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Japon

Crazy Lips

aka Hakkyousuru Kuchibiru | Japon | 2000 | Un film de Hirohisa Sasaki | Avec Hitomi Miwa, Hiroshi Abe, Ren Osugi, Kazuma Suzuki

Omega Project, ça vous dit quelque chose ? Ni plus ni moins que la boîte de production derrière le renouveau du cinéma japonais, avec la série des Ring, notamment, mais aussi Audition. Hiroshi Takahashi, ça ne vous dit rien non plus ? Nul autre que le scénariste de... Ring, Ring 2, et même Rasen (le vrai-faux second Ring), tiens. Et aussi du Hebi No Michi (Serpent’s Pass /1997) de Kiyoshi Kurosawa.
Voici donc deux références qui nous amènent à attendre de Crazy Lips un film d’horreur plutôt froid, minimaliste mais savamment calculateur. Non ? Et bien non, justement. Mais alors pas du tout du tout. Parce que dans Crazy Lips, il y a "lips"... Que peut donc dissimuler cette magnifique affiche de Rockin Jellybean [1] ? Vous avez pris une grande inspiration ? C’est parti...

Quatres jeunes filles décapitées dont les têtes demeurent introuvables. Un suspect : le jeune Kurahashi Michio. Tout irait bien si la police savait où trouver le coupable... Sa mère Eiko et ses deux sœurs, Kaori et Satomi (Hitomi Miwa) passent leur temps enfermées chez elles pendant que les journalistes et les voisins en colère campent devant leur porte d’entrée. Excédée, Satomi se rend chez une voyante étrange (ne le sont-elles pas toutes ?), Mamiya Etsuko. Cette dernière se rend chez les Kurahashi accompagnée de son assistant Touma, dans le but d’invoquer les esprits des quatre jeune filles décédées et de les envoyer à la recherche de leurs propres têtes. Pendant la nuit, Touma "séduit" la mère de Satomi, avec succès. Le lendemain, Kaori envoi paître l’étrange duo occulte. Mais la mère, comme possédée, se rend chez Etsuko pour se faire violenter par Touma. Du coup, les voyants reviennent, et Touma viole Kaori, instantanément transformée, comme sa mère, en "chienne lubrique". Satomi s’enfuit, en colère, vomit devant les caméras de télévision à sa porte. Elle se rend compte qu’elle est suivie par un inspecteur de police, se met en colère - ce qui a le don de faire apparaître les quatre fantômes décapités, qui du coup se payent le luxe d’éliminer ledit inspecteur... C’est à cet instant qu’un homme armé d’une mitraillette, vêtu comme un membre d’une force d’intervention spéciale, fait son apparition ; il entraîne Satomi dans sa voiture, où elle rencontre Lucy (Tomomi Kuribayashi, équipière de Chieko Shiratori dans Metropolitan Police Branch 82), la partenaire du bel homme armé, une japonaise blonde aux yeux de félin qui ne parle qu’anglais (mais mal) et semble un peu tarée. Les deux font bien sûr partie du FBI, et sont assignés à la suveillance d’Etsuko : cette dernière aurait manipulé Satomi avant de lui effacer la mémoire, et notre héroïne serait donc la coupable des quatre meurtres... Effarée (un peu comme nous, mais en mieux joué), Satomi retourne chez elle après une séquence sortie de La mélodie du bonheur. C’est alors que...

Bon, d’accord, j’arrête là. J’aurais pu continuer un bon moment dans le résumé de l’histoire de ce Crazy Lips dont chaque scène est un nouveau morceau d’anthologie ; j’aurais pu vous parler du viol anal de Satomi par un pendu tout frais, des interventions du Colonel (Ren Osugi, qui d’autre ?), capable de communiquer avec Satomi par le biais de son téléviseur. Les scènes les plus balèzes du film sont d’ailleurs sûrement celles qui gravitent autour du personnage de Ren Osugi, chef de nos deux membres iconoclastes du FBI. La séquence chez Satomi où il entend les voyants, sa mère et sa sœur descendre l’escalier donne lieu à un des décalages les plus aberrants jamais vu dans un film : afin de ne pas révéler sa véritable identité, Osugi amène un ghetto blaster sur son bureau (il est supposé être présentateur de JT), enlève son costar qui dissimule une magnifique tenue noire en spandex, et commence une émission de fitness sous acide avec l’aide de Lucy. On y découvre d’ailleurs le sexe énorme du Colonel (qui se révèlera par la suite être un bien beau godemiché), qui enverra directement Kaori, émerveillée, se caresser hors-champ... Mais bon, il faut aussi compter les scènes musicales, les fabuleux combats (du kung-fu de haut niveau !) de la fin, les scènes de nécrophilie... On nage en plein délire ! Et le plus incroyable, sans doute, c’est que tout cela se tient merveilleusement...

Le réalisateur Hirohisa Sasaki s’est donc offert un trip remarquable avec Crazy Lips, ne sachant pas où s’arrêter et ayant finalement choisi de ne se poser aucune limite. C’est drôle, c’est gore, c’est immoral et rempli de dégradations diverses et variées des héroïnes. D’ailleurs, Crazy Lips a propulsé Hitomi Miwa au rang de scream-queen culte du jour au lendemain. On peut le comprendre : son look innocent contraste tellement avec la décadence en roue libre qui l’entoure, et qui l’implique plus d’une fois ! Il fallait accepter de se prêter à un tel jeu...
Bref, Crazy Lips est un film de ouf comme on aimerait en voir plus souvent, assez bien réalisé qui plus est ; moi je dis que les producteurs devraient s’allier avec Gaga Communications pour faire un crossover avec Stacy, avec Hitomi Miwa et Natsuki Katou, et toujours Ren Osugi qui est vraiment l’un des plus grands acteurs de tous les temps. Parce que les zombies, tiens, c’est bien la seule chose qui manque à Crazy Lips ! "Kill zem alllllllllllllllll !!!"

Disponible en DVD japonais chez Uplink (zone 2 - NTSC).
Copie au format mais non-anamorphique, et ça se voit : les noirs sont bien cra-cras...
Son stéréo correct, aucun sous-titres, mais un making-of sympathique en supplément, ainsi que le trailer du film.
De toute façon, Crazy Lips est indispensable, que vous consommiez de la drogue ou pas !

[1Illustrateur japonais célèbre, qui travaille aujourd’hui aux USA. L’affiche du Killer Kondom distribué par la Troma, c’était, lui !

- Article paru le mardi 19 février 2002

signé Akatomy

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2002

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