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Hong Kong

Bio-Zombie

Hong Kong | 1998 | Un film de Wilson Yip | Avec Jordan Chan, Sam Lee, Angela Tong, Cheung Kam Ching, Yiu Cheung Lai

Parfois il faut bien reconnaître que les hongkongais ne savent pas tout faire, non plus. Dans le domaine du film d’horreur, par exemple, on ne peut pas vraiment dire que l’ex-colonie britannique se la donne à mort. Depuis que la vague des Mr Vampire et consorts s’est essouflée, toute tentative d’oeuvrer dans le genre s’est soldée par des échecs assez impressionants : les deux A Wicked Ghost, le malade The Imp et sa suite Ximp, la série des Troublesome Night - et j’en passe ; autant de films moyens voire absolument minables qui laissaient douter de la capacité des cantonnais à fournir ne serait-ce qu’une copie convenable des films d’horreur modernes. Alors autant vous dire qu’à l’annonce de Bio-Zombie, j’ai préféré passer mon chemin plutôt que risquer de perdre 90 minutes supplémentaires de ma vie. Car vous voyez, les films de zombies, c’est un peu une passion chez moi : la trilogie de Romero reigne bien sûr en maître sur le sous-genre, avec Dawn of the Dead en blockbuster gore unique et pertinent loin au-dessus du lot. Mais il y a les Fulci, The Dead Next Door, quelques Lenzi,... bref, les italiens resteront toujours les rois du cadavre déambulant, avec les américains sur leurs talons. Mais entre-temps, j’ai eu la chance de voir l’excellent Bullets Over Summer de Wilson Yip, film représentatif de la réorientation du cinéma HK post-rétrocession, avec ses personnages ultra-cools, branleurs et poseurs à l’extrème, qui m’a fait l’effet d’une claque majeure avec finalement peu de choses. Ce qui, forcément, m’a amené à donner à Bio-Zombie, réalisé par Wilson Yip un an avant Bullets Over Summer, la chance que je lui avait retirée d’office...

Woody Invincible (Jordan Chan)et Crazy Bee (Sam Lee) travaillent dans un magasin de VCD minable, dans une gallerie tout aussi minable. Ca tombe plutôt bien, d’ailleurs, car les deux amis figurent sans doute en photo dans le dictionnaire pour illustrer le mot minable : stupides, obsédés, insolents et couards, ils passent leur temps à draguer lamentablement les filles de la gallerie ou à jouer à House of the Dead sur leur Playstation première du nom.
Un jour, alors qu’ils reviennent d’un garage où ils sont allés chercher la voiture de leur patron, ils percutent un militaire en uniforme qui court au milieu de la route. Celui-ci assistait à une démonstration de l’armée d’une nouvelle arme révolutionnaire : un soft-drink capable de transformer quiconque en boit quelques gouttes en zombie à la force surhumaine. La démonstration tourne mal, et un homme s’enfuit avec la bouteille de soda. Tiens, comme par hasard, c’est lui qui se fait faucher par nos deux héros, qui sortent de la voiture pour venir à son secours : celui-ci n’est pas encore mort, et il balbutie difficilement les mots "soft... drink...". Woody et Bee, perplexes, aperçoivent la bouteille qui git quelques mètres plus loin, et s’empressent de satisfaire ce qu’ils pensent être la dernière volonté du mourant, avant de le mettre dans le coffre de leur voiture pour ne pas avoir d’ennuis avec la police...
De retour à la gallerie, ils s’aperçoivent que le corps a disparu. Commence alors une longue nuit au cours de laquelle Woody et Bee vont s’allier à la jolie Rolls (Angela Tong) et à d’autres vendeurs au rabais pour survivre au sein d’un centre commercial envahi de monstres en décomposition... (ça vous dit quelque chose ???)

Quelque part, Bio-Zombie, c’est un peu Clerks meets Dawn of the Dead, en fait. Et la surprise, c’est que le film est très réussi : les personnages sont tous excellents et bien développés, il y a un peu de gore (mais quand même pas grand chose, et les maquillages ne feront pas particulièrement date) et le tout est vraiment bien mis en scène, avec un rythme très efficace : la part belle de l’histoire, comme dans la trilogie de Roméro, est allouée à l’évolution des mécanismes qui régissent un groupe en moment de crise. Les branleurs révèlent une grandeur d’âme insoupçonnée, les durs s’avèrent être des poules mouillées, les bimbos n’en sont pas forcément (même si elles ne mettent pas de soutien-gorge, merci Angela Tong) et les nerds peuvent s’avérer être très utiles, surtout lorsqu’ils sont morts et amoureux de Rolls...

Alors bien sûr, la localisation de l’action tient plus du clin d’oeil à Romero que de la satire sociale, car ici, toute la critique de la société de consommation, qui entraînait une attitude consumériste quasi-cognitive chez les morts-vivants de Zombie, a laissé la place à l’humour et à l’action. Mais Bio-Zombie reste tout de même un vrai bon film de zombies, sans doute le seul au panthéon du cinéma HK, avec une vraie fin de série B, des personnages grandioses (voire les démarches et les attitudes de Woody et Bee avant que la situation dégénère) et une réalisation de bon niveau. Mea Culpa !

Un bon vieux DVD Mei-Ah comme on les aime bien, avec une interface générique absolument ridicule, une image propre mais sans plus et, en gros, rien à signaler de bien ni de mal. Du boulot bien neutre comme on sait le faire si bien à Hong Kong...
Ah si ; il y a tout de même une fin alternative, plus courte que la fin retenue, mais qui change tout de même le ton du film. Une bonne initiative (quelle mauvaise langue je fais...).

- Article paru le samedi 6 octobre 2001

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