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Hong Kong

Kidnap

Hong Kong | 1974 | Un film de Cheng Kang | Chorégraphies de Ching Siu Tung | Avec Lo Lieh, Feng Mei Cheng, Woo Gam (Hu Chin), Tung Lin, Lau Ng Kei, Lam Wau Tiu, Yeung Chi Hing, Li Min Lang, Cheng Miu, Wong Hap

Kidnappings... split screens... et Lo Lieh !!

Ting Hsiao-Chiang est un joueur invétéré qui passe son temps à perdre, perdre et reperdre.

Niu Ta-Kang est routier au sang chaud (Sancho !!) qui ne pense qu’à envoyer tout son argent à sa mère restée sur le continent.

Chao Hai-Chuan est maquilleur pour le cinéma, et pour subvenir aux besoins de sa famille il l’est aussi pour une boite de stripteases. Il maquille nichons et vagins comme personne, et est passé maître dans l’art de coller des poils pubiens (que c’est des poils qu’étaient pas trop mal avant et que maintenant ils sont plusbiens !!).

Lung Wei, ancien soldat, est pompiste aux ordres d’un fils à papa, prétentieux à en vouloir le frapper.

Tous, je dis bien tous, désirent voir leur vie prendre un virage à 182°. Aussi quand Lung Wei est une fois de plus humilié par son boss, devant Chin Chueh sa girlfriend, son sang ne fait qu’un tour et sa décision est prise : sa vie doit changer, sa vie va changer !!

"Ils n’avaient pas de casiers judiciaires, et n’étaient pas des criminels, c’étaient juste des hommes ordinaires."

Se croyant prêts et surtout avoir tout prévu, les quatre acolytes kidnappent Wang Fu-Chiu, le patron et "tortionnaire" de Lung Wei, dans l’espoir que le père de celui-ci leur délivre une rançon en échange. Mais nos quatre amis avaient sous-estimé leur victime, qui a tout de suite reconnu son pompiste rancunier Lung Wei. Ce dernier est de nouveau mis à mal par Wang. Excédé et humilié pour la dernière fois, Lung Wei tue son ancien patron. Gardant toutefois la tête froide, Lung Wei coupe une des oreilles de Wang et décide de l’envoyer à son père en demandant la rançon... Maintenant ce ne sont plus seulement des kidnappeurs, mais aussi des meurtriers.

L’un des rares polars produit par la toute puissante Shaw Brothers, Kidnap est littéralement un chef d’œuvre, ni plus ni moins. Sa réalisation d’une modernité jouissive ; mais aussi son casting de choix font de ce film un must parmi les must.

Intéressons-nous d’abord à la narration digne d’un Fukasaku de bonne facture. Brochures de journaux, musiques au ton grave, voix-off et images arrêtées sont au rendez-vous pour permettre la pirouette narrative du flashback. Les présentations des quatre personnages ainsi que les scènes dites d’action sont en split screens [1] et ça moi j’adore. Mais ce qui est plus intéressant que tout, c’est le trajet voire l’évolution des personnages au milieu de tous ces rebondissements.

Prenons par exemple le rôle de Lung Wei, tenu par Lo Lieh. Dès les premières minutes Lung Wei est soumis aux railleries de son patron mais plus grave que cela, à celles de Chin Chueh. C’est d’ailleurs cette situation qui va définitivement le convaincre de commettre l’irréparable. Dès lors l’ancien soldat s’érige en instigateur d’un kidnapping. La victime meurt, Lung Wei devient le leader indiscuté d’un groupe de malfaiteurs. Cette position asseyant son assurance et surtout sa confiance en lui, il va faire de Chin Chueh sa maîtresse. Son comportement change bien évidemment aussi face à ses collègues. Ting le joueur ne supporte plus cette sévérité et sera le premier à craquer. Pourtant une chose reste étonnante, c’est le manque de remise en question de chacun. En effet, aucun des kidnappeurs ne va se poser de question sur ce qu’il est en train de faire, ou plutôt de devenir. A croire que n’importe quelle situation - même illégale - prévaut sur leur situation d’avant... C’est peut-être pour cela que les personnages deviennent attachants.

