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Hong Kong

Hong Kong Showgirls

aka Hong Kong Show Girls - 鬼剧院之惊青艳女郎 | Hong Kong | 1996 | Un film de Joe Hau Wing-Choi | Avec Veronica Yip Yuk-Hing, Diana Pang Dan, Pauline Chan Bo-Lin, Gordon Lam Ka-Tung, Wu Fung, Teresa Ha Ping, Ng Ga-Fai, Cammy Choi Mei-Laan, Elaine Eca Da Silva

Diana Pang et Veronica Yip dans une relecture du monument anti-érotique de Verhoeven ? Une resucée par proxy de l’univers carcéral à tendances lesbiennes cher au WIP - transfiguré par la vulgarité de Las Vegas aux mains du réalisateur de Robocop, avant même que Les Experts dénaturent le lieu pour l’éternité - où Mystical Breats herself dispenserait des lapdances plus brutaux encore que ceux d’Elizabeth Berkley ? Une union contre nature entre les deux actrices, renvoyant Gina Gershon fricoter avec Jennifer Tilly sans ses paillettes et son strass, le tout à la sauce Category III ? Un peu que je signe les yeux fermés. Pas vous ?

Eh bien pour une fois, c’est peut-être votre retenue circonspecte qui vous honore. Parce que Joe Hau Wing-Choi, pourtant responsable du merveilleux Phantom of Snake sous l’un de ses nombreux pseudos, ne s’est inspiré ni de Verhoeven ni de personne, que Hong Kong Showgirls n’est même pas un Category III, qu’il n’est pas plus vulgaire que lesbien, qu’il ne s’intéresse que peu au crêpage de chignon, qu’il ne comporte aucune scène de sexe douloureuse digne de rivaliser avec l’abandon de Miss Sauvé par le gong, qu’il n’est pas plus un film de prison de femmes undercover qu’un film tout court. Ça, pour reprendre les mots de Monsieur Julien Sévéon, qui est forcément bien placé pour parler, ça m’apprendra à être déviant.

Alors voilà, après cinq ans à faire de l’œil à ce VCD soigneusement préservé sous blister, comme je suis sûr que vous en avez vous aussi des dizaines, je me suis enfin décidé à me laisser décevoir. Et pour le coup, si vous me suivez, je n’ai pas été déçu ! Hong Kong Showgirls conte l’histoire d’une actrice de théâtre – Veronica Yip – qui se retrouve sans scène sur laquelle trainer sa féminité. Ah non, c’est plutôt l’histoire de Joe, metteur en scène prise de tête désireux d’exprimer la géométrie des sentiments humains sur scène, qui ne trouve aucun mécène ou producteur et est sur le point de perdre le bureau où il peaufine ses échecs. A moins que ce soit l’histoire de son second avènement, amené par une rencontre avec un professeur d’antan qui l’encourage à verser dans le commercial plutôt que de renier le théâtre.

Bref, toujours est-il que, fort de la jachère intellectuelle de son assistant, qui se laisse tenter par une journée dans un cinéma porno plutôt que de chercher de nouveaux bureaux, notre Joe se retrouve, faute de mieux, à monter une pièce intitulée Hong Kong Showgirls, aidé de son prof et de sa mère, dans l’enceinte dudit cinéma pour adultes, pendant ses heures de fermeture. Arrivent alors les candidates au casting, et notamment Pang Dan qui se dispute le rôle titre avec Veronica Yip. Qui l’emportera ? Peu importe, puisqu’au bout du compte Hong Kong Showgirls choisit d’être un film de fantômes, le cinéma étant hanté par un spectre malicieux et peu écologique, qui tire la chasse à cinq reprises quand il dépose des amis à la piscine. Et vu qu’on n’arrivait pas à décider du caractère volontaire ou non, du ridicule de Joe en tant qu’artiste conceptuel, ce n’est peut-être pas plus mal.

Comme vous pouvez le voir, Hong Kong Showgirls est un film qui se cherche et qui aurait mérité qu’on ne le trouve pas ; ça se sent d’ailleurs dans la platitude de la mise en scène, expurgée du moindre relief visuel ou sonore pendant la majeure partie du métrage, afin de ne pas prétendre affirmer vouloir courir tel lièvre plutôt qu’un autre. Mais si la plume de Wilson Yip était à l’époque bien légère, Joe Hau ne perd tout de même pas complètement le nord. Car à l’écran parade Diana Pang, rebaptisée « Queen of Balls » pour ses connaissances en jeux de « ballons », nouvelle référence subtile à ses atouts mammaires. L’ex-danseuse de ballet n’a pas vraiment à sa disposition de chorégraphie pour briller, mais qu’importe, elle excelle dans l’abus, cadeau, de son physique merveilleux, toujours généreusement vêtue. Et cabotine avec force second degré, passant de l’aguicheuse à la donzelle terrifiée sans cesse, et surtout sans arrêter de nous offrir grands écarts, fesses moulées et autres levers de jambes, à même de faire pardonner la vacuité terrifiante du métrage. Comme c’est un peu pour elle qu’on s’était installé, tout n’est pas perdu. Sauf peut-être notre innocence.

Il n’y a pas meilleure façon de perdre son temps devant Hong Kong Showgirls qu’en le subissant en VCD HK bas de gamme (merci Universe !).

- Article paru le dimanche 22 novembre 2009

signé Akatomy

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