Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Chine | Festival du film asiatique de Deauville 2011

Wind Blast

Chine | 2010 | Un film de Gao Qunshu | Avec Ni Dahong, Wu Jing, Zhang Li, Yu Nan, Francis Ng, Duan Yihong, Charlie Young, Xia Yu

Un tueur nommé Zhang Ning (Xia Yu) se réfugie dans le désert de Gobi, après l’exécution d’un contrat à Hong Kong. Léopard (Duan Yihong), policier de son état, est chargé de son arrestation, et, pour ce faire, fait équipe avec d’anciens collègues, tous policiers d’exception. Motif : Zhang Ning aurait pris en photo, à l’aide de son téléphone portable, le commanditaire dudit contrat. Mais ce dernier a également lancé un duo de tueurs, Mai Gao (The Francis Ng !) et Anuo (Yu Nan), aux trousses de Zhang Ning, pour empêcher la récupération de la preuve.

Voici donc le prétexte de cette épopée cinématographique wersterno-gunfighto-romantico-philosophico-kungfuesque (whaaaaa !.. ouf !). Eh oui ami lecteur, le programme est chargé ; s’il est simplement annoncé comme « A Kung Fu Western on steroids », il s’agit là d’un raccourci sémantique qui fait honneur à la modestie de son auteur. Mais quand il s’agit d’abuser, autant y aller à fond ! Et là où il y a de la gêne, y’a définitivement plus de plaisir pour les mirettes du spectateur.

Imaginez-vous attaché dans une pièce sombre à un fauteuil, répétant en vous-même « ai-je bien fait de pousser la porte de ce cinéma ? », comme une vulgaire ado blonde toute droit sortie du nanar horrifique américain lambda, qui pénètre dans la forêt hantée du trou du cul des États-Unis pour y faire du camping, équipée de ses talons hauts et de sa lime à ongle... C’est là que surgi Gao Qunshu, Rémy Bricka cinéaste, qui a écrit, produit et réalisé Wind Blast, armé de sa caméra, tel Jason et sa machette, avec pour unique objectif de vous faire subir tous les outrages audiovisuels possibles et imaginables. Et c’est un festival !! L’homme vous fourre un entonnoir dans la bouche et vous gave jusqu’à l’overdose.

C’est ainsi qu’en fouillant vos entrailles lors de l’autopsie qui conclura immanquablement la projection, on y trouvera des villes fantômes qui explosent, du Paris-Dakar, les nouvelles aventures capillaires de Francis Ng, de l’antidiarrhéique, de l’Amoureuuuux, des lunettes de soleil en pagaille, des câbles, de la philosophie, du foutage sur la tronche, de l’entassement de policiers chinois blessés jusqu’au troisième étage, du Sergio Leone, un blouson rouge, des chevaux qui en ont peut-être pris plein le museau mais dont les outrages ont été coupés au montage (et puis ça n’a pas coûté cher), des acteurs doués et récompensés qui surjouent comme si leur carrière en dépendait, une yourte nature, des héros pas fatigués mais quand même un peu abîmés à la fin (voire plus si affinités), de l’harmonica, un peu de MacGyver, des gags perraves, une réalisation avec des effets inutiles au début, des rochers, du soleil, de la neige, de l’amitié, des cocktails molotov ridicules, des parallèles amoureux, une marque de 4X4 dont les produits sont subtilement placés, de l’union sacré (sans Richard Berry et Patrick Bruel, bien que Francis Ng soit capable de faire les deux à la fois !), du traquenard, un étui à guitare et un beau sac à dos en cuir, de la classe chinoise... Et surtout le plus grand duel de la terre (oubliez le Dead or Alive de Takashi Miike !). Par contre, bizarrement, on n’y trouve aucune trace de Jacques Demy, d’enfants molestés, de colombes, ni de zombies (quoique)... Un oubli sans doute, ou un director’s cut à venir ?

Cerise sur le gâteau (la taille de ladite cerise étant supérieure à celle dudit gâteau, vous finirez avec de la crème pâtissière sur la face), une fin comme on en n’a pas vu depuis le Seppuku de Masaki Kobayashi. Résumons-nous ; pour parler grossièrement, Wind Blast serait un mix de Il Était une fois la révolution, The Killer, Seppuku, Les Aventuriers de l’arche perdue, Fast and Furious et French Connection.

Wind Blast s’adresse donc, vous l’aurez compris, aux amateurs de nanars king-size, aux gens pas tristes, aux fans de Francis Ng, à ceux qui recherchent de beaux paysages, aux personnes ayant 1h54 à tuer plutôt que leurs voisins, et, plus que tout, à toi, fidèle lecteur de Sancho.

Ce film est un scandale, cet article est un scandale. Et Akatomy fera suivre les plaintes.

Wind Blast a été présenté dans la sélection Action Asia de la treizième édition du Festival du film asiatique de Deauville (2011).

- Article paru le jeudi 17 mars 2011

signé Kaelu San

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