Ningen Kyoki - Ai To Ikari No Ringu
Scénario de Hisao Maki , d'après un manga de
Ikki Kajiwara & Nobuo Nakano
Avec Megumi Kudô, Yoshika Maedomari, Chika Matsui, Daisuke Nagakura,
Atsushi Onita, Eisaku Shindô, Combat Toyoda
"Love and anger in death fight jungle."
Un homme urine dans une pissotière ensanglantée,
sous la vigilance de deux malfrats armés. Celui qui répond à l'appel
de la nature dans de telles conditions, n'est autre que l' "arme
meurtrière humaine" du titre - aka Karate Kid -, lutteur
hors norme forcé à participer à des combats sans règles ni limites
pour le compte d'un gangster partiellement défiguré. Afin d'assurer
sa coopération, le vilain brûlé kidnappe même sa petite amie. Il
ne tarde d'ailleurs pas à abuser de la présence de la belle - chanteuse
dans un night club - pour faire souffrir son poulain, en
la transformant en punching ball pour ses féroces combattantes.
A chaque fois, la douleur se mêle à l'humiliation pour la jeune
femme, puisque les différentes catcheuses s'amusent à la taper,
la déshabiller, et même dans un moment de grâce, à lui enfoncer
violemment un pouce humecté dans l'anus. Karate Kid supportera-t-il
longtemps cette situation, en dépit des armes qui le tiennent constamment
en joue?
A Human Murder Weapon est le quatrième film
de Takashi Miike en tant que réalisateur. Produit de V-cinema
fauché branché pro-wrestling ("puroresu"), c'est une
œuvre qui se distingue du lot des direct-to-video traditionnels
par ses "ambitions" narratives - par ailleurs en parfait désaccord
avec une absence totale de budget.
Pour parler ici d' "ambition" bien entendu, il convient de se resituer
dans le contexte. Vous vous doutez que le travail du scénariste
n'effleure pas les aptitudes d'un Christopher Nolan (Following,
Memento), néanmoins A Human Murder Weapon enrichi
son cœur fait de combats plus ou moins violents, avec un jeu alambiqué
de flashbacks - aux allures de Deus Ex Machina. La trame
du film y gagne un côté pour le moins évolutif, puisque les personnages
secondaires vont et viennent sans crier gare, comme celui de la
belle Kaoru. Cette dernière est une ancienne petite amie du Karate
Kid - elle aussi combattante d'exception -, que notre "héros" peu
reluisant a lâchement abandonnée quand il a appris qu'elle était
enceinte, ne lui laissant d'autre mot qu'une enveloppe remplie de
billets. Présente au début du film, elle disparaît du gros de la
trame - remplacée par son équivalente sans cesse humiliée, à vocation
d'exposition de poitrine - pour réapparaître dans la dernière partie
de l'histoire, décidée à retrouver le père de son enfant.
A l'image de ces apparitions/disparitions à la limite du vaudeville,
l'intervention du prof de karate de Kaoru au cours du dernier affrontement
du film tient là encore de l'exploit scénaristique, et offre au
spectateur un bon moment de rigolade.
Au rayon des sourires d'ailleurs, nous retiendrons
une scène dégénérée, annonciatrice d'une certaine facette du style
Miike. Après avoir accepté une fellation de la part d'un de ses
collègues, l'un des hommes de main du défiguré s'éloigne de la caméra
pour discuter en arrière-plan avec le Karate Kid. Pendant ce temps-là
au premier plan, le jeune gourmand recrache une dose ahurissante
de sperme, et entreprend de jouer avec en trempant ses doigts dedans…
difficile d'imaginer que cette scène faisait partie du scénario
dés le départ!
A Human Murder Weapon n'est donc certainement
pas un film remarquable, mais il offre à mon avis à ses spectateurs
potentiels bien plus que la majorité de ses congénères. Sans même
considéré le fond de panier que peu constituer le Kumite - le
ring de la mort de Michael Mileham (pénible film américain
de catch féminin à la trame parente), je ne pense
pas que la majorité des films de "puroresu" offrent autant de combats
féminins que masculins, confrontent le catch au karate, et dénudent
et humilient d'adorables lutteuses mangeuses d'oreilles sur fond
de sécrétions diverses. Le tout dans un décor unique suréclairé,
habité d'une petite douzaine de figurants immuables. C'est donc
certain: nous sommes en 1992 et Miike fait peut-être ses armes,
mais il s'affirme déjà comme un metteur en scène généreux!