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Japon

Ring 2

aka Ringu 2 | Japon | 1999 | Un film de Hideo Nakata | Avec Miki Nakatani, Kyoko Fukada, Yuko Takeuchi, Nanako Matsushima, Hiroyuki Sanada

Dans le merveilleux monde du cinématographe, ultime art manifeste de notre époque face à la suprématie des capitaux financiers, tout succès d’estime appelle immanquablement une suite afin de préciser le message initié dans le premier épisode. Autrement dit, quand il y a encore des thunes à se faire sur le dos des bovidés qui remplissent nos salles, pourquoi ne pas les gaver à nouveau de pop-corn cuit dans la graisse animale encore tiède du premier opus, selon la dernière théorie économique établie par la confrérie Wayans ?

Fort heureusement, toutes les suites ne suivent pas ce schéma, et même si Ring 2 a été produit, ne nous leurrons pas, dans le but d’attirer encore plus de spectateurs que Ring, il n’en reste pas moins un bon film qui complète à merveille son prédécesseur.

Petit rappel sur la chronologie de Ring, histoire de s’y retrouver un peu. Koji Suzuki, écrivain nippon de son état, a écrit quatre romans dans les années 90 : Ring, Rasen, Loop et Birthday. Le premier volume, Ring, a tout d’abord été adapté à la télévision en 1995, sous la forme d’un téléfilm qui a cartonné au Japon. Les producteurs de ce téléfilm, forts de leur succès, ont mis en chantier une adaptation au cinéma, avec l’idée originale de vouloir sortir le même jour une adaptation de Ring et une de Rasen ; de ce fait, deux équipes ont travaillé sur le projet : Hideo Nakata a écrit et réalisé Ring tandis que Jouji Iida, qui avait participé à l’écriture du scénario du téléfilm, s’est chargé de Rasen, sorti au cinéma sous le nom de Spiral. Les deux films sont sortis le 31 janvier 1998 et ont bien évidemment cartonné, mais l’ensemble manquait de cohérence, du fait des deux traitements différents qu’avaient voulu présenter Nakata et Iida. Hideo Nakata a donc écrit et réalisé la suite de son film, à savoir Ring 2, sorti en janvier 1999, qui n’avait alors que des liens éloignés avec Rasen, le roman. Voilà pourquoi il existe deux suites distinctes de Ring au cinéma. (Suite de cette chronologie tordue dans la critique prochaine de Ring 0 : Birthday.)

Ring 2 pourrait donc se définir comme le complément explicatif de Ring selon Nakata. Dans le premier épisode, tout était basé sur le mystère, le suspense et la peur ; Ring était un film d’horreur, de frayeur, et sa construction servait ces émotions. Ring 2 se place davantage dans une optique de description de l’histoire ; on en apprend enfin plus sur Sadako, sur son enfance et sur le pourquoi de la malédiction liée à la K7 vidéo. Attention toutefois, les explications ne sont pas très claires (autant dire que Ring 2 à trois heures du matin, ça peut faire peur comme ça peut faire dormir...), et c’est d’ailleurs un des points faibles du film. Trop teinté de mysticisme, il gagne en atmosphère mais perd en limpidité, surtout sur la fin.

On retrouve toujours quelques séquences effrayantes, servies à merveille une fois de plus par le travail sonore de Kenji Kawaï, même si celles-ci sont en dessous du premier épisode ; peut-être est-ce mieux ainsi lorsque je repense au traumatisme que laisse la scène finale de Ring. Ce traumatisme est d’ailleurs l’une des clés nécessaires à l’appréciation de Ring 2 : Nakata joue avec le spectateur, et plutôt que de succomber à la tentation des bonnes recettes du premier, il préfère provoquer le spectateur. Tout au long du film, il dissémine des signes qui nous laissent croire que nous allons croiser Sadako, car c’est ce que l’on redoute (et ce que l’on cherche, il faut bien l’avouer). Le spectateur porte alors toute son attention à recevoir ses signes, par instinct, de façon à être préparé à cette nouvelle rencontre, à la prévoir, pour contrôler ses effets ; contrôler sa peur. Il vous faudra voir Ring 2 pour savoir si vous en êtes capable et si vous pouvez vivre désormais avec cette terrible impression d’apercevoir Sadako dans le reflet de votre écran...

Ring 2 est disponible en DVD zone 2 japonais (sans sous-titres), mais aussi en DVD et VCD taïwanais (toujours sans sous-titres) et en VCD HK sous-titré. Enfin et surtout, il est disponible en zone 2 UK chez Tartan, dans une édition au format mais non anamorphique, aussi belle que celle du premier opus.

- Article paru le vendredi 2 novembre 2001

signé J-Me

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