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Corée du Sud

Whispering Corridors

aka Girls’ High School Ghost Story - Yeogo Goedam | Corée du Sud | 1998 | Un film de Park Gi-Hyeong (Park Ki-Hyung) | Avec Park Jin-Hee, Lee Mi-Yeon, Kim Gyu-Ri, Choi Gang-Hee, Yun Ji-Hye, Park Yong-Su, Lee Yong-Nyeo, Kim Yu-Seok, Yu Yeon-Su

La veille de la reprise des cours dans un lycée pour filles. Mrs Park, enseignante sur ses vieux jours, est perturbée par une découverte dans les Year Books de l’établissement. 1993, 1996, 1999... Mrs Park semble avoir mis le doigt sur un indice récurrent qui la terrifie ; elle appelle aussitôt une certaine Eun-Young pour lui annoncer que, pendant ces neuf dernières années, une dénommée Jin-Ju n’a jamais cessé d’être parmi eux - en dépit du fait qu’elle soit morte. L’enseignante est ensuite assassinée par une apparition mystérieuse.
Le lendemain matin, Ji-Oh et Jae-Yi sont comme il se doit les premières sur les lieux. Du moins c’est ce que croient les deux déléguées, mais il se trouve que Jung-Sook - "possédée par le fantôme des notes" - est déjà assise à son pupitre. Qu’importe, Ji-Oh entraîne sa camarade, timide et imposée, dans l’exécution de leurs responsabilités quotidiennes ; c’est alors que les jeunes filles découvrent le corps de "Old Fox" - comme les jeunes filles avaient l’habitude d’appeler Mrs Park, leur professeur principal - pendu au-dessus de la cours.
Toutes les étudiantes présentes sont immédiatement convoquées dans le bureau de Mr. Oh, plus connu sous le sobriquet de Mad Dog, qui ordonne aux jeunes filles de garder cette funeste découverte secrète. C’est Mad Dog lui-même qui remplace Old Fox en tant que professeur principal ; autant dire que les étudiantes n’y gagnent pas au change, puisque l’homme navigue entre châtiments corporels et harcèlement sexuel avec ses élèves...
Autant la meilleure élève du lycée, So-Young, bénéficie des "attentions" de Mad Dog, autant Ji-Oh, prétendue sorcière qui a du mal à se défaire de sa fascination malsaine pour la mort de Mrs Park, encaisse insultes et coups. Laquelle Ji-Oh intrigue fortement Eun-Young, en réalité une ancienne élève devenue professeur dans l’établissement, qui la soupçonne d’être possédée par le fantôme de sa meilleure amie d’autrefois, Jin-Ju. Jin-Ju, elle aussi accusée de sorcellerie à cause de sa mère et rejetée par ses camarades et amis, s’était suicidée neuf ans auparavant...

Whispering Corridors est le premier opus d’une série - Yeogo Goedam - qui en comptera bientôt trois avec la sortie imminente de Wishing Stairs sur les écrans coréens. Ce détail a son importance, puisque le deuxième film de cette série n’est autre que Yeogo Goedam 2 : Memento Mori, plus connu de par chez nous sous le nom de Memento Mori tout court. Whispering Corridors et sa célèbre "suite" ne sont pas narrativement liés ; les deux films partagent néanmoins certains thèmes et le même univers.

L’action se situe donc intégralement comme dans Memento Mori, dans un lycée pour jeunes filles. Si les thèmes de l’école hantée et de l’amitié par delà la mort sont communs aux deux œuvres, Whispering Corridors délaisse le sujet de l’homosexualité latente des établissements unisexes, en faveur d’une critique acerbe du système éducatif coréen. Avant même d’être un film d’horreur fantastique, Whispering Corridors est donc surtout un film d’horreur social.

En effet, Park Gi-Hyeong (réalisateur du magnifique Secret Tears) s’attache à dénoncer la violence d’une éducation coréenne axée sur la compétition à outrance. Les professeurs encouragent leurs élèves à se considérer comme ennemis les uns des autres, et ne lésinent ni sur les railleries, les propos diffamatoires ou même les violences physiques pour exprimer leurs ()favoritismes et/ou mécontentements. Le personnage de Mad Dog est l’incarnation de cette violence scolaire ; les scènes où il caresse les lobes d’oreille de So-Young par exemple, sont parfaitement révoltantes. A tel point d’ailleurs, que certaines institutions conservatrices coréennes ont tenté d’interdire la distribution du film ; sans succès rassurez-vous, Whispering Corridors devenant même le deuxième film coréen le plus rentable de cette année 1998 derrière A Promise de Kim Yoo-Jin. [1]

Whispering Corridors joue habilement de cette violence scolaire pour tisser sa trame complexe d’esprit vengeur. Complexe certes, mais lisible - ce qui n’est pas évident quand l’on s’attache à développer sérieusement autant de personnages différents.
Difficile en effet de choisir une héroïne au film de Park Gi-Hyeong, entre Eun-Young et Ji-Oh ; So-Young et Jung-Sook sont elles aussi des personnages complets et passionnants. La mise au même niveau - ou presque - de ces différents protagonistes participe pleinement non seulement au sujet mais aussi à la réussite du film : le spectateur lui-même joue le jeu des enseignants et des élèves conditionnés, en refusant de s’intéresser réellement au personnage, timide et très (trop ?) discret, de Jae-Yi. Ce qui nous semblait complexe devient logique une fois cette lacune personnelle admise. Whispering Corridors gagne alors, avec cette constatation imposée et empreinte de tristesse, ses galons de film d’horreur humaniste, pertinent et envoûtant à défaut d’être effrayant - comme le sera à nouveau Memento Mori après lui.

Whispering Corridors était "autrefois" disponible en DVD coréen - non sous-titré - mais il me semble bien que celui-ci est aujourd’hui épuisé.

[1Source : Darcy’s Korean Film Page.

- Article paru le mardi 5 août 2003

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