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Corée du Sud

Wishing Stairs

aka Whispering Corridors 3 - Yeogo Goedam 3 : Yeowoo Gyedan | Corée du Sud | 2003 | Un film de Yun Jae-Yeon | Avec Song Ji-Hyo, Park Han-Byeol, Jo An, Park Ji-Yeon

Pour la troisième fois en cinq ans, Wishing Stairs nous propose de pénétrer dans l’intimité d’un établissement pour jeunes filles ; le temps de partager avec elles amitié et amour, mais surtout leur étonnante propension à attirer sur elles évènements funestes et horrifiques.

"Fox, Fox, please grant my wish. Let us always be together."

Yoon Jin-Sung et Kim So-Hee sont liées par une amitié très forte. Toutes deux sont parmi les meilleures élèves de ballet du lycée ; So-Hee malheureusement se remet d’une blessure à la jambe, et ne peut plus s’entraîner pour le moment. Forcément dissipée, elle éloigne Jin-Sung de ses séances de répétition, au grand dam d’un professeur peu commode.
Hae-Ju est une fille à l’appétit quelque peu inhumain. Son embonpoint s’en ressent, et elle vit principalement à l’écart de ses camarades cruelles, dans une salle d’arts plastiques abandonnée. Outre son affection dissimulée pour So-Hee, Hae-Ju y cultive sa fascination pour le mythe des "fox’s stairs" (les escaliers du renard). Quiconque gravirait avec suffisamment de conviction ces mystérieux escaliers de 28 marches, situés à côté des chambres des élèves, verrait une 29ème marche apparaître ; le souhait le plus cher de l’heureuse élue serait alors exaucé.
Pendant ce temps-là, le lien qui unit Jin-Sung et So-Hee se détériore, leur amitié étant mise à rude épreuve par l’approche d’une compétition de danse de première importance. Subitement guérie, So-Hee semble bien décidée à remporter la première place devant Jin-Sung. Cette dernière vit très mal cette volonté, qu’elle considère comme une trahison. Il suffit alors qu’une Hae-Ju miraculeusement affinée fasse son apparition et mentionne la légende de la 29ème marche, pour que Jin-Sung énonce à son tour un souhait - un souhait bien entendu, dont elle ne peut entrevoir les redoutables conséquences...

Contrairement à Memento Mori, Wishing Stairs affirme d’emblée son appartenance à la série des Yeogo Goedam. Ca ne tient pas à l’apparition du numéro 3 au générique du film (ce n’est d’ailleurs pas le cas), mais plutôt à la vitesse avec laquelle sont exposés le cadre et les enjeux - amoureux et narratifs - de ce Whispering Corridors 3. Plutôt que de recréer de toutes pièces un univers en effet, Yun Jae-Yeon considère l’unité de lieu - l’école pour jeunes filles - comme un raccourci évident pour impliciter une amitié "trop" forte, tout comme il se sert de cette salle d’arts plastiques abandonnée (qui renvoie directement au premier opus) pour esquisser la présence du fantastique.
Un ingrédient apparaît cependant très rapidement absent de cette troisième aventure : le parfum subversif des deux premiers opus. Le premier, Whispering Corridors était très audacieux dans sa dénonciation des travers du système éducatif coréen ; Memento Mori était empli d’une beauté morbide et d’une sous-couche lesbienne délicieuses. La dénonciation sociale est ici absente, et l’amour "contre nature" est abordé avec une distance presque malhonnête. Qu’importe, Wishing Stairs s’il n’est pas troublé d’entrée de jeu par la relation de Jin-Sung et So-Hee, l’est par la présence plus qu’inquiétante de Hae-Ju.
La jeune fille enrobée est terrifiante de mièvrerie et de timidité ; ses séquences de solitude et de conversation avec des poupées sont étrangement dérangeantes. Autre séquence de choix la mettant en scène : son ascension des 29 marches des fox stairs, par dessins interposés (un cahier dérangeant qui rappelle pour sa part le journal intime, magnifique de Memento Mori). C’est donc par Hae-Ju que l’horreur s’immisce, discrètement, dans le film. Elle en deviendra d’ailleurs, après l’ "accident" de So-Hee qui constitue le tournant du film, le principal vecteur.

A partir de cet instant pivot, Wishing Stairs troque la subtilité de ses deux grandes sœurs pour un pot-pourri du cinéma d’épouvante contemporain, plus ou moins efficace. Symboliquement, il élargit d’ailleurs nettement le scope de l’action et quitte l’intimité du trio principal pour intégrer d’autres personnages. Ce qui est certain c’est que, de Ring à Ju-on, les emprunts sont généralement très efficaces - ce qui constitue déjà un bon point. Au cours de ce dernier tiers orienté mimétisme néanmoins, l’intégrité de Wishing Stairs se dilue dans la multiplication des styles abordés. Slasher, onirisme, épouvante, horreur... tout y passe et le tout dure un peu trop longtemps pour que la tension ne retombe pas, malheureusement, avant le fin mot de l’histoire.
Avant d’en arriver là toutefois, Wishing Stairs se sera partiellement affirmé comme un film d’horreur efficace, bénéficiant des prestations d’un trio de jeunes actrices particulièrement douées. Mais s’il est bien meilleur que la majorité des films d’horreur coréens, Whispering Corridors et Memento Mori lui restent nettement supérieurs, plus riches et cohérents.

Wishing Stairs est disponible en DVD coréen chez Bitwin / Plenus Entertainment, dans une édition double DVD riche en suppléments.

- Article paru le dimanche 7 décembre 2003

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