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Japon | Animation

Professeur Layton et la Diva éternelle

aka Professor Layton and the Eternal Diva - レイトン教授と永遠の歌姫 - Reiton-kyōju to Eien no Utahime | Japon | 2009 | Un film de Masakazu Hashimoto | Avec les voix de Yo Oizumi, Maki Horikita, Saki Aibu, Nana Mizuki, Atsuro Watabe, Houchu Ohtsuka, Iemasa Kayumi, Fumiko Orisaka, Sumire Morohoshi

Le professeur Hershel Layton, spécialiste es-archéologie et énigmes en tous genres, reçoit de la part de l’une de ses anciennes élèves devenue cantatrice, Janice Quatlane, une étrange missive, lui rapportant le retour de l’une de ses amies, Melina Whistler, décédée un an plus tôt, sous les traits d’une fillette de sept ans persuadée de jouir de la vie éternelle. C’est pourquoi l’artiste invite Layton et son second assistant Luke Triton – le jeune homme préfère l’appellation disciple – à la représentation de The Eternal Diva, une composition du père de la défunte, Oswald Whistler, qui se joue dans le prestigieux opéra Crown Petone. L’opéra, bien qu’entièrement joué sur la singulière machine orchestre de Whistler, le Detragan, n’enchante guère que Layton et Luke, l’assemblée lui préférant l’acte qui lui succède et dont nos héros seuls n’avaient connaissance : un jeu d’énigmes qui vise à offrir la vie éternelle au vainqueur, la mort à tous les autres. Rapidement, le nombre de participants diminue, et Layton doit mettre ses capacités déductives au service de la résolution de ce mystère, hérité des légendes de la terre disparue d’Ambrosia…

Est-il encore nécessaire de présenter le personnage créé par Akihiro Hino, qui s’est imposé, depuis la sortie de Professeur Layton et l’étrange village, sur les consoles portables de millions de joueurs de par le monde ? Sherlock Homes aux traits aculturels, ce gentleman, flanqué de son fidèle disciple, est le vecteur d’énigmes variées, qui font appel aussi bien à des réflexions mathématiques qu’à l’attention du joueur à la lecture d’énoncés manipulateurs. Un concept de jeu affranchi de tout besoin narratif, que Hino, prenant notamment appui sur la série des Phoenix Wright (comme l’illustre régulièrement le doigt accusateur de Layon), a réussi à emballer dans un package enchanteur. En effet, si les énigmes que résout le joueur n’ont aucun rapport avec la trame de chacun des jeux de la série, celles-ci sont distribuées par des protagonistes hauts en couleurs et, à défaut d’exposer leur intrigue, permettent d’en débloquer l’avancement. Le soin dispensable apporté à cet enrobage, notamment au travers de scènes animées, fait la force de l’univers en dépit de son caractère artificiel. Et si les cut scenes des jeux appelaient en toute logique une déclinaison au cinéma, que reste-t-il au spectateur, une fois privé de toute pseudo-implication dans sa narration ?

Par essence, Professeur Layton et la Diva éternelle - qui situe son histoire après le quatrième jeu (qui n’a pas encore quitté le Japon), mais en amont des trois premiers, aux prémices de la collaboration de Layton et Triton - ne peut faire appel à l’intellect et se recentre donc sur l’affect qui a assuré le succès de la série. Le film de Masakazu Hashimoto assure ainsi les retrouvailles avec des personnages clés des jeux, tout en conservant le penchant du professeur d’archéologie pour les torsions d’esprit. Si les premières énigmes mises en scène dans le film laissent au spectateur une possibilité de participation, cette Diva éternelle expose rapidement le rouage factice au cœur de chacun des opus vidéoludiques : la résolution de l’intrigue, improbable, l’exclut complètement, et se joue uniquement dans l’esprit pour le moins ouvert de Layton. Le fantastique l’emporte allègrement sur la logique, et le film nous embarque dans son tourbillon imaginaire, fort en transferts de mémoires, architectures impossibles et autres machines rétro-futuristes, sans que nous puissions y prendre part.

Au service de cet imaginaire débridé, Professeur Layton et la Diva éternelle mélange animation traditionnelle et objets en 3D de façon inégale. Les décors sont superbes et on aimerait pouvoir y promener notre stylet pour déceler quelque énigme ou « pièce SOS » cachées, mais le film nous laisse rarement le temps de l’observation, préférant assurer sa course effrénée vers la conclusion de l’affaire. Les intégrations en 3D y sont par contre étrangement simples, réduites à autant de volumes de base sur lesquels sont plaquées des textures 2D, et participent d’une approche à double vitesse que l’on retrouve dans le character design, au confluent d’une multitude de styles ; certains personnages, simplistes voire laids, étant à la limite du cohérent dans cet univers foisonnant.

Intrigue abracadabrante et exclusive, design inégal et narration survitaminée ; autant de points qui pourraient laisser penser que le film est, in fine, un échec. Pourtant, bien qu’on eut aimé que le rythme soit plus posé, que son crescendo soit plus mesuré, Professeur Layton et la Diva éternelle séduit avec les mêmes atouts et lacunes, tous assumés, que les jeux avant lui - et notamment grâce à une réorchestration sublime des thèmes musicaux de ces derniers, qui porte l’aventure sur ses épaules. Et puis il y a ce professeur, merveille de design économique et universel, en parfaite opposition avec la complexité de l’imaginaire qui l’entoure, qui possède décidément le charisme irrésistible des vrais gentlemen : ceux-là même qui savent se faire tout pardonner. Une véritable figure culturelle, qui fait passer la pilule d’un divertissement inégal, mais tout de même globalement enchanteur, que l’on se plait donc à excuser ; entérinant de fait l’univers de jeu et d’histoires, dont Layton est autant le garant que le fabuleux prétexte.

Professeur Layton et la Diva éternelle est disponible en France en DVD et Blu-ray chez Kazé, ainsi que dans un luxueux coffret collector (Blu-ray + DVD + storyboard de 600 pages).

- Article paru le mercredi 6 avril 2011

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