28 Days Later
Danny Boyle réalise un film de zombies... et peut dire merci à George A. Romero.
Les lecteurs assidus de Sancho le savent bien, les films de zombies on adore ça. Malheureusement, à l’exception d’un Resident Evil sympa mais formaté pour faire peur à un gamin de cinq ans (qui de toute façon ne peut pas entrer dans la salle, vu que le film est interdit aux moins de 13 ans) et un Versus ultra joussif qui a dû rester en salle environ une petite semaine (pardon, deux petites semaines), il faut bien reconnaître que nos chères têtes décharnées se font plutôt rares sur nos écrans.
Et voilà qu’un jour, on nous annonce que Danny Boyle, s’apprête à livrer sa propre version du zombie-movie. Malgré toute la sympathie du bonhomme, j’avoue quand même avoir eu quelques appréhensions (une insolation sur une plage et c’est la catastrophe assurée... heu désolé). Et puis les premières photos sont apparues dans les journaux, dévoilant en particulier le look des zombies (plus exactement des infectés), et autant le dire tout de suite les appréhensions (petites les appréhensions, quand même) n’ont pas tardé à fondre aux soleil. Pour reprendre une célèbre pub de boisson des années 80, "on ne résiste pas à l’appel du B... heu des zombies".
Un groupe de jeunes protecteurs d’animaux investissent un laboratoire secret, pour délivrer un groupe de singes soumis à des expériences pas très catholiques. Ils sont interrompus par un scientifique qui les met en garde de ne pas ouvrir les cages, car les singes sont porteur d’un virus extrêmement dangereux. Evidemment, personne ne l’écoute et une jeune femme délivre l’un des singes. Mal lui en prend, car le singe l’attaque férocement, en la mordant au cou. En un instant elle est infestée par le virus, et se transforme en une furie complètement incontrôlable qui s’en prend au reste du groupe... la contamination a commencé.
28 jours après, Jim (Cillian Murphy) se réveille dans un hôpital. A peine sorti, il s’aperçoit alors qu’il se trouve dans Londres, déserté par la population. Seul ? Pas vraiment : les infestés ont pris le contrôle de la ville...
Autant être clair tout de suite, si le film plaira peut-être à ceux qui n’ont jamais vu un film de zombies, il risque par contre de diviser tous les autres, en particulier les fans de la trilogie de George A. Romero. Car le gros problème de 28 Days Later, c’est qu’il existe déjà sous la forme de trois films : Night of the Living Dead / Dawn of the Dead / Day of the Dead. Certains argumenteront que Boyle a voulu rendre hommage à la trilogie d’horreur la plus culte du cinéma, pour ma part j’appelle cela du pompage pur et simple.
Pourtant la première demie-heure du film est plutôt réussie, une attaque de singe vraiment foudroyante, une transformation flippante (avec joli crachat de sang), Jim déambulant dans les rues désertes de Londres (ça fait toujours son petit effet), la première attaque des infestés, le premier contact de Jim avec des survivants jusqu’au retour dans la maison familiale... des scènes certes classiques mais qui fonctionnent bien, et nous mettent parfaitement dans cette ambiance de fin du monde.
Malheureusement, très vite les choses se gâtent et les ressemblances avec la trilogie de Romero commencent à apparaître. Passe encore le personnage de Selena, qui rappelle le héros de Night of the Living Dead, un personnage fort qui semble la seule à pouvoir prendre les choses en main, et qui garde son sang froid face à la situation (analogie renforcée par le fait que les deux personnages sont noirs). Mais ensuite, quand Jim et Selena décident de quitter la ville en compagnie d’un père et sa fille pour essayer de trouver un endroit plus calme pour réorganiser leur vie, on nage alors en plein Dawn of the Dead avec une scène dans un supermarché, puis dans une station essence qui est l’exacte réplique de celle du film de Romero. On crie déjà au scandale mais malheureusement tout cela est loin d’être terminé, car après Dawn of the Dead, c’est au tour de Day of the Dead de faire son entrée en piste, avec ses militaires réfugiés dans un château transformé en fort. Militaires bornés, qui vont bien évidemment se révéler très vite plus dangereux que les infestés eux même. Et si il n’y pas trace de scientifiques, on ne nous épargne même pas le zombie tenu en captivité afin d’être étudié.
En fait c’est bien simple, on a l’impression que finalement Danny Boyle ne sait pas où aller avec son histoire, et qu’il a préféré piocher dans des films qui ont fait leurs preuves pour finir le sien.
Adieu donc l’originalité (tout le monde ne s’appelle pas Peter Jackson), et penchons nous alors un peu sur nos zombies/infestés préférés. Il faut reconnaître qu’ils sont une des rares bonnes choses du film. Ici pas de traînes savates, les infestés sont d’une rapidité effrayante (des vrais coureurs de fond) et leurs attaques sont d’une sauvagerie peu commune. Ce sont vraiment des fauves atteints par la rage, qui peuvent contaminer n’importe qui par le sang (la plupart du temps ils en ont plein la bouche et sur le corps), ce qui les rends vraiment attractifs.
Un film gore me direz vous ? Et bien à peine, en tout cas très loin des débordements des classiques du genre, déjà parce que beaucoup de scènes se passent dans le noir (évidemment ça aide pas), et aussi parce que pour essayer de nous foutre la pétoche, Danny Boyle a cru bon de filmer les attaques des infestés avec une caméra bien tremblotante, qui part dans tous les sens (vive la DV !!!). Résultat, la plupart du temps les scènes sont complètement illisibles. Ca marche la première fois, on est scotché à son fauteuil - surtout que ce manque de lisibilité est accompagné d’une bande son poussée à fond -, mais quand toutes les scènes sont traitées sur le même procédé, ça devient vite lassant (surtout pour la tête). A croire vraiment que les Romero, Carpenter, Hopper, Raimi et autres n’ont jamais existé.
Vous l’aurez compris, ce n’est donc pas avec 28 Days Later que les films de zombies connaîtront un nouvelle essor. Pas si grave finalement, cela ne m’empêchera pas d’attendre le prochain avec impatience (je vous répète qu’on adore ça). Tenez pour changer, si je me faisais un petit mélo indien (Devdas, trois heures de bonheur !!!). Bonne idée ça, à quand un mélo zombie chanté ???
Le film sortira dans nos salles le 28 Mai prochain. Une édition collector deux DVD pour l’Angleterre existe déjà.




