Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

Nowhere to Hide

aka Sur la trace du serpent | Corée du Sud - 1999 | Un film de Lee Myeong-Se | Avec Ahn Seong-Gi, Park Jung-Hun, Jang Dong-Geon

Depuis la fin d’une censure omniprésente en 1997, le cinéma sud-coréen connaît une véritable explosion - du moins de l’autre côté du globe. Après l’incroyable succès de Shiri face à Titanic au box-office local, Nowhere to Hide est la preuve vivante (car on peut vraiment parler de cinéma vivant en ce qui concerne ce magnifique objet purement cinématographique) que le cinéma coréen se porte bien. Bien sûr, avant que le public occidental lui reconnaisse une véritable légitimité, il faudra sans doute attendre encore un bon moment. Pour preuve, la bombe de Lee Myeong-Se a eu beau rafler trois prix majeurs lors de l’édition 2000 du Festival Panasia de Deauville, il aura fallu attendre près de treize mois avant que le film ne connaisse une exploitation des plus discrètes sur le territoire français - et un échec public inversement proportionnel au nombre d’écrans attribués, cela va sans dire (visiblement, le même sort semble malheureusement attendre le très estimé Joint Security Area, que l’on attend impatiemment de vous présenter).

Certes, Nowhere to Hide est un objet particulièrement difficile à appréhender pour le public occidental : narration explosée, changements de rythmes incessants, et bien sûr la barrière de la langue : autant d’éléments qui rendent Nowhere to Hide extrêmement difficile à aborder pour un public déçu de ne pas voir les deux Patlabor de Mamoru Oshii se centrer sur des combats de mechas...

Après un générique survitaminé présentant les exploits aberrants d’une poignée de flics coréens peu conventionnels, le spectateur assiste à une exécution au sabre accompagnée par le magnifique "Holiday" des Bee-Gees (si, je vous assure, c’est magnifique). L’inspecteur Woo (Park Jung-Hun) et son équipe sont mis en charge de l’affaire, qui va opposer, pendant plusieurs mois, Woo au glissant Chang Seong-Min...
Si la vision de Nowhere to Hide déroute autant ceux qui ont eu le mérite d’aller le voir en salles, ce n’est sans doute pas à cause des effets de réalisation très travaillés de Lee Myeong-Se. Si la comparaison avec les Patlabor me paraît être pertinente, c’est parce que, comme c’est le cas dans ces deux films, le spectateur occidental est incapable, lors d’une première vision dont il se contente bien trop souvent, de porter son attention sur la véritable histoire du film. Alors que chacun s’attend soit à un film d’action, soit à un film policier, le film hésite entre les deux pour s’inscrire dans un drame social aux accents visuels néanmoins très poussés. Ainsi, le rythme du film, qui oscille entre temps morts et scènes d’actions exacerbées à intervalles réguliers, sert à entraîner le spectateur vers le cœur même du propos : à savoir la véritable motivation derrière le duel qui oppose un criminel hors-pair et un flic acharné. Car, comme le signifiait si bien le titre anglophone du film (le titre français, Sur la trace du Serpent, ne faisant qu’accentuer la méprise du public), Nowhere to Hide est avant tout un film qui s’efforce de dépeindre, de façon incroyablement novatrice, l’acharnement d’un homme dans son travail, qu’il effectue presque sans réfléchir, de manière cognitive et le plus souvent bestiale. En cela, le personnage joué par l’impressionnant Park Jung-Hun se rapproche, l’humour (involontaire) en plus, de Fuse, le héros de Jin-Roh, dans son incapacité à se soustraire à un ensemble de règles qui dictent son comportement. La seule différence, c’est que dans le cas de Fuse, ces règles résultent d’un conditionnement sociologique, alors que, dans le cas de Woo, elles sont la conséquence d’une série de choix personnels. A la fois drôle et pathétique, spectaculaire et intimiste, Nowhere to Hide constitue sans aucun doute l’une des expériences les plus étonnantes qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. N’en déplaise à ceux qui l’auront réduit à un remake de l’Inspecteur Labavure, et son héros à un simple " Coluche Coréen "...

- Article paru le mardi 29 mai 2001

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