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Hors-Asie

The Glass House

aka La Prison de Verre | USA | 2001 | Un film de Daniel Sackheim | Avec Leelee Sobieski, Diane Lane, Stellan Skarsgard, Trevor Morgan, Bruce Dern, Kathy Baker, Chris Noth, Michael O’Keefe

The Glass House, première réalisation au cinéma de Daniel Sackheim (transfuge de la télévision, où il a fait ses armes, entre autres, sur X-Files, Millenium et Harsh Realm de Chris Carter ; mais aussi NYPD Blue, Earth 2, Urgences, et j’en passe), s’ouvre sur l’explosion d’une vitre sur fond noir. Cette image résume à elle seule les trois quarts de l’histoire à venir : une vie qui se brise et - derrière les éclats - rien d’autre que l’obscurité. Jugez plutôt...

Les Baker constituent un peu le prototype de la famille middle-class américaine : une jolie fille un tantinet rebelle - Ruby (Leelee Sobieski), un petit frère accroc à la Playstation et à la N64 - Rhett (Trevor Morgan), et surtout des parents aussi heureux qu’amoureux après 20 ans de marriage. Tellement amoureux, d’ailleurs, qu’ils partent fêter cet anniversaire with style dans un restaurant de luxe, laissant leurs "beaux enfants" (je cite) en sécurité chez eux. Ah ben oui mais en fait non : Ruby profite de l’occasion pour sortir avec ses amies, fumer des cigarettes... Ouhlala ! Et quand elle rentre chez elle - un peu tard, il faut l’admettre - elle constate avec crainte que ses parents, sans doute inquiets, ont appelé la police pour la retrouver. Que nenni, en fait, puisque les messieurs aux képis sont là pour annoncer aux enfants Baker le décés de leurs parents dans un accident de voiture. Gloups.

Heureusement pour Ruby et son petit frère, les Glass, d’anciens voisins à eux, ont été désignés par les décédés comme gardiens. Les enfants Baker partent donc à Malibu pour emménager chez Terry et Erin, dans une maison de verre (jeu de mot sur "Glass House" qui disparaît en français...) démesurément luxueuse. Déjà pas très à l’aise dans sa nouvelle demeure, Ruby commence carrément à flipper lorsqu’elle découvre, peu à peu, le véritable tempérament de Terry. Se pourrait-il que cet homme ait assassiné ses parents ? Si oui, dans quel but ?

Post-générique (euh... celui-ci ne dure en fait que le temps de l’éclat de la vitre, et se résume donc à un écran de titre), The Glass House démarre comme un vulgaire slasher. En réalité, il s’agit d’un film que Ruby et ses amies regardent au cinéma. La scène est assez longue, et nous montre une Ruby absolument désinteressée - voire ennuyée - par ce qui se passe à l’écran. A priori, le message de Sackheim est clair : saoûlé par la seconde vague des slashers, le réalisateur va s’intéresser à une conception différente de l’épouvante adolescente. Pour le coup, effectivement, Sackheim tape très fort : après l’introduction du film (très bien rythmée) qui mène à l’arrivée de Ruby et Rhett chez les Glass, l’homme derrière la caméra prend un malin plaisir à rendre le cauchemar vécu par Leelee Sobieski de plus en plus noir. Avances sexuelles à peine déguisées, l’agression de Terry - lui-même constamment agresseur potentiel - par des silhouettes indéterminées dans son bureau, les shoots d’Erin... et enfin la découverte de la voiture de ses parents dans le garage automobile de Terry : les révélations s’enchaînent pour rendre l’atmosphère sans cesse plus étouffante.

Pour renforcer encore le côté claustrophobe d’un vrai-faux huis-clos, Sackheim tourne l’intégralité des scènes du film dans cette splendide demeure vitrée (le reste des scènes se déroulant principalement dans un autre espace clos - celui d’une voiture, quelle qu’elle soit), et ne regarde jamais de l’intérieur vers l’extérieur : toutes les vitres traversées le sont soit depuis l’extérieur, soit à l’intérieur même de la maison. Ces dernières rendent d’ailleurs toute intimité impossible et parviennent pourtant à conserver l’ "opacité" du couple parfaitement interprété par Diane Lane et Stellan Skarsgard.

En fait, pendant les trois-quarts du film, The Glass House - aidé par des prestations impeccables de l’ensemble du cast (la charmante Leelee Sobieski en tête, ne vous en déplaise) - tient vraiment bien la route. Sackheim oeuvre dans le thriller psychologique hardcore (on repense à certains épisodes particulièrement corsés - émotionnellement - de Buffy) et ne tombe jamais dans la recette du thriller actuel, nous entraînant constamment vers de nouvelles hypothèses.

Et puis, dans les vingt dernières minutes, le film bascule : à force de ne vouloir choisir aucune direction, The Glass House se retrouve obligé de choisir - trop rapidement - une conclusion qui ne peut pas être réellement satisfaisante. Si la solution retenue a le mérite d’être originale, elle n’en reste donc pas moins inadéquate avec le reste de la démarche. Du coup, bien que la réalisation soit impeccable, la photographie superbe, la mise en place effrayante, The Glass House souffre d’un syndrome Navarro qui laisse le spectateur sur une sensation de téléfilm inachevé... C’est bien dommage, monsieur Sackheim ! Espérons que, pour un second long-métrage éventuel, ce réalisateur talentueux saura ne pas s’essoufler avant la fin de son histoire, assumant jusqu’au bout sa volonté de "différence".

The Glass House est disponible en DVD zone 1 (pas vu)... ou alors dans vos salles.

- Article paru le mardi 16 avril 2002

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