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P2

aka 2ème sous-sol | USA | 2007 | Un film de Franck Khalfoun | Avec Rachel Nichols, Wes Bentley, Simon Reynolds, Philip Akin, Philip Williams, Arnold Pinnock

Pour certaines personnes, les 35 heures sont une utopie ; ainsi Angela (Rachel Nichols), jeune et jolie workaholic, est-elle encore en train de peaufiner des documents au bureau alors que tous ses collègues s’en sont allés fêter le réveillon de Noël. Lorsqu’enfin elle rejoint sa voiture au second sous-sol de la tour qui héberge ses bureaux, les bras chargés de cadeaux pour ses proches, celle-ci refuse de démarrer. Elle se rend alors au poste de garde pour demander au vigile en faction de lui appeler un taxi. Bienveillant au point d’être agaçant, Thomas (Wes Bentley) essaye d’abord de l’aider à recharger sa batterie pourtant en état de marche, avant de se résoudre à passer un coup de fil. Lorsque le taxi arrive devant l’immeuble, les portes fermées du lobby empêchent Angela de le rejoindre. Elle s’en retourne au poste de garde, exaspérée ; sitôt agressée par un Thomas quelque peu obsessionnel, bien décidé à passer le réveillon en sa compagnie, dut-il la menotter à sa table...

C’est certainement la joie procurée par la vision de Piranha 3D, qui m’a poussé à effectuer une petite séance de rattrapage du P2 de Franck Khalfoun, sorti il y a quelques années déjà, puisque son scénario est co-signé de sieurs Aja et Levasseur. Bien entendu, l’omniprésence à l’écran d’une Rachel Nichols en tenue légère et amplement décolletée, aux prises pendant quatre-vingt dix minutes avec un admirateur psychopathe, n’a en rien amoindri mon intérêt pour l’entreprise. Pourtant, force est de constater a posteriori, n’en déplaise à ce minois trop rare, une posture narrative minimaliste old school, et une chouette exécution à coups de pare-chocs, que P2 manque foncièrement de poisson.

Il faut dire aussi que ce n’était pas le propos, puisque P2 s’aventure plutôt dans la persécution monomaniaque en huis-clos, son action se situant toute entière ou presque, dans la pénombre d’un parking souterrain. Sans autre ressort narratif que les interactions entre son chat et sa souris – si l’on excepte une portion congrue de victimes connexes – on aurait été en droit d’attendre que P2 exploite dans les moindres détails, les possibilités de son troisième protagoniste : le parking qui lui donne son titre. Malheureusement il n’en est rien, et Khalfoun se contente de réutiliser les deux-trois mêmes recoins, rampes et piliers, plutôt que de mettre à profit la topographie des lieux ; n’exploite jamais vraiment la notion de niveau, et encore moins les véhicules à portée de main. Sur ce dernier point, je suis un peu de mauvaise foi, car la seule scène de barbarie du film se construit autour d’une voiture, emboutie à plusieurs reprises dans le corps d’un collègue d’Angela, dont Thomas punit sévèrement le harcèlement sexuel... Tripes à l’air et tête broyée, c’est d’ailleurs bien la seule véritable trace d’Alexandre Aja et Grégory Levasseur que l’on retrouve dans P2.

On s’en retourne donc à la relation qui oppose plus qu’elle les réunit, Angela et Thomas. Là encore, le film fait un peu chou blanc puisque le vigile dévoile bien trop tôt son obsession, tout de Père Noël vêtu. Si Khalfoun se l’était joué René Manzor, c’aurait pu être une bonne idée d’identifier tout de go la menace qui pèse sur Rachel Nichols. En l’état malheureusement, il ne nous reste qu’à subir les sautes d’humeur peu crédibles de Wes Bentley, jusqu’à ce qu’Angela se décide à être plus maligne que lui, et que P2 achève de se tirer une balle dans le pied. Lorsque l’on comprend en effet que le pré-générique du film, qui laissait entrevoir en Thomas un potentiel psycho-killer, n’était qu’une anticipation de la captivité d’Angela, il apparaît évident que cet édifice, réduit à quelques fondations bienveillantes, tourne principalement à vide. Il nous reste alors à profiter de Rachel Nichols, qu’on aurait bien aimé voir évoluer plus longtemps en milieu aquatique - et si possible dans des eaux plus froides, quitte à être si peu vêtue - que ne dure sa tentative de noyade en ascenseur... Vous voyez qu’on y revient : P2, c’est clair, souffre d’une carence en poisson !

P2, sorti sur les écrans français en 2008 (le 5 mars pour être précis), est disponible en DVD, et p’t’être même en Blu-ray, où que tu veux tu choises.

- Article paru le mercredi 20 octobre 2010

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