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Japon

Elephant Song

aka Erefantosongu - Erefanto Songu - La Chanson de l’Eléphant | Japon | 1994 | Un film de Gô Rijû (Gô Rijyû) | Avec Miyuki Matsuda, Yuki Takamura, Susumu Terajima, Noboru Mitani, Morio Agata, Hiromi Kuronuma

"Eléphant... Eléphant. Tu as un long nez. Eh oui ! Et maman aussi ! Eléphant... Eléphant. Qui aimes-tu ? Ecoute, c’est Maman que j’aime..."

Kanako est une jeune femme qui travaille comme serveuse dans un café. Un beau jour, elle apprend la mort d’un vieil homme avec lequel elle s’était liée d’amitié. De son vivant, il lui avait fait promettre de l’enterrer au milieu de la nature, afin que son corps puisse nourrir arbres et végétaux...

Cinquième film et second "long-métrage" de Gô Rijû (Berlin, Chloe - sa relecture de L’écume des Jours de Boris Vian -, Shiritsu Tantei Hama Maiku - Bitter’s End), Elephant Song est un voyage initiatique, introspectif... mais surtout poétique...

Lorsque Kanako se retrouve confrontée à cette mort, elle ne réfléchit pas un instant et décide de tenir sa parole, peu importe les difficultés... Aidée de Yoshiki, un fleuriste philanthrope, elle et son jeune fils Susumu vont chercher le meilleur endroit possible pour enterrer Kuri-ojisan - "Tonton Châtaigne" -, afin que ses dernières volontés soient respectées, bien qu’elles soient hors-la-loi...

Les éléphants fatigués continuent de marcher, pour chercher un lieu où mourir. Naturellement lorsqu’ils y arrivent, ils sont tous épuisés. Pour se reposer, ils s’allongent. Et alors, en regardant le ciel tout bleu, tout à coups ils se sentent tristes, ces éléphants. Alors, on dit qu’ils pleurent. Ils pleurent parce qu’ils sont tristes. Mais... on croirait qu’ils chantent... Peut-être qu’ils chantent vraiment. Oui... peut-être...

...un vieil homme qui arrivé au crépuscule de son existence, conclut que sa vie fût inutile... Un vieil homme dont le souhait le plus cher est d’être "utile", ne serait-ce qu’une fois... Il décide de se faire enterrer à même la terre, au milieu de la nature, afin que son "jus" nourrisse de jeunes arbres qui pourront ainsi grandir plus vite... plus haut...

Elephant Song est une expérience cinématographique assez unique en son genre. Si certains de ses thèmes peuvent faire penser au magnifique Narayama Bushiko (La Ballade de Narayama de Shohei Imamura), il n’en demeure pas moins un film ancré dans son époque... Road-movie transcendé par ses personnages, il se transforme peu à peu en un conte initiatique, dont la philosophie se résume en un mot : le bonheur.

...au-delà de son rôle de metteur en scène, Gô Rijû s’instaure en véritable poète de l’image. A la manière de Cassavetes, sa mise en scène à la fois subtile et mal dégrossie s’attache avant tout à capturer des instants, des expressions, des états d’âmes... La mort, on le sait, est tabou dans nos sociétés ; elle fait peur, dérange, choque, et sa représentation nous entraîne souvent dans le sacré. Rijû, à l’inverse, désacralise cet aspect de la "vie"... Le jeune Susumu n’est pas "épargné" par sa mère ; elle lui explique que Kuri-ojisan est mort, et qu’elle doit l’enterrer. L’enfant ne sera à aucun moment traumatisé par la vision du cadavre, ou par le simple fait de savoir que le vieil homme est décédé... Le corps du vieillard devient un personnage à part entière, les tabous disparaissent, les souvenirs remontent à la surface, l’envie de vivre est décuplée...

Sous couvert d’un conte poétique, Gô Rijû jette un regard critique sur le rapport à la mort de ses congénères, qui lâchement se réfugient derrière la loi, en même temps qu’on œil réprobateur sur la société actuelle et sa difficulté à intégrer la nature, mais également l’humain, en tant qu’être...

Zousan Zousan - ohana ga nagai no ne - sou yo, kaasan mo nagai no yo. [1]

...hormis toute considération analytique, Elephant Song est avant tout un film d’une sensibilité rare, un conte sur la vie, la mort, l’humanité, la nature, l’enfance, la vieillesse, l’Amour, la confiance... moment de poésie pure, il nous dépeint le bonheur dans toute sa simplicité, mais également la détresse et la détermination d’une femme, dont les pleurs de désespoir, même s’ils laissent place à un visage radieux empli de joie, ne cesseront de vous hanter...

PS : c’est Miyuki Matsuda, femme du regretté Yusaku Matsuda et mère de Ryuhei (Gohatto, Aoi Haru), qui donne vie au magnifique personnage de Kanako...

En VHS au Japon...

[1Eléphant Eléphant - Tu as un long nez - Eh oui, et maman aussi.

- Article paru le mercredi 11 juin 2003

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