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Japon

Hiroshima

aka ひろしま | Japon | 1953 | Un film de Hideo Sekigawa | Avec Yumeji Tsukioka, Eiji Okada, Yoshi Katô, Isuzu Yamada, Yasuaki Takano, Masayuki Tsukida

Professeur dans un lycée d’Hiroshima au début des années 50, Kitagawa découvre que ses élèves sont nombreux à souffrir des séquelles de l’explosion de la bombe atomique. Une d’eux souffre ainsi de leucémie. Honteux de son ignorance, il engage avec eux une discussion sur leur sort. Il constate l’indifférence des autres élèves à leur égard en dépit de leurs souffrances. Flash back : Hiroshima nous transporte le jour avant l’attaque, puis nous fait suivre le chemin de croix des survivants les jours, mois et années suivantes.

Au sein d’un cinéma japonais dominé par les studios, la réalisation de Hideo Sekigawa se singularise en étant un film indépendant produit par le syndicat des enseignants japonais et soutenu par la mairie de la ville martyre. Hiroshima est l’un des tous premières représentations à l’écran du calvaire des victimes de la bombe atomique. Il est réalisé un an après la fin de la période d’occupation américaine pendant laquelle la censure interdisait de parler de cet épisode tabou de la guerre. Le cinéaste et les producteurs veulent informer les Japonais et réveiller les consciences sur les conséquences humaines de l’atomisation de la ville.

Hiroshima fait partie de ces films dont le sujet pose la question de la représentation de l’inimaginable et de l’insoutenable. Hideo Sekigawa a choisi une approche frontale, didactique, dans sa mise en scène de la souffrance endurée par la population. Il s’inscrit en réaction à plusieurs productions japonaises, trop timides dans leur évocation de l’horreur atomique. Ce parti pris réaliste est souligné par sa décision d’intercaler à l’occasion des scènes tirées de documentaires. Le film a aussi fait largement appel à des survivants de l’attaque en tant que figurants.

Certaines scènes de reconstitution des heures et des jours suivant l’explosion sont difficilement soutenables et ont clairement pour but de secouer l’indifférence du spectateur. Dans les ruines de la ville, les survivants hagards, en harde et drainés de leur force vitale par les radiations se trainent à travers les décombres. Qui cherchant ses enfants, quel instituteur regroupant ses élèves pour tenter de les sauver... Leur cornée sans doute brulée par le flash de la détonation nucléaire, certaines victimes marchent les bras tendus en avant, zombies avant l’heure. Cette rencontre entre le réalisme et ce qui pour le spectateur contemporain est associé à une fiction est déstabilisatrice.

Hiroshima pose aussi la question de la possibilité d’un retour à la normale après un tel traumatisme.

Son parti pris anti-américain - les officiers japonais en prenne aussi pour leurs grades - le fera languir dans l’obscurité pendant 60 ans. Il a en outre le malheur de sortir en pleine guerre de Corée, conflit chaud du début de la Guerre Froide. Or Hideo Sekigawa est l’un des employés de la Toho, qui ont fait l’objet d’une purge au début des années 50 pour avoir été communiste ou sympathisant. Hiroshima fait indirectement référence au conflit coréen lorsque l’un des orphelins de l’atome quitte son travail car il fabriquait des obus et crie sa peur d’un nouveau conflit. Or les Américains ont envisagé de faire de nouveau appel à l’arme atomique lors de cette guerre.

Certaines séquences du film seront cependant utilisées par Alain Resnais dans Hiroshima mon amour. Eiji Okada assure la jonction entre les deux films et joue ici le professeur de lycée, Kitagawa.

Hiroshima est disponible en Blu-Ray et en DVD grâce à Carlotta Films.
Remerciements à l’éditeur.

- Article paru le mercredi 12 mai 2021

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