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Thaïlande

Tom Yum Goong

aka Tom-Yum-Goong - Tom-yum-goong, l’honneur du dragon | Thaïlande | 2005 | Un film de Prachya Prinkaew | Avec Tony Jaa, Bongkoch Kongmalai, Petchtai Wongkamlao, Xing Jing, Johnny Nguyen, Nathan Jones, Damian De Montemas

Faire la critique d’un film avec Tony Jaa c’est comme essayer de trouver de la substance dans une coquille vide. Peine perdue. Mais après un Ong Bak qui avait de quoi laisser dubitatif, voici le retour du nouveau Bruce Lee dans un chef-d’œuvre absolu, oui vous m’avez bien entendu et je pèse mes mots ; le chef-d’œuvre absolu est là et c’est le nouveau film du maître, un film que l’on pourrait tout simplement renommer Mowgli et Babar dans la légende du coup de tatane sacré. Chef-d’œuvre, pourquoi ? C’est simple, je m’explique.

Est-ce que même dans vos rêves les plus fous vous avez imaginé voir une sorte de Madame Claude, karateka et sadomaso jouant du fouet, les frères Brutos, Brutus et Brutas faire du catch contre un éléphant, des skaters Jedis (avec des néons) et le fils caché de Mr l’endive réunis dans un même film ? Jusque là même moi je pensais cela impossible et pourtant tout est dans Tom Yum Goong. S’étendre sur l’histoire serait superflu tant celle-ci est anecdotique, on peut dire si l’on veut faire simple que Mowgli (Tony Jaa) part à la recherche de deux éléphants sacrés de son village, qui se sont fait capturer par des méchants pas beaux comme on en voit uniquement dans les sériez Z de fond de couloir de votre vidéo club. Voilà, il n’en faut pas plus pour définir le déluge de mandales, de retournements de bras et de gueules fracassés qui va suivre à l’écran. Si vous avez aimé Ong Bak et ses combat ultra réalistes et simplement ultra violents réjouissez-vous : la production a tout simplement ici décidé de faire péter le score. Ca se tape, ca se tape et ca se retape ; ca ne fait que ca, le problème c’est que c’est tellement réaliste par moment que ca en devient malsain. Mais bon après tout on est là pour le spectacle, et le jeune Mowgli se défend bien dans le domaine de la fight. Comment ne pas d’ailleurs tomber en pamoison devant les quelques séquences qui parsèment le film. Enfin je devrais dire grandes séquences. Commençons par l’attaque des skaters Jedis.

Qu’aurait été la trilogie de La Guerre des étoiles si ses satanés Jedis s’étaient déplacé sur des skates ? Hein ? Je vous le demande, un bon dieu de chef-d’œuvre sans doute, j’en mets ma main à couper. Eh bien ici un avant goût de la scène nous est offert à grand renfort de tatanes dans la tronche. C’est ridicule et outrancier, mais comment ne pas se marrer en voyant ces pauvres cascadeurs se faire massacrer la gueule dans des costumes tous plus crétins les uns que les autres. C’est simple, à croire que le costumier était en pleine descente au moment de l’habillage, car tout est ici un énorme moment de n’importe quoi. Mowgli traverse la scène en se faisant casser plusieurs sabres laser-néon sur le crâne (oui le sabre laser ca coûte cher, alors jouer les Jedis avec un néon c’est mieux et surtout moins cher). Trop fort le réalisateur !!! La scène vous laissera sur les genoux en vous faisant croire qu’il ne sera pas possible d’aller plus loin.

Erreur : un peu plus tard dans l’histoire, Mowgli découvre que les vilains méchants sont dans un restaurant où ils entreposent les animaux exotiques avant de les tuer pour en faire des plats qui coûteront la peau du cul. Bon alors, ni une ni deux, Mowgli il est super pas content ; ça se comprend quand même, tout ses potes risquent de finir dans une assiette. Plus qu’une seule solution : foncer dans le restaurant, prendre l’escalier circulaire et aller directos au 5e étage pour péter la gueule des méchants. Problème, le restaurant est aussi le lieu de rendez-vous de l’amicale des joyeux cascadeurs thaïlandais de films de branques. Imaginez leur surprise en voyant Tony Jaa entrer dans leur sanctuaire. Aucun ne veut manquer sa chance et tous se précipitent sur Mowgli pour lui faire une démonstration de leur talent de cassage de tronche. Le seul détail ne jouant pas en leur faveur est que Mowgli semble furax (voir les raisons quelques lignes au dessus) et la demo c’est lui qui décide de la faire. Pendant 5 étages dans un gigantesque plan séquence, Mowgli brise, défenestre, massacre, déboîte et remboîte à tout va du méchant. Ca serait presque beau comme du Dupontel déclamant Rambo, si malheureusement ces cascadeurs n’attendaient pas comme de pauvres marionnette en priant que le sieur Jaa vienne leur ravaler la façade. Tout est scripté dans la scène et on ne sent pas une once de spontanéité dans tout ca. Est-ce ennuyeux ? Non pas du tout. Pourquoi ? Tout simplement à cause de Mowgli lui-même, qui durant ces 5 étages nous gratifie de têtes « jeu d’acteur » à la Ben Affleck. On frise la crise de rire. Mais le bonheur ne s’arrête pas là. Car la fin du film nous réserve THE moment.

Mowgli a retrouvé la méchante (ainsi que le cadavre d’un des deux éléphants) et voir son pote Jumbo en squelette a foutu le moral de Mowgli à zéro. Il est tellement bas d’ailleurs que quand Brutos, Brutus et Brutas arrivent il se fait démonter la tronche grave. C’est alors que son pote le deuxième éléphant, le bébé, décide de s’attaquer au catcheur pour défendre Mowgli. Mais les catcheurs ne sont pas décidés à se faire emmerder par un bébé éléphant. On assiste donc au grand moment du film : Brutos étouffant l’éléphant pendant que Brutus l’immobilise et que Brutas l’attrape par les pieds, le fait tourner sur lui-même et le balance par la fenêtre. La situation sent vraiment le roussi pour Mowgli à partir de ce moment. Son allié vient de se faire sortir du ring et il va devoir improviser pour s’en sortir. La meilleure solution : attraper les os de son vieux pote Jumbo, se les accrocher autour des bras et faire du Muai Thai avec pour décalquer la tête des catcheurs.

Tom Yum Goong en gros c’est un peu comme un gros film de zombie cheap avec du faux sang, qu’on matte entre potes pour se fendre la gueule. Ca n’a ni queue ni tête, c’est d’une connerie sans limite, et pourtant plus on regarde plus on se dit que le métrage confine au magnifique. Le bonheur ça existe, la preuve Tom Yum Goong et son acteur au jeu de crevette décérebrée viennent de le mettre à votre disposition. Il y a des expériences que l’on se doit de ne pas manquer... une bière à la main et l’autre dans le paquet de chips.

Tom Yum Goong est pourtant l’instant disponible en VCD HK (trois disques, sous-titres chinois), et devrait sortir sur les écrans français le 8 février 2006. A noter qu’un making of du film est disponible en DVD en Thaïlande, sans sous-titres.

- Article paru le mercredi 23 novembre 2005

signé Marcus Burnett

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