Jitsuroku Ando Gumi - Kyoudou-den Rekka, True
Story of Ando's Gang - Legend of Outlaw Fire, Violent Fire
Scénario de Shigenori Takechi
Avec Riki Takeuchi, Ryôsuke Miki, Kenichi Endo, Mika Katsumura, Sonny
Chiba, Yuya Uchida, Tetsuro Tamba, Miho Nomoto, Rikiya Yasuoka
Pendant qu'un homme du main de Mr
Soo, un assassin, tente de venir à bout de celui qu'il considère
comme son père au sein du clan Sanada, Harata Kunisada (Riki
Takeuchi) perd son temps au commissariat. Derrière la vitre
qui le sépare, dans le parloir, de son avocat, Kunisada bouillit,
explose au moment où Sanada lui-même (Yuya Uchida), dans
les rues, s'écroule sous une dernière balle de Soo, en pleine tête.
Le yakuza se jette à travers la vitre, brise la porte du parloir
; plusieurs policiers peinent à le restreindre. Puis il se calme
- momentanément.
Ce "momentanément" est le mot clef
de Deadly Outlaw Rekka. Un instant suspendu au cours duquel
la rage accumulée en trop peu de temps au début du film, peut développer
une inertie dévastatrice - ou s'éteindre.
Kunisada ne croit pas à cette deuxième option.
"La paix? Nous sommes des yakuza.
La paix, ce n'est rien d'autre qu'un conte de fées."
Pourtant Nakajo son boss, semble
tout prêt à accepter les " excuses " du clan Otaki, les membres
de l'alliance Bando se posant en médiateurs pour éviter une guerre
ouverte qui coûterait trop de vies aux différentes organisations,
et leur attirerait les foudres de la police.
Alors Kunisada ronge son frein, jusqu'au moment où il deviendra
l'instrument d'une manipulation visant à rajeunir aussi bien son
propre clan que le clan adverse, et à l'éliminer au passage. Mais
un homme en colère, prêt à tout pour se venger, peut-il réellement
être arrêté?
"Chéris la vie."
Deadly Outlaw Rekka d'une
certaine façon, se situe en parallèle du premier Dead
or Alive. Sa séquence d'ouverture notamment, se veut un
écho de celle de DoA. Moins hystérique et éclatée mais nettement
plus effrayante dans sa violence, elle est construite autour d'un
paradoxe qui s'imposera en identité du film: au terme de la violence,
la mort comme mode de vie. S'y construit en l'espace de quelques
minutes et d'un redoutable acharnement, une colère qui sera incapable
de se dissiper dans l'ensemble du métrage à suivre. C'est alors
que Deadly Outlaw Rekka prend une voie différente de DoA,
qui se reconstitue une inertie au fur et à mesure que le film avance.
Ici dés le départ, les éléments nécessaires à un paroxysme narratif
sont réunis; Miike néanmoins, se laisse le temps de les étirer,
lentement, jusqu'au point de non-retour.
Tout droit sorti des cauchemars
d'un fan japonais de Miami Vice,
Riki Takeuchi incarne ce maëlstrom de violences et de frustrations
qu'est Kunisada. Doublement manipulé - par son organisation et par
le réalisateur - il est le liant des différentes énergies du film.
Son instabilité constitue le cœur de la narration, puisqu'elle permet
à Deadly Outlaw Rekka de changer de visage à tout moment.
Ainsi, comme dans tout film centré sur la rage, avons-nous droit
à d'époustouflants moments de silence, souvent placés en juxtaposition/opposition
directe d'un débordement incontrôlé de violence. Comme ce moment
étonnamment long au cours duquel une jeune coréenne amoureuse de
Kunisada - qui possède lui-même du sang coréen -, terrifiée par
sa capacité à la destruction, décide tout de même de s'accrocher
à lui, de rester à ses côtés. Une scène sublime, presque aussi belle
que la séquence amoureuse de Gozu.
Puis l'inévitable se produit; un
basculement. Filmé de loin comme si Miike s'était lui-même laissé
prendre par surprise - ou peut-être par peur de son propre héros?
-, un guet-apens au cours duquel Kunisada/Takeuchi prend conscience
de son état de marionnette, du fait que sa vengeance a été pervertie.
Miike alors, change une dernière fois de ton, pour reprendre l'approche
exacerbée, très cartoon du final du premier
DoA. Le temps d'une confrontation mémorable entre Kunisada
et Mr. Soo - tous deux très lourdement armés. Et puis, au terme
de l'affrontement à l'issue incertaine - car sans importance
-, rien. Le silence à nouveau, un écran noir qui dure de longues
secondes.
"Mourir est aussi une façon de
se former."
Qui sait si le duo Kunisada / Toyonari
(son fidèle homme de main interprété par Kenichi Endo) est
réellement vivant à la fin de Deadly Outlaw Rekka?
L'ambiguïté demeure, sous une forme presque légère qui renvoie quant
à elle directement à DoA
2. Ce qui est certain, c'est que la rage de Harata Kunisada,
moteur à explosions du film, conserve son inertie bien au-delà du
générique de fin.