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Japon

Why Don’t You Play in Hell ?

aka 地獄でなぜ悪い - Jigoku de naze warui | Japon | 2013 | Un film de Sono Sion | Avec Jun Kunimura, Tak Sakaguchi, Shinichi Tsutsumi, Fumi Nikaidô, Tomochika, Hiroki Hasegawa, Gen Hoshino

Fuck Bombers, yeah !

La filmographie de Sono Sion est décidément parcourue d’éclairs de génie. Pour preuve aujourd’hui le réjouissant Why Don’t You Play in Hell ? (mais il faudrait aussi que je prenne le temps de revenir sur Love and Peace), vieux d’une huitaine d’années déjà, conjonction incongrue de désirs de cinéma partagés par des branleurs jusqu’au-boutistes et des yakuza dévoués, qui culmine dans le tournage le plus mémorable de l’histoire du cinéma vérité.

Hirata est à la tête des Fuck Bombers, trio de trublions qui se rêvent réalisateur et caméramans... Un jour qu’il tourne un court à base de bataille d’œufs, une rixe entre yakuza est lancée à quelques mètres d’eux. Faisant irruption au milieu des gangsters, Hirata les dirige comme s’il s’agissait d’acteurs, s’intéressant tout particulièrement au leader Sasaki, qui quitte son clan et devient le Bruce Lee des cinéphiles. Pendant ce temps-là, d’autres yakuza tentent d’assassiner le boss du clan Muto, mais se font éliminer par sa femme dévouée, Shizue. Seul survivant du massacre, Ikegami (Shinichi Tsutsumi), baigné de sang, fait la rencontre de la fille Muto, la petite Mitsuko, craquante star d’une pub chantée pour une marque de dentifrice, qui le laisse s’échapper... et croiser la caméra de Hirata. Shizue part en prison, et la pub de Mitsuko est retirée des écrans.

Dix ans plus tard, les Fuck Bombers repoussent encore et toujours la concrétisation d’un tournage au lendemain, et Sasaki (Tak Sakaguchi), n’en pouvant plus, tombe le survêtement jaune rayé de noir, et les abandonne. Il faudra compter sur un paquet de péripéties, la permanence de l’opposition Muto/Ikegami et la détermination de Muto (Jun Kunimura) à offrir un film avec Mitsuko (Fumi Nikaidô) à Shizue, qui ne s’est jamais remise de la carrière avortée de sa fille, pour sa sortie de prison, pour que le rêve devienne sanglante réalité...

Ce joyeux délire en forme de déclaration d’amour au cinéma, à la vie, à la mort de Sono Sion, est tout entier conçu pour relier ses extrémités gore ; à savoir la glissade de Mitsuko dans le bain de sang causé par sa mère, qui ouvre à peu de choses près Why Don’t You Play in Hell ?, et la captation du règlement de comptes apocalyptique entre les clans Muto et Ikegami qui le conclut. Un peu grossier dans l’évidence de ses ressorts narratifs, mais en même temps bigrement satisfaisant, le film s’emploie entre ces deux tableaux à donner de la cohérence à une somme phénoménale de contingences, tissant une toile de causalités désarmante sur fond de jingle publicitaire kawai.

Si l’ensemble fonctionne si bien, c’est parce qu’il a sans cesse l’intelligence de célébrer ce qu’il parodie : le cinéma, et le plaisir d’en faire, que Why Don’t You Play in Hell ? met en scène et transpire à la fois. Un attachement sincère, qui se traduit notamment par la prestation géniale de Tak Sakaguchi en full second degré, mais aussi par le rayonnement de Fumi Nikaidô, raison nécessaire et suffisante de brandir une caméra... Jun Kunimura et Shunichi Tsustumi sont impayables, ce dernier cabotinant dans des proportions folles chaque fois qu’il s’épanche devant Mitsuko, et l’engouement collectif permet d’avaler la couleuvre de cette rixe, réelle et pourtant scénarisée et filmée. Why Don’t You Play in Hell ? est un film qui montre le plaisir de la cinéphilie, et en procure tout autant !

Why Don’t You Play in Hell ? est disponible en Blu-ray + DVD en mediabook avec trois couvertures au choix chez les Allemands de Midori-Impuls, avec sous-titres anglais. Il fut un temps disponible aux USA chez Drafthouse Films, mais vu le prix demandé sur les différentes marketplaces, autant se tourner vers ces très belles éditions vendues si près de chez nous !

- Article paru le lundi 25 octobre 2021

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