Tank Girl
Water is life. Water is power.
20..., euh, 21... Eh ! Mais en fait, on s’en fout de l’année. L’important c’est que suite à une catastrophe planétaire de grande envergure, l’eau est devenue la denrée la plus rare et donc chère. Et le marché de l’eau ainsi que le contrôle des sources, sont actuellement détenus par la toute puissante mégacorporation W&P, Water and Power, dirigée par le machiavélique Kesslee. Heureusement un village d’irréductibles gaulois... heu non ! Quelques communautés d’anarchistes refusent de se plier à ce dictat de marché, et puisent eux-mêmes leur eau dans des sources illégales. Rebecca est de ces jeunes gens anarchistes qui prefèrent vivre en liberté plutôt que sous le contrôle de W&P. Ce qui lui vaut de voir ses amis et son fiancé tués par la milice du consortium. Et elle, elle est arrêtée et mise aux travaux forcés... et ce ne sont que les premières minutes du film. Car Tank Girl est un film irracontable.
A la base nous avons une bande dessinée de Hewlett et Martin. Une bande dessinée américaine bien loin des stéréotypes du comics. Bières (quand il n’y a pas d’eau, on boit quoi d’après vous ?), sexe, phrases assassines et incongrues sont les ingrédients magiques de Tank Girl. Devenue culte en un temps record, Tank Girl ne pouvait que s’attirer les joies d’une adaptation cinématographique.
Et c’est la très méconnue Rachel Talalay qui hérita du gros lot. Pourtant coupable du ratage du dernier Freddy, Freddy’s Dead : The Final Nightmare, R. Talalay réussit ici un tour de force qui mérite le respect et l’admiration la plus totale : adapter la BD sans en perdre l’esprit (épaulée qu’elle fut par Hewlett et Martin sur le scénario, bien heureusement).
Pièce centrale de la BD, personnage vénéré par des milliers de gens à travers le monde, Rebecca alias Tank Girl est à elle seule une réussite totale. Car son côté allumée et dangereuse est complètement assumé et pris en compte par l’actrice Lori Petty (Point Break, mais aussi Sauvez Willy), qui n’hésite pas à donner de sa personne pour incarner la furieuse héroïne : tête rasée aux trois quarts, cheveux colorés, habits punk, attitude masculine, etc... ainsi que le petit plus cadeau, à savoir une facilitée déconcertante à sortir les phrases les plus cultes possibles sans perdre sa crédibilité (’phrases cultes’ : terme de fans de ciné Bis ou Z pour désigner les phrases décalées, nulles, non sensiques et tout ce que vous coulez d’autres). A ses côtés nous retrouvons la galerie la plus déjantée possible afin de coller à la BD. Air Tank, interprétée par Naomi Watts (Mulholland Drive), mais aussi le grandissime Malcom McDowell qui n’en finit plus de tourner des films décalés (il jouera la même année dans le film Fist of the North Star, soit l’adaptation rigolote de Ken Le Survivant).
The Rippers are a demonic army of blood-thirsty, human-eating, purse-snatching, mutant creatures.
Mais deux choses restent encore plus hallucinantes ! Tout d’abord les Rippers. Mais si rappelez-vous de la BD, ce gang de kangourous mutants, dont Booga l’amoureux de Tank Girl, fait partie. Et bien dans le film ils sont tout aussi cons ! Surtout quand on sait qu’un d’entre eux est un caniche changé en kangourou. ^_^ Bêtes sanguinaires, assoiffées de massacres et pillages, les Rippers n’en oublient néanmoins jamais de danser en rond au son d’une musique naze, ni de faire des soirées "des crêpes et du thé©®" (NDR : à essayer avec vos amis, recette testée et approuvée, en cas de besoin ou allergies diverses remplacez le thé par de la bière).
Ensuite à l’image des Rippers, la réalisation est tout bonnement grandiose et pleine à craquer d’idées, remplaçant le manque évident de moyens : passages en dessins fixes quand cela devient trop gênant à gérer en réel (tank en marche, avion qui vole, temps qui passe), eye catchs pour séparer les chapitres. Mais aussi et surtout des passages longtemps mémorables comme celui dans un salon où nous assistons médusés à une scène de music hall complètement décalée. Caméra qui a la bougeotte pour donner un rythme effréné, et ambiance BD au niveau des couleurs et costumes sont aussi au rendez-vous !
Finalement Tank Girl a eu ici l’honneur suprême d’une adaptation réussie, trop souvent méconnue, ce dont peu de films tirés de BD ou comics peuvent s’enorgueillir (pour ceux qui suivent pas mes pensées je parle de Spiderman et Daredevil entre autres cas désespérants). Tank Girl est un film jouissif, complètement assumé dans son ton décalé et dans ses délires. Un film à posséder absolument en fait !
Surtout que pour en rajouter une dernière couche, Tank Girl possède une OST en or massif, pensée et compilée par Courtney Love herself. On y retrouve en autre du L7, du Hole, et du Bjork !
Un pur bonheur ce film je vous dis...
Disponible en DVD Z2 français pour moins de 20 Euros.
Image : 2.35:1, de bonne qualité générale | Langues : Français, Anglais, Allemand, Italien, Espagnol, le tout en 5.1 ! - malheureusement pas tres puissant car artificiel | Sous-titres : français | Bonus : bande annonce originale.
La BO du film est aussi disponible à la vente.