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Hong Kong

Il était une fois en Chine

aka 黃飛鴻 - Once Upon a Time in China | Hong Kong | 1991 | Un film de Tsui Hark | Avec Jet Li, Rosamund Kwan, Jacky Cheung, Yen Shi Kwan, Yuen Biao, Jonathan Isgar, Kent Cheng

La sortie pour la première fois en Blu-ray d’un film que l’on a apprécié fournit une incitation supplémentaire à le revoir. Certains films – Du rififi chez les hommes de Jules Dassin étant le dernier exemple récent - n’ont sans doute jamais été vus dans d’aussi bonnes conditions, même au jour de leur sortie au cinéma. Nous connaissons depuis longtemps le peu de préoccupation des Hongkongais pour la conservation de leurs films. Et comme il était à craindre, le Blu-ray d’Il était une fois en Chine n’est clairement pas à la hauteur des capacités du support. Je-m’en-foutisme ou pingrerie de l’éditeur, je n’ai pas la réponse. Mais là n’est pas l’essentiel, la qualité d’une copie ne fait pas celle d’un film.

En 1875, la Chine est confrontée à une double invasion : elle est gouvernée par une dynastie d’origine mandchoue et les puissances occidentales ont forcé le pays à s’ouvrir pour profiter de ses débouchés commerciaux. Wong Fei-hung, représentant de l’élite de la Chine traditionnelle en ses qualités de spécialiste du Kung Fu et de médecin, ne sait pas quelle attitude adopter par rapport à l’occident. Il constate d’un côté les avancées scientifiques occidentales dont ses amis, Tante Yee et Su le bègue, ont été les témoins, et de l’autre le comportement méprisant et brutal des occidentaux présents en Chine. Leur soldatesque a la gâchette facile. Pour paraphraser une citation attribuée à tort au général Custer en utilisant le vocabulaire de Tintin, il semble qu’un bon chink, soit un chink mort. En son absence, le chef de la flotte a confié à Wong Fei-hung la direction de la milice chargée de protéger la population, mais les querelles entre la milice et des criminels sèment le chaos dans la ville.

Le caractère caricatural et raciste des personnages occidentaux, en particulier les Américains, était l’un des souvenirs les prégnants de ma précédente vision du film. A la revoyure, le tableau global est finalement bien plus équilibré. De par son comportement exemplaire, le prêtre efface en effet une grande partie des fautes des étrangers, tandis que certains chinois sont dépeints sous des atours peu flatteurs par Tsui Hark. Il convient aussi de prendre en compte les amis de Wong Fei-hung qui sont les ambassadeurs des progrès technologiques de l’occident. Tante Yee, jouée par la très charmante Rosamund Kwan, rapporte ainsi de son séjour de deux ans à l’étranger un appareil photo. Quel meilleur exemple pouvait choisir Tsui Hark que l’ancêtre de la caméra, lui qui la manie avec autant de brio ?

Un appareil que le réalisateur a d’ailleurs appris à utiliser au pays de l’Oncle Sam où il a fait ses études cinématographiques. Hollywood s’inspirera des trouvailles du cinéma d’action de la nouvelle vague hongkongaise, dont il est l’un des réalisateurs phares. La boucle est bouclée.

Ce choc des civilisations, pour reprendre une expression à la mode il y a quelques années, est aussi une rencontre au sommet. Il était une fois en Chine marque la deuxième collaboration entre Tsui Hark et Jet Li en qui il trouve un artiste martial à la hauteur de son imagination. Le premier est aussi agile avec sa caméra et au montage que le second avec son corps. Nous sommes en 1991 et le cinéma de la future ex-colonie britannique connaît alors une période particulièrement fertile. Elle est sans doute la plus imaginative en termes de cascades, mot dans lequel j’inclue aussi bien les prouesses physiques que martiales des acteurs, depuis les grandes heures du cinéma muet. L’inventivité de Tsui Hark et les qualités martiales de Jet Li font que les combats du film, et en particulier celui sur des échelles dans l’entrepôt, restent toujours aussi impressionnants.

L’apport de Yen Shi Kwan, le maître du Kung Fu de l’habit de fer, ne doit pas non plus être sous-estimé. Son premier affrontement à la lumière d’un bûcher donne à mon sens un avant-goût de The Blade, qui sortira quatre années plus tard. Le montage épileptique n’est pas présent, mais le combat est féroce et Tsui Hark crée une atmosphère crépusculaire. La séquence se clôt d’ailleurs sur le plan du sabre, non pas brisé, mais abandonné du perdant.

Si l’arrière-plan historique dans lequel s’inscrit le film est sérieux, Il était une fois en Chine contient également son lot de scènes de comédie. Tsui Hark et les responsables des combats fournissent notamment une nouvelle illustration de l’adage selon lequel, tout est bon dans le cochon. Ici, même le jambonneau pour la baston.

Il était une fois en Chine est sorti en France chez HK vidéo en même temps que les deux films suivants de la série. Il est aussi disponible en DVD et en Blu-Ray dans de nombreux autres pays.

- Article paru le mercredi 26 février 2014

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