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Gamera tai uchu kaijû Bairasu - Gamera vs Viras (Destroy All Planets)
Un film de Noriaki Yuasa
Scénario de Nisan Takahashi
Avec Carl Clay, Kojiro Hongo, Toru Takatsuka, Peter Williams, Michiko Yaegaki, Mari Atsumi

Ce quatrième épisode des aventures de Gamera s'ouvre sur un prégénérique qui ne laisse aucun doute quant à la nouvelle orientation de la série, déjà très largement entreprise avec les deuxième et troisième films: Gamera n'est plus un simple Kaijû, un monstre, mais bel et bien un "guardian of the universe" en devenir. En effet, au cours de cette première séquence spatiale, un étrange vaisseau formé de cinq sphères jaune et noir s'approche de notre belle planète, "bleue comme une orange". Une voix - qui s'échappe d'une boule au coeur du vaisseau - déclare vouloir capturer les humains et coloniser la Terre; heureusement Gamera s'interpose et détruit l'envahisseur potentiel, qui s'empresse toutefois de contacter un second vaisseau pour renouveler l'effrayante tentative...
Succède à cette introduction un générique plus tokusatsu que Kaijû eiga, au cours duquel notre tortue préférée évolue dans l'espace au rythme de son thème enfantin, déjà présent à la fin de Gamera vs Gyaos. Aïe aïe aïe... Le pire est à prévoir, et arrive dès que nous mettons pied sur Terre, dans un camp de boyscouts dirigés par M. Shimada.
Alors que les enfants se réunissent pour aller visiter les installations du Int'l Ocean Research Lab, il manque à l'appel deux garnements, Masao et son compère Jim. Nos deux héros - car oui, ce sont eux les personnages principaux du film - sont bien sûr trop occupés à trafiquer les commandes d'un sous-marin expérimental pour répondre présent... Heureusement, ce petit génie de Masao peut communiquer avec sa soeur, sous-chef scout aux côtés de Shimada, à l'aide d'une montre qu'il a lui-même conçue; et tout ce petit monde parvient à se retrouver à temps pour faire une ballade dans le submersible - que les deux sales gosses sont les seuls à pouvoir manipuler, vu que seuls eux savent qu'ils ont inversé les commandes! Une fourberie qui leur permet de s'offrir une promenade aquatique en compagnie de Gamera, leur amie (sic!)... avant que n'arrive le second vaisseau mentionné plus haut, bien décidé à éliminer la créature.
A partir de ce moment, rien ne va plus: Gamera est capturée par un rayon d'énergie, et les envahisseurs, en provenance de la planète Viras, se servent des enfants comme appat pour poser un appareil sur la carapace de la tortue, qui permet aux extra-terrestres de la manipuler à volonté...

Et oui, je vous avais prévenu dans les articles précédents, et c'est arrivé plus tôt que prévu: Gamera vs Viras est un film pour enfants, dans lequel notre Kaijû déshonoré n'a plus qu'un rôle très secondaire - qui plus est manipulé contre l'humanité, qu'il est désormais censé protéger! En soi, cette approche nettement plus puérile que dans les épisodes précédents - il n'y ici aucune trame "humaine" secondaire - ne serait pas un problème si l'esprit des combats de monstres était bien présent. Mais le film se concentre malheureusement sur les déboires des deux enfants au sein du vaisseau en carton qui clignote, et de leur découverte d'une télépathie pour le moins allégée. Quelques scènes de destruction nous sont bien sûr offertes mais - comble du comble! - la plupart sont des stock shots des films précédents, avec notamment un emprunt massif au premier épisode, en noir et blanc!!! De là à crier au scandale, il n'y a bien sûr qu'un pas que je franchis: SCANDALE!

Heureusement pour nous, l'esprit dérangé des scénaristes veille au grain pour nous offrir un final aussi fascinant que... ridicule, il n'y a pas d'autre mot! Car les extra-terrestres n'en sont pas vraiment, ce sont des humains contrôlés par télépathie qui servent de tenues spatiales à des créatures mi-poulpe mi-poirreau, obéissant à un boss du nom de Viras. Mais ce dernier semble bien petit pour affronter un Gamera enfin libéré... qu'à cela ne tienne, toutes nos créatures fusionnent pour former un poirreau géant, absolument superbe dans son inexpressivité (cf photo ci-dessus)! Le combat qui s'en suit est à la fois dantesque et risible; il y a tout de même un moment incroyable au cours duquel Gamera se fait affreusement transpercé par la tête de Viras, à plusieurs reprises... on croit presque au revirement morbide bien sûr, mais il n'en est rien.

Vous aurez compris que ce quatrième opus amorce un virage brutal dans la carrière de la copine de Godzilla: non seulement la série change de ton de façon radicale, mais en plus les combats sont quasiment absents, et l'approche très "poseur" des trois premiers films disparaît complètement.
Reste un point positif toutefois (en dehors du poirreau qui sert d'ennemi final, bien sûr): la présence de la plus que charmante Mari Atsumi (le premier The Razor de Kenji Misumi) au sein de l'équipe des scouts. Je vous laisse d'ailleurs en sa compagnie frivole (on ne rate jamais une occasion sur SdA, n'est-ce pas?) en attendant de vous retrouver pour Gamera vs Guiron... ce cinquième opus choisira-t-il de redorer un tant soit peu le blason de Gamera?

Akatomy - le 22.02.03