Kidnap est aussi une affaire de casting. Pour tenir le rôle de Lung Wei, on a le droit à un Lo Lieh au zénith de sa carrière et très très très en forme. Acteur mythique, devenu une légende de son vivant, Lo Lieh marque Kidnap par son jeu mêlé de contenance, de séduction et de... de talent ! L’homme qui tournait plus de 15 films par an dans les années 70, nous a quitté en Novembre 2000 après être apparu pour la dernière fois dans Glass Tears de Lai Miu-Suet.

A son bras la pétillante Woo Gam, ou plutôt Hu Chin de son nom mandarin. Le demoiselle au grain de beauté placé sous la lèvre inférieure, frôle le jeu dit de l’enclume, si cher à Sophie Marceau. Mais heureusement son rôle est excellemment bien écrit et elle s’en sort avec les honneurs. A noter qu’elle retrouvera Chen Kang, devenu acteur pour l’occasion, dans The House of the 72 Tenants.

Une mention toute spéciale à Feng Mei Cheng, le maquilleur de stripteaseuses, qui constitue le véritable morceau de choix au sein d’un film fou fou fou !! Pour vous rendre compte du talent du bonhomme (certes souvent cantonné à des seconds rôles) je vous conseille Killer Clans, le très bon Water Margin ou encore le Intimate Confessions of a Chinese Courtesan de Chu Yuan.

Comment ne pas parler du réalisateur Chen Kang, qui de la véritable exécution de trois malfaiteurs a su tirer un film impressionnant dans sa première moitié et poignant dans sa deuxième partie. Chen Kang qui tient d’ailleurs le rôle du prêtre confesseur dans son film, n’en est pas à son coup d’essai en tant qu’acteur, puisqu’il est apparu donc dans The House of 72 Tenants ainsi que dans The Tea House.

Qu’ajouter de plus, si ce n’est que Chen Kang est tellement inspiré derrière sa caméra qu’il aurait mérité cent fois de tourner des giallos avec Edwige Fenech et Luc Miranda mais là je m’égare encore.

Kidnap est un tout. C’est un polar, un huis clos, un drame, un film sur l’Amour... Un chef d’œuvre qui est à mettre à l’actif du réalisateur, du scénariste, et des acteurs.

DVD HK (zone 3) édité par Celestial Pictures dans le cadre de la collection Shaw Brothers.
Comme de coutume chez Celestial, le film est remasterisé de folie comme il se doit, et est présenté au format d’origine 2.35:1 (Vive le Shaw Scope de p...ute !!).
Au niveau du son, le mono gonflé en 5.1 frôle l’inexistence tant les effets arrières n’existent pas, ce qui équivaut la plupart du temps à un souffle long et langoureux... Le film est proposé en cantonais (langue d’origine) et en mandarin. Les sous-titres présents sont chinois, anglais, indonésien et malais.

Suppléments... hum... pas grand chose. Photos (captures d’écran) et affiche originale, quelques notes de productions, des bios et des filmographies sélectives et pour finir des bandes annonces en veux-tu en voilà. Dans l’ordre celles de Kidnap d’époque et d’aujourd’hui. Mais sont aussi présentes sur le DVD les bandes annonces de Hong-Kong Playboy, Till the End if Time, The Bride Napping et The Anonymous Heroes.

[1L’écran est scindé en plusieurs écrans. Cela nous permet de suivre plusieurs histoires en même temps comme dans Timecode de Mike Figgis, ou de suivre la même scène sous plusieurs angles, ou plusieurs moments d’une même action comme dans The Thomas Crown Affair de Norman Jewison.

- Article paru le samedi 19 juillet 2003

signé Takeuchi

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