Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Inde

Padaiyappa

aka Padayappa | Inde | 1999 | Un film de K.S. Ravikumar | Musique de A.R. Rahman | Avec Rajnikanth, Sivaji Ganeshan, Ramya Krishnan, Soundarya, Lakshmi, Sitara, Radha Ravi, Nasir, Manivannan, Senthil, Abbas, Prita, Anu Mohan, N.S. Ramesh Kanna, Vadivukkasari, Sathyapriya, Mansour Ali Khan, Prakashraj, Vasu Vikram, Rajeshkumar, Vijayasarathi, Lavanya, Anitha

Rajni, Tamil dans l’mille !

Suite à un malheureux accident survenu deux générations auparavant, Sivaji, l’actuel chef du village, proclame à qui veut l’entendre que dorénavant aucun mariage ne se fera sans le consentement de la mariée... Padaiyappa, fils prodige de Sivaji vivant et travaillant en ville, rend visite à sa famille. A peine arrivé, Padaiyappa se retrouve face à Nilambari, jeune pimbêche gâtée pourrie par papa-maman ; elle le veut, et personne ne peut lui retirer cette idée de la tête. Seulement, Padaiyappa ne l’entend pas de cette oreille et lui préfère Vasundhara, jeune servante travaillant pour la famille de Nilambari...

...bien évidemment, ce n’est que le début d’une longue (looooooongue !) histoire, mêlant univers soap, drame familial, comédie, actionner, j’en passe et des meilleurs. Près de deux ans et demi après l’agréablement traumatisante vision du cultissime Muthu (cf. la magnifique déclaration d’amour conceptuelle signée J-Me), vaudeville névropathe qui fit connaître à bon nombre de français l’existence de l’unique Super Star mondiale, Rajnikanth, j’entreprends donc celle de Padaiyappa, film estampillé "Kollywood" (Inde du Sud) -et non "Bollywood"- tourné en Tamil [1].

...je dois vous avouer que mes connaissances en matière de cinéma Tamil se comptent sur les doigts d’une moufle ; l’omniprésent Muthu donc, et l’excellentissime Dhil, première pub pour du shampooing estampillée Cat III. Quatre ans après Muthu, Padaiyappa met à nouveau en scène Rajnikanth, qui va pouvoir s’en donner à cœur joie dans le noble et difficile art de "j’me la pète grave en faisant des clins d’œil et des bruits de dingue avec tout ce qui me passe sous la main". Fan de bluettes, fans de films d’arts martiaux, fans de comédies musicales, fans de soap-operas, fans de Séverine Ferrer... non, bon bref, Padaiyappa risque de réconcilier les bourrins et les romantiques pendant près de trois heures, tant il passe d’un genre à l’autre sans se soucier d’une quelconque cohérence scénaristique ; d’ailleurs, fait assez étrange pour être signalé, Padaiyappa s’appesantit sur certaines séquences qui peuvent sembler "scénaristiquement" de moindre importance que d’autres, pourtant réduites à l’état d’ellipses (pour ne pas dire "raccourcis scénaristiques")... Mais bon, inutile de s’arrêter à ce type de détails, autrement la vision d’un film tel que celui-ci pourrait vite se transformer en une longue liste de griefs à l’égard du réalisateur, de la script, et pourquoi pas, des comédiens ?! Ce qui est sympa avec les films Tamils, c’est qu’on a l’impression de revenir au cinéma français de la première moitié du XXème siècle. Je m’explique ; la plupart des comédiens ont des pseudos, voir juste un patronyme, un peu comme Raimu, Fernandel, Noël Noël, Relys... ok je m’éloigne du sujet ! Le principal nœud dramatique de l’histoire est la vengeance d’une femme amoureuse ; femme pugnace qui pendant dix-huit ans va attendre le moment propice pour faire éclater son courroux fait de jalousie et d’un amour devenu haine.

Padaiyappa a tous les ingrédients qui en font un véritable film populaire, stricto sensu ; l’amour doit triompher, et les méchants doivent être punis. Fable anti-matérialiste, métaphore sur la société consumériste et ses dérives (limite réac parfois... enfin, c’est ce que l’on croit pendant un moment), autant qu’un conte sur la place de la femme, ou encore sur l’importance de la famille, le tout empreint d’une naïveté bien trop sincère pour être préfabriquée (l’image de la femme et du serpent... gloups ! vive l’évolution !), baignant dans une saga familiale détruite à petit feu par des luttes fratricides sans fins... Oui, Padaiyappa est un drame, et bien que très souvent désamorcé par l’aspect comique troupier de certaines situations, il se dégage du film de K.S. Ravikumar un sentiment beaucoup plus mitigé que dans Muthu -pour revenir une fois de plus à ce mètre-étalon- qui affichait plus clairement son côté vaudeville bordélique et jouissif ; ici, on rie, mais jusqu’au bout, la relativité du "pardon" est mise à rude épreuve, sans compter l’aspect quasiment "outrancièrement sexuel" de certaines séquences (beaucoup moins "imagées" que dans Muthu).

...il n’empêche que Padaiyappa est quand même un spectacle dont les tenants et aboutissants sont à des années lumières de notre cinéma occidental, beaucoup plus cynique (moins naïf, diront certains) ; ainsi, les moments de pur bonheur cinématographique sont légions ! Cascades de psychopathes (la poursuite en voitures !!!), la danse hissée ici à l’art du langage (ou comment faire passer des idées et sentiments par ce biais), la portée des couleurs et de leur utilisation, mais aussi certains aspects plus subjectifs, tels les canons de beauté, beaucoup plus abordables -disons en d’autres termes, qu’une jeune fille rêvant devant les actrices du film ne risque pas de devenir anorexique...- et charmant qu’une Kelly Sacdoss, ou Tracy Maigrichonne, de la synthèse de ouf (pas loin de Green Snake  !), et des séquences dans lesquelles Rajni Superstar nous fait don de son génie d’acteur (notamment lors d’une scène anthologique où saoul, il se prend pour Micheline Dax avant de danser en recréant une gravité inconnue), et de maître es arts martiaux (technique bide et p’tits bras)...

"Vous avez la police, moi j’ai le peuple derrière moi !" ; bref, de la tragédie au WWG (Women with Gun), en passant par la comédie et le pamphlet libertaire farouchement opposé à l’injustice, Padaiyappa n’est finalement ni plus ni moins qu’un film d’Amour qui élève ce sentiment à celui de cause révolutionnaire... mais c’est surtout grave le bonheur !

DVD (Inde/UK -réservé au marché international) | Ayngaran | NTSC - All Zone | Format : 1:2:35 - 16/9 | Images : Un pressage plus qu’honorable -contrairement au master- aux couleurs chatoyantes. | Son : Un 5.1 surfait, voire caverneux lors de certains passages...mais ça pète à mort alors on s’en fout et c’est le bonheur ! | Suppléments : nada.

Ce DVD comporte des sous-titres anglais optionnels.

[1Ou Tamoul ; langue dravidienne parlée principalement en Inde (Etat du Tamil Nadu) et au Sri Lanka.

- Article paru le samedi 12 février 2005

signé Kuro

Japon

L’Amant

Japon

Satomi Hakkenden

Japon

Electric Dragon 80 000 V

Japon

Onmyouji

Japon

World Apartment Horror

Japon

Le Village aux Huit Tombes

articles récents

Japon

Dernier caprice

Japon

Fleur pâle

Japon

Godzilla Minus One

Japon

Tuer

Japon

L’Innocence

Japon

Récit d’un propriétaire