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Corée du Sud

H

Corée du Sud | 2002 | Un film de Lee Jong-hyuk (Lee Jong-Hyeok) | Avec Ji Jin-Hee, Yeom Jeong-A (Yeom Jung-ah), Jo Seung-Wu (Cho Seung-wo)

Les cadavres d’une jeune fille et de son bébé, violemment mutilés, sont retrouvés dans une décharge municipale. Le détective Kang (Ji Jin-hee), frais émoulu de l’école de police, rejoint l’officier Mi-yeon (Yeom Jung-ah) et l’équipe chargée de l’enquête sur les lieux du crime. Quelques jours plus tard, une femme enceinte est éventrée dans un bus sans que le chauffeur ne s’en aperçoive...

Mi-yeon fait alors le rapprochement avec une série de six meurtres ayant pris fin dix mois auparavant. Le tueur, Shin Hyun (Cho Seung-wo), est actuellement emprisonné après sa reddition à la police. Tout en enquêtant sur une probable troisième victime (une lesbienne qui devra avoir les oreilles coupées), le détective Kang décide de rendre visite au tueur en série. Lors d’une scène d’affrontement psychologique qui rappelle inévitablement Le silence des agneaux, Shin Hyun réussit à déstabiliser Kang en citant (entre autres) Nietzsche : "si tu regardes trop longtemps dans l’abîme, l’abîme regardera en toi". Kang, tout embrouillé dans sa tête, comprend cependant que Shin Hyun est intiment lié à cette deuxième série de meurtres.

Parallèlement, nous découvrons que le détective chargé de la première enquête s’est jeté par la fenêtre peu de temps après l’affaire, et qu’il était le fiancé de Mi-yeon. Alors que les meurtres continuent malgré l’arrestation d’un premier copycat, les deux détectives doivent se résoudre à rendre de nouveau visite à Shin Hyu...

Du sang (beaucoup de sang), de la pluie, un festival de lampes torches dans le noir, des flics borderline et un psychopathe machiavélique, mais c’est Se7en me direz-vous ? Disons simplement que ça y ressemble beaucoup, mais que cela ravira tous ceux que Se7en a laissé sur leur faim.

Si le film comporte également de nombreuses similitudes thématiques avec les adaptations des livres de Thomas Harris, il reste plus proche cependant du Sixième sens de Michael Mann (première adaptation, rappelons-le, de Dragon Rouge) ou d’un film comme Cop de James B. Harris (d’après Ellroy) que du Silence des agneaux précédemment cité. En effet, ce polar très très noir, magnifiquement photographié par l’australien Peter Gray, s’attache à décrire cette relation particulière qui s’instaure entre les enquêteurs et le psychopathe qu’il poursuivent.

Là où la symbolique creuse d’un The Cell échoue lamentablement à recréer l’incursion d’un esprit sain dans le monde de la folie, H nous emmène insensiblement vers les rivages de la schizophrénie paranoïaque. L’histoire individuelle de chaque détective et les enjeux respectifs qu’ils placent dans la résolution de l’enquête (vengeance, reconnaissance, rédemption...) permettent au réalisateur de s’attarder sur la manière dont chacun tente d’assimiler le monstre pour mieux le capturer... au risque de se laisser envahir par lui.

Yeom Jung-ah (vue dans Chunhyang d’Im Kwon-taek) se distingue par une composition stoïco-hermétique de la plus pure tradition coréenne (même une injection massive de Botox ne lui défroncerait pas les sourcils). Jin Ji-hee, quant à lui plus habitué aux romances et aux TV Dramas (Love Letter, Passing Rain...), se révèle ici assez convaincant dans son contre-emploi de flic glissant progressivement vers le pétage de plombs total.

Plus vulnérables qu’il n’y paraît, nos deux protagonistes ont du mal à concilier leur équilibre mental et le rythme d’une enquête qui les plonge dans un jeu de miroirs et de manipulations aux limites du fantastique. Leurs investigations suivent le rythme de plus en plus chaotique imposé par un Shin Hyun (Cho Seung-wo moyennement flippant dans son rôle de psychopathe omniscient) qui semble être le seul à détenir le fin mot de l’histoire. Il vous faudra, comme eux attendre la dernière image du film pour le découvrir, à moins que vous n’ayez utilisé votre cerveau entre temps.

Malgré quelques lourdeurs lorsque le film tente d’injecter une dimension sociale à son propos (Kang est l’enfant d’une prostituée et ne supporte pas qu’on traite une femme de pute !), H reste un polar de bonne facture, qui revisite le genre de manière stimulante. Un cocktail d’influences, un film de scénariste, certes, mais efficace et assez prometteur. A découvrir en attendant de voir ce que Lee Jong-hyuk nous réserve pour la suite.

H est disponible en DVD coréen (NTSC - all zone) édité par Cinexus.

- Article paru le jeudi 28 août 2003

signé Chris Prols

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