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Taiwan

Touch of Zen

aka A Touch of Zen - Hsia nu | Taiwan | 1969 | Un film de King Hu | Chorégraphies de Xian Zinj | Avec Yang Hui-Chen (Xsu Feng), Ku Sheng-Shai (Shihh Chun), Hui Yuan (Roy Chiao), Xian Zinje

Le lettré, la guerrière et le Bouddha.

Touch of Zen ne se donne pas, il se mérite. A l’image de certains grands (et gros) romans, avant de pouvoir se couler dans l’intrigue, il faut d’abord affronter sa mise en place. Ne vous laissez pas décourager par la première partie qui peut sembler fastidieuse. Par la suite, le rythme du film va doucement s’accélérer et monter en puissance, pour finir par offrir au spectateur un final éblouissant.

L’élégance, la grâce, voilà ce qui distingue fondamentalement Touch of Zen des films de cette époque. Dès lors le choix de King Hu de privilégier les héroïnes n’a rien d’étonnant, tandis que sous l’impulsion de Chang Cheh, les héros prennent le pouvoir à la fin des années 60.

Dans un paisible village de la Chine des Ming, Ku Sheng-Shai tient une échoppe d’estampes. Au grand désespoir de sa mère, ce dernier est toujours célibataire et ne souhaite pas passer les concours d’accès à l’administration impériale. Ku va se trouver projeté au coeur d’un affrontement entre l’unique rescapée d’une puissante famille patricienne, Yang Hui-Chen, et les sbires dune officine, l’Eastern Chamber dirigée par l’eunuque Wei. Heureusement, la divine providence vole au secours de nos héros sous la forme du moine Hui Yuan.

King Hu illustre à travers l’évolution des trois personnages principaux de Touch of Zen - Ku, Yang Hui-Chen et Hui Yuan - les trois grandes phases du zen appliqué aux arts martiaux. Ku est le lettré dont l’esprit est entravé par l’intellectualisation. Son comportement est guidé d’abord et surtout par la réflexion. Ce que le zen cherche avant tout à libérer. Xsu Feng est forte d’un art martial proche de la perfection, mais est fatalement exposée à trouver plus fort qu’elle. Le moine parvient finalement à l’illumination, son détachement de toute chose le rend invincible, il ne fait plus qu’un avec son habileté technique. Dès sa première apparition, King Hu place le moine au-dessus des autres protagonistes. A la force brute et à la colère, il oppose la sérénité, exprimée par la parfaite économie de mouvements dont il fait preuve pour terrasser ses adversaires.

Touch of Zen contient une des plus belles scènes de combat d’art martiaux de l’histoire du cinéma. Pas tant au niveau de la véracité technique où se distingue Liu Chia-Liang, ou de son efficacité comme chez Bruce Lee, mais de la beauté pure. Cette scène, malgré le revival kung fu actuel, parvient encore à étonner le spectateur blasé que je suis, c’est tout dire.

Le combat dans la forêt de bambou, désormais devenu mythique, a été souvent copié, mais rarement dépassé. Peut-être finalement parce que les continuateurs de King Hu ont choisi la surenchère et non l’ascèse, le zen. L’atmosphère créée par ce dernier, de même que sa maîtrise du montage et du cadrage, sont pour beaucoup dans la réussite de cette séquence.

Les combattants s’affrontent dans des sous-bois baignés par une brume que viennent illuminer les rayons du soleil, filtrés par les frondaisons des arbres. Aux assauts horizontaux des épéistes, filmés grâce à de magnifiques travellings, viennent répondre des bambous impeccablement verticaux. Si on vient à y ajouter un montage au cordeau très dynamique, le résultat est à couper le souffle.

Pourtant, s’il fallait distinguer une des scènes du film, ma préférence se porterait sur l’intervention finale de Hui Yuan. Si King Hu souhaitait faire ressentir le zen dans son film, il parvient lors cette intervention à toucher au quasi-religieux. Par la magie du montage, cette séquence est un éblouissement, un véritable satori. Hu filme
juste le déplacement de Hui Yuan. 30 secondes de pur bonheur, qu’il vous reste à découvrir.

Le déplacement des acteurs est sûrement ce que King Hu filme de mieux. Son usage des trampolines est devenu célèbre, de même que sa technique de montage. Au lieu d’en accélérer le rythme, le réalisateur préfère supprimer carrément certaines phases de la scène. Autre procédé du maître, la disparition d’un personnage et l’apparition simultanée d’un autre dans un plan fixe, qui par magie devient dynamique. Tout ceci bien sûr est souligné par une musique très importante tout au long du film.

La caméra du réalisateur demeure rarement immobile. King Hu plonge le spectateur au coeur du spectacle. Pas étonnant que son fils spirituel Tsui Hark ait engagé Hu pour tourner Swordswman.

L’équipe du film regroupe les acteurs et techniciens habituels de King Hu. L’héroïne est incarnée par la farouche Xsu Feng (désormais productrice et membre du jury du Festival de Venise 2004), le méchant par Xian Zinje, qui est également le directeur des combats. Un poste qu’il occupait déjà dans l’avant dernier film de King Hu, L’hirondelle d’Or. Célèbre directeur de combat, il est également le Big Boss que Bruce Lee exécute dans le ballet aérien final du film éponyme. On aperçoit également Samo Hung dans le rôle d’un spadassin de la Eastern Chamber à la fin du film. L’acolyte de Jackie Chan reprendra la fonction de Xian Zinje dans The Fate of Lee Khan du même King Hu.

- Article paru le lundi 13 septembre 2004

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