2 Fast 2 Furious
Ca alors, je viens de me rendre compte que mon précédent article en ces pages remonte au 2 juin dernier. Un mois. La vache. Un tel délai ne s’explique pas uniquement, force m’est de l’assumer, par des obligations professionnelles pourtant bien réelles. Mais oserais-je vous avouer par exemple que l’absence temporaire de mon chat (fraîchement rentré de classe verte) a retardé ma remise en service ? Que ses ronrons sur mes cuisses augmentent très nettement mes capacités de mise en ligne ? Je ne sais pas si de telles vérités, Striptease félin du pauvre, vous importent réellement. D’autant plus que, après une trentaine de jours d’absence, j’ai choisi de repousser un peu plus mon rattrapage de Dolls, Dogville ou autres chef-d’œuvres potentiels sur grand écran. Ouaip. Tout ça au profit, siouplait, de carrosseries rutilantes (mécaniques et féminines, ne vous en déplaise), de tablettes de chocolat, et d’une globalement très eighties Vice City attitude teintée de Dukes of Hazard. Tout à fait : au diable les monuments cinématographiques, puisque l’été est arrivé ! Pour ma part vous l’aurez compris, c’est 2 Fast 2 Furious qui ouvre le traditionnel bal post-21 juin du film sans neurones qui hurle et qui cogne ; n’allez pas croire pour autant que ce soit ma période préférée de l’année !
On prend les mêmes et on recommence... n’est-ce pas comme ça que fonctionnent traditionnellement, les "Insérer votre titre ici" n°2, 3, etc.? Pas chez Neal H. Moritz visiblement. On surfe sur la carton du The Fast and the Furious de Rob Cohen, certes, mais on lui retire le potentiel charisme de Vin Diesel pour ne conserver que l’essence de Bad Guy de superette de Paul Walker. Sur le papier, le choix est peu rassurant. Puis on annonce que c’est John Singleton, un homme capable de bien des bonnes choses, qui reprend les reines des courses illicites de véhicules sous stéroïdes. Il paraîtrait même que les tracés des compétitions nocturnes s’affranchiraient désormais de la monotonie de la ligne droite. Et puis de toute façon, sans être un fana d’automobile, j’avoue avoir un peu de mal à résister à l’appel du gros film bourrin, alors autant arrêter là les présentations...
Pour avoir participé à la repompe scène par scène du redoutable Point Break (de la non moins redoutable Kathryn Bigelow) à l’occasion de The Fast and the Furious, Paul Walker est écarté des rangs des forces de l’ordre californiennes. Les autorités auraient bien aimé punir Vin Diesel par la même occasion, mais non content d’avoir une carrure et une voix quelque peu dissuasives, le "méchant" du premier opus s’en est allé surfer sur des avalanches et séduire Asia Argento... avec la complicité de son "ami" Paul. Ah oui, ça me revient maintenant : c’est pour cette attitude peu compatible avec la loi que le personnage interprété par Paul Walker, Brian O’Conner, se voit retirer son badge méticuleusement astiqué. Le jeune homme, très en phase avec la culture underground beauf de son temps, déménage à Miami, où il coule des nuits tranquilles de légende du bitume. Serré par la police au terme d’une course victorieuse, Brian fait l’objet d’un deal très "Corleonien" : la taule en adéquation avec son casier riche en effractions, ou la liberté en échange de son aide de pilote au N2O dans l’arrestation d’un vilain trafiquant. Carter Verone (Cole Hauser, chasseur de primes junkie dans l’excellent Pitch Black) en effet, recrute une équipe de pilotes pour une petite course hautement illégale, si l’on en croit l’infiltrée latino de service, Monica Fuentes (Eva Mendes, qui ne risque pas de faire beaucoup d’ombre à notre J-Lo préférée). Brian impose tout de même une condition : faire équipe avec son ex-pote et ex-taulard Roman Pearce (costaud, l’ami Tyrese). Si ce dernier n’est pas forcément ravi de revoir son ami autrefois "vendu à l’ennemi", il cède tout de même plus facilement qu’un cure-dents en balsa ; voilà donc nos deux garnements pilotes à leur tour infiltrés chez Verone, psychopathe adepte de la scène du rat dans le Missing in Action 2 de Lance Hool...
C’est incroyable ce que je peux aimer m’attarder sur des films aussi peu subtils ; de l’assommante course d’ouverture à sa cascade finale légèrement décevante, 2 Fast 2 Furious enfile en effet armure et Docs cockées pour piétiner des œufs frais avec force fracas. C’est bruyant et démesurément stylé, hype et incroyablement kitsch à la fois, et Dieu que ça ne joue pas. Et pourtant, invraisemblablement, ça fonctionne - suffisamment en tout cas pour provoquer rires et sourires, suspense et enthousiasme chez le spectateur.
Sans doute est-ce dû à l’honnêteté désarmante de l’ensemble, de la volonté de faire vibrer avec plus de 400 chevaux sous le capot au racolage visuel éhonté pratiqué par Singleton. Peut-être l’abus de 6.1 EX ou je ne sais quel mixage multipistes rend-il aveugle. C’est aussi certainement parce que la fameuse scène de la "mêlée" (des centaines de voitures ultra-tunées face à une légion de "Miami’s finest"), amusante, ressemble réellement au clou final d’un épisode fantasmé de Sheriff, fais moi peur. A moins que ce soit simplement l’été, son soleil, sa chaleur, et ses jeunes femmes en fleur, toutes prêtes à s’effeuiller discrètement. Qui sait ; toujours est-il que ce 2 Fast 2 Furious, assurément brutal dans sa forme autant qu’aérien dans son fond, est aussi regardable - voire peut-être même plus - que son prédécesseur.
2 Fast 2 Furious est sorti sur les écrans français le 18 juin 2003.




