Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon | Festival du film asiatique de Deauville 2006

Yawarakai Seikatsu

aka It’s Only Talk | Japon | 2005 | Un film de Ryuichi Hiroki | d’après le roman It’s Only Talk écrit par Akiko Itoyama | avec Shinobu Terajima, Etsushi Toyokawa, Shunsuke Matsuoka, Tomorowo Taguchi, Satoshi Tsumabuki, Nao Ômori, Akira Emoto

It’s only human feelings...

C’est l’histoire de Yuko, une jeune femme de trente-cinq ans. Sans emploi, suivie par un psychiatre, Yuko a besoin d’aimer, mais surtout d’être aimer. Yuko vit à Kamata, car "ce n’est pas chic"... et ça lui plaît. Yuko partage sa vie entre quatre hommes, qui se confient à elle, ou lui donnent l’impression d’être importante. C’est l’histoire de Yuko, une jeune femme de trente-cinq ans.

...une chose est sûre, depuis son magnifique Vibrator, Ryuichi Hiroki semble enfin bénéficier d’une certaine reconnaissance, tout au moins critique, à travers le monde. A la tête d’une quarantaine de films depuis 1983, cet amoureux des femmes, émérite réalisateur de nombreux Pinku, d’études des mœurs de ses congénères, ou encore d’excellents thrillers urbains explorant les sexualités les plus extrêmes, Hiroki s’alloue une nouvelle fois les services d’Haruhiko Arai, scénariste pléthorique de Pinku /films indépendants depuis le début des 70’s, pour adapter le best seller de la jeune romancière Akiko Itoyama, It’s Only Talk...

...à peine installée à Kamata -un arrondissement de Tôkyô, Yuko s’immerge dans sa nouvelle vie ; elle a besoin de ressentir, de s’approprier cette géographie inconnue, d’en aspirer chaque recoin au plus profond d’elle, s’en imprégner. Yuko capture Kamata en le photographiant, puis le digère sur son site internet, recréant en images et commentaires laconiques sa vision éprouvée... Kamata est un ami. Kamata est en elle. Cet irrésistible besoin de posséder est en quelque sorte le gimmick de sa vie. Lorsqu’elle n’est pas assommée par son traitement, Yuko croque la vie à pleine dents, et profite de chaque instant comme si chaque minute passée était la dernière. Yuko aime les êtres... et les hommes. Mais plus que les hommes, c’est cette impression d’être qu’elle aime ; cette sensation d’être vivante. Yuko a honte de sa maladie ; alors Yuko s’invente. Yuko se réinvente selon la personne avec laquelle elle se trouve. Elle réinvente les morts douloureuses de ses parents, mais tente désespérément d’oublier son passé...

Les hommes de sa vie, Yuko les aime tous... elle en a besoin autant qu’ils ont besoin d’elle ; Honma, son ami de fac, jeune politicien qui souffre de troubles de l’érection, K, un gentil pervers rencontré sur internet, ou Noboru, jeune chinpira maniaco-dépressif... Tous trois ont besoin de Yuko... sans voir que c’est elle qui a réellement besoin d’eux. Puis entre en scène Shoichi, son cousin ; venu en ville pour retrouver sa maîtresse, laissant femme et enfant derrière lui, il se retrouve finalement seul, et demande à sa cousine de l’héberger quelques jours. Cette intrusion non désirée (?) par l’un et l’autre, est pourtant la catharsis pour Yuko et Shoichi...

...en la replongeant dans son passé "réel", Shoichi va peu à peu comprendre Yuko ; il va comprendre que cette jeune fille qu’il a connue délurée et joyeuse, reste traumatisée par certaines expériences dont il n’imaginait toujours pas la portée près de vingt ans après... Tel un frère et une sœur, les deux adultes vont apprendre à se connaître, précisément lors des moments difficiles ; ces deux enfants qui n’ont pas vu le temps s’enfuir à grands pas vont alors se comprendre... Le voyage de ces deux êtres, statique et rétrospectif se fera dans la douleur, la joie, mais toujours empreint d’un véritable amour... Yuko ne s’analyse pas, s’empêche de réfréner ses sentiments, ses désirs, ses envies. Yuko est sincère même lorsqu’elle s’enferme dans ses mensonges ; après tout, "ce ne sont que des mots"...

Femme d’une beauté bouleversante, Yuko, être sensible à la détresse palpable dans le moindre sourire, interprétée par Shinobu Terajima transcendant son personnage ; Yuko est libre, Yuko s’affranchit des contraintes de la société, Yuko ne suit pas les règles établies... Quant à Etsushi Toyokawa, il trouve en Shoichi le rôle d’une vie...

Bouleversante introspection dans l’esprit d’une jeune femme qui trace en filigrane le ressenti d’une génération sans véritable identité, inéluctablement sacrifiée sur l’autel du respect des traditions mêlé au désir d’émancipation insufflé par ses aïeuls. Ces femmes sont peut-être les plus belles ; belles dans cette force apparente derrière laquelle se cache leur fragilité, à l’image de Yuko, magnifique héroïne prise dans le tourment tragique d’une vie qu’elle subie, trop généreuse en amour et en sentiments, une écorchée vive dont l’apparente joie de vivre cache le désespoir le plus profond qui soit... être seule.

Yawarakai Seikatsu faisait par ailleurs partie de la sélection "Regards sur Ryuichi Hiroki" du 8ème Festival du film asiatique de Deauville.
Site officiel du film : http://www.yawarakai-seikatsu.com

- Article paru le samedi 1er avril 2006

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