4-16 productions
L’univers du court-métrage est sûrement l’un des viviers les plus prometteurs de talents. Il est aussi un joyeux pays où l’on croise le pire comme le meilleur. 4-16 fait heureusement partie du meilleur. Là où d’autres s’évertuent à faire des produits sans âmes et profondément impersonnels, 4-16 se différencie de la masse par une passion du cinéma de genre. Celle qui se palpe et se ressent sur chaque centimètre de la pellicule, qu’ils offrent en pâture à nos petits yeux de cinéphiles avides de vrai cinéma de genre. Celui qui n’est pas encore passé dans des mains l’ayant méchamment formaté. Partons donc faire un rapide voyage dans les arcanes du cerveau d’un de ses deux créateurs : Pascal Sid.
Sancho : Pouvez vous nous parler de la création de 4-16 productions ?
Pascal Sid : 4-16 productions est née d’une association entre deux réalisateurs, plusieurs comédiens et techniciens qui désiraient produire des courts métrages. Partant de cette association, les films devenant de plus en plus ambitieux et nécessitant des moyens plus conséquents, il fut impératif de créer cette production afin de pouvoir louer du matériel chez les prestataires professionnels.
Cela a commencé en 1998, avec plusieurs petits courts en Hi8, pour maintenant devenir une boîte de production capable de produire des courts en super 35 mm avec des comédiens et techniciens de renom.
Comment en êtes-vous arrivés à collaborer ensemble... ?
Naturellement. Nous nous connaissons depuis l’enfance, et après une scolarité passée ensemble, il semblait logique que nous fassions nos films ensemble. De cela, découle une énergie, un pouvoir de persuasion plus grand, et une très bonne réactivité sur des tournages souvent peu lotis en budget, par rapport aux ambitions des projets.
Comment se répartissent les rôles sur les tournages ? Deux réalisateurs, cela peut parfois occasionner des problèmes ?
Les problèmes entre deux reals sont souvent une question d’ego : ici pas de problème, puisque nous faisons tout ensemble, de concert, et toujours dans une très bonne humeur. Découpage, direction d’acteur, écriture... Pas de soucis à ce niveau là.
Quel est dans vos premiers courts, celui dont vous êtes le plus fier ?
Je dirais HK, puisqu’il nous a permis de nous faire connaître en tant que faiseurs d’images, et ce dans le monde, puisqu’il a connu un grand succès, que ce soit en France, mais aussi aux USA, au Canada, et même à Hong Kong... lol .Il dégage une énergie et une inspiration très « Chinoise », parce que nous devions tourner très vite, et surtout sans moyens démesurés. Cela se ressent à l’image, et c’est ce qui a plu à notre public.
Quel est aujourd’hui votre ambition dans l’univers du cinéma de genre français ?
Notre ambition : réaliser des films qui peuvent rivaliser avec une production américaine, dans n’importe quel genre que ce soit. La France en est capable, pour peu qu’on soigne les scénarios, et qu’on laisse la chance a des réalisateurs visuels de s’exprimer réellement (à la manière d’un Kassovitz, de Jeunet et Caro, ou bien de Besson).
Comment sont venues les idées de HK et de 6 Hours ?
HK était à la base une scène pilote d’un long métrage du même nom, on en trouve d’ailleurs les traces dans certains sites, mais qui ne s’est jamais fait, faute de moyens et de producteur. Le scénario était écrit, et traitait d’un duo de flics dans le milieu des triades. Nous avions tourné cette séquence de combat pour montrer aux financiers que nous avions assimilé les méthodes chinoises en matière de combats et de filmages.
Mais justement, sorti de ce contexte, le film a été diffusé, vendu, et très souvent apprécié, mais toujours avec la même critique, le scénario. C’est donc pour palier à ce défaut que nous avons décidé, avec Emmanuel Lanzi et Patrick Vo, de tourner un film d’action plus long, avec un scénario plus présent. Un mélange de Running Man et de Battle Royale, possédant un petit message et une intrigue, plusieurs personnages, et propice à l’action, dans toutes ses formes. C’était a l’époque de l’émergence de la Real TV, et nous détestions ça ; c’était un bon moyen de se moquer de ce type de programme tout en faisant ce qui nous plaisait.
La mise en image de ces deux films a du être un véritable parcours du combattant...
Concernant HK, pour se faire une idée, il faut savoir qu’on tourne en général en fiction 15 à 20 plans par jour en pellicule, sachant que la lumière et la régie prennent beaucoup de temps en installation. La moyenne la plus haute pour HK a été de 60 plans en une journée !
