pas au sérieux. En témoigne la remarque du collègue de Bill, fondu d’armes à feu en présentant son Beretta "Celui-là, il a servi à Chow Yun Fat et Mel Gibson". Ou encore les surnoms donnés aux collègues : "Apple" pour la spécialiste en informatique ("IBM" pour son frère). Le ton parfois humoristique et décalé désamorce la brutalité des affrontements, qui montrent une Hong-Kong où la violence peut surgir au coin d’une rue. Benny Chan, lors de la fusillade dans le restaurant (moment fort du film qui doit beaucoup à Kirk Wong), transforme un lieu public en champ de bataille, théâtre d’un carnage impitoyable, impeccablement restitué par une mise en scène stylisée. Et semble indirectement refléter l’inquiétude qui gagne les Hong-Kongais quand à la sécurité de leur ville à la veille de la rétrocession. Une série de plans habiles, de foule et de piétons, lors de la poursuite entre Bird et l’ex-coéquipier de Bill, les fond dans la masse, immergeant l’irréalisme de la scène dans le quotidien de la rue et créant un sentiment d’angoisse, prélude à la mort du policier.

Tourné pour la plupart en décors naturels, avec une évidente économie de moyens (on est pas loin des production D&B [1]), même si les nombreuses cascades semble indiquer le contraire, les scènes de patrouille et l’évolution des personnages dans un Hong-Kong moderne sont traitées sur un ton réaliste, renforcé par l’utilisation de l’éclairage naturel - si l’on excepte les scènes nocturnes. Emmené par la tête brûlée Bill, le corps de police, habituellement cantonné à des tâches moins hasardeuses, se retrouve ici au centre d’un conflit interne. Le réalisateur montre intelligemment comment, au contact de Bill, les différents équipiers sont amenés à se surpasser, non sans avoir douté de la pertinence d’une remise en cause de l’autorité. C’est à mot couvert (le but premier étant ici de divertir), que Benny Chan, comme le faisait en son temps Don Siegel avec Dirty Harry, suggère une remise en question de l’ordre procédurier (notoire à Hong-Kong) dans le corps de police ; les unités spéciales étant elles dépassées par les évènements. Quel dommage que le réalisateur n’ait pas jugé bon de creuser davantage dans ce sens, et évité ainsi la caricature.

En fait l’agréable surprise de Big Bullet, s’il déçoit par son propos et son côté trop américanisé (la présence médiocre des acteurs étrangers le démontre), séduira par l’interprétation et les dialogues qui rythment habilement le récit d’un bout à l’autre. Benny Chan à su donner suffisamment d’espace à chaque personnage secondaire pour s’exprimer totalement, depuis l’inénarrable Anthony Wong qui ne cesse de débiter des insultes en italien à chaque affrontement, en passant par Jordan Chan, en flic tatillon sur le règlement, sans oublier la délicieuse Theresa Lee en experte informatique. L’humour bien présent dans les dialogues, cadence les rapports entre coéquipiers et donne une touche légère à ce divertissement saupoudré de scènes d’actions mêlant cascades, gunfights et kung-fu. Quant à la star Lau Ching-Wan, il incarne à merveille le policier Bill Zhu, un peu empâté, mais si crédible en meneur de troupe intrépide et téméraire.

Ce n’est certes pas Big Bullet qui redonnera son souffle perdu au polar Hong-Kongais, mais il n’en reste pas moins un divertissement d’honnête facture, qui compte tenu des moyens en présence, s’en tire grâce à une galerie de flics assumant leur devoir avec bravoure et un brin d’autodérision.

Big Bullet est sorti dans la collection Asian Connection éditée et distribuée par Universal Pictures. Format 1.85 - 16/9 non offert - Simple couche | langues : Cantonais, Mandarin - sous-titres : chinois, anglais, chinois simplifié.

PS : Un grand merci à Marion Doré.

[1Société de production de séries B fondée par Dickson Poon et Sammo Hung, ayant notamment révélé Michelle Yeoh et lancé la mode des "Girls with Guns" (films de femmes avec armes à feu).

- Article paru le vendredi 15 octobre 2004

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