La mise en image a été éprouvante, autant pour nous que pour les comédiens, Patrick Vo en tête, puisqu’il était présent sur la quasi-totalité des scènes, et très souvent en action. Au final, en résulte un film possédant 200 plans montés ; pour un tournage de 4 jours et demi, faites le compte...
6 Hours est un peu différent, le tournage étant en numérique, sans régie, et sans délai de tournage réel. Celui-ci s’est étendu pendant plus de 9 mois, à cause des disponibilités diverses des comédiens et techniciens, et surtout du temps. Mais le tournage a été très sympa, il est d’ailleurs possible d’avoir une grande vision d’ensemble sur le making of dispo sur le DVD. Il a été éprouvant pour Manu Lanzi sur sa séquence d’action, puisqu’il a tourné pendant 6 heures d’affilés ses chorégraphies, en une journée, ce qui lui a valu de bonnes courbatures le reste de la semaine à ce que j’ai cru comprendre...
Quelles ont été vos références majeures pour ces films ?
Pour HK, nos références ont été très diverses, mais très ciblées Hong Kong, logiquement : d’abord les 3 premiers Il était une fois en Chine, puis Drunken Master 2, Fist of Legend pour les scène de fight pied-poing, et tous les films de John Woo, en particulier Hard Boiled pour les gunfights.
Pour 6 Hours, nous revenions vers un style plus sauvage, moins chorégraphique : il faut citer donc Running Man et Battle Royale pour le scénario, bien sûr tous les films cités précédemment, mais nous étions aussi influencés par les vrais combat du Pride FC ou bien du K-1 pour les chorégraphies. Au niveau de la photo, on est proche de l’étalonnage très particulier de Minority Report, la pellicule en moins, et des angles de Time and Tide de Tsui Hark (toujours lui).
Quelle a été l’ambiance sur le tournage ?
Très détendue, c’est notre marque de fabrique. A voir sur les différents making of, nous ne prenons pas 10 heures pour tourner une séquence, et bien souvent, nous laissons les gens qui travaillent avec nous nous faire des propositions. Nous avons une vision très claire, mais nous nous considérons quand même comme des rassembleurs, plutôt que des chefs d’orchestres : chaque technicien ou comédien est choisi pour qu’il ajoute sa touche, selon sa spécialité, ce qui permet d’obtenir des films plus riches, et très fournis au niveau des idées.
Quel a été le principal défi sur le tournage de 6 Hours et HK ?
Le défi de HK a été de réussir à tourner un film qui pourrait facilement subir la comparaison avec des séquences de combat de Hong Kong, et prouver qu’en France aussi nous pouvons tourner des scènes de combat chorégraphié qui tiennent la route. Selon la presse, le pari est réussi.
Le défi principal de 6 Hours a été de le finir !! Le tournage à rallonge et le montage son, en passant par l’édition nous ont vraiment paru très longs, voire interminables, et rien que le fait qu’il soit achevé est une satisfaction pour nous.
Quel est votre état d’esprit avec le tournage de Avant l’Aube qui se profile à l’horizon ?
Notre esprit n’est pas tourné vers Avant l’Aube malheureusement : le film est énorme, disproportionné, et les financements ne sont pas encore d’actualité. C’est un projet qui n’a pas encore de date de tournage.
Avant l’Aube représente-t-il ce que vous estimez être votre passeport avant un possible passage au long ?
Et bien il semblerait que non, puisque nous sommes déjà en cours d’écriture avec un producteur de notre premier long métrage, notamment grâce à nos derniers courts métrages, El Derechazo et Le 6ème homme. Nous sommes également entrés dans le monde de la pub, avec notre premier film publicitaire pour Quad production. Donc Avant l’Aube représenterait plutôt notre adieu au court métrage, mais cela si on nous en donne l’occasion, sinon, notre adieu sera Le 6ème homme.
Pouvez-vous nous dire un mot sur le tournage du 6ème homme ?
Le tournage s’effectuera durant la deuxième semaine de Mai, avec François Levantal, Joe Prestia et Ludovic Berthillot entre autres comme comédiens, Michel Abramowicz à la photo, et William Abello a la déco. TPS Star nous suit pendant toute la prépa du film, dans l’émission « premier clap ». C’est un polar dans un lieu unique, qui laissera la part belle au jeu d’acteur, et à la mise en scène.
Interview réalisée à Paris le 10 avril 2005, dans le cadre de la sortie de 6 Hours en DVD.
4-16 productions en image sur http://www.4-16prod.com/.
Le DVD de 6 Hours sera bientôt disponible à la vente dans une édition digipack, bourrée de bonus et de films surtout.


