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Japon

9souls

Japon | 2003 | Un film de Toshiaki Toyoda | Avec Yoshio Harada, Kee, Ryuhei Matsuda, Onimaru, Mame Yamada, Koji Chihara, Itsuji Itao, Takuji Suzuki, Genta Dairaku, Misaki Ito, Kotomi Kyono, Miako Tadano, Asami Imajuku, Anne Suzuki, Takako Matsu

4ème film de Toshiaki Toyoda juste après avoir rencontré le succès grâce à l’adaptation l’année dernière du manga Aoi Haru (Blue Spring, avec justement Ryuhei Matsuda), 9souls porte autant la marque d’une certaine maturité en même temps qu’il ne réussit pas complètement à renouer avec l’ardeur de son premier long métrage, Pornostar (dans lequel Kouji Chihara, que l’on retrouve ici, interprétait le personnage principal).

9souls est un road movie qui nous fait suivre l’errance de neuf hommes qui viennent juste de s’échapper de prison. D’après les indications d’un prisonnier ayant sombré dans la folie, une importante somme d’argent se trouve cachée dans un lieu qu’il leur a indiqué. Au cours de leur voyage en camping-car pour aller récupérer l’argent, on en apprend un petit peu plus sur chacun des protagonistes et sur ce que chacun désire véritablement faire de sa liberté retrouvée.

Évidemment, le groupe de prisonniers et la somme d’argent cachée ne sont ici que des prétextes à une étude de caractères. Car de la prison exiguë, ils se retrouvent tous dans un lieu tout aussi exigu (le camping-car), mais lorsque la somme d’argent convoitée par tous devient un mirage tout cela ne peut que résulter dans la dispersion du groupe.

Des neuf membres très différents de ce mystérieux groupe, Toshiaki Toyoda offre un traitement plutôt inégal. Le plus âgé (le vétéran Yoshio Harada, vu dans des films tels que Trail of Blood, Lady Snowblood 2 ou encore Triple Cross) et le plus jeune (Ryuhei Matsuda) sont les deux personnages privilégiés tandis que les autres sont plus l’occasion à de l’humour touchant souvent au tragique voire au pathétique. La dispersion du groupe évoque quant à elle la séparation du groupe de braqueurs dans Drive (Sabu, 2002). Toshiaki Toyoda semble convaincu que l’on ne peut échapper à son destin - qui, dans le cas présent, est plutôt malheureux pour la plupart des personnages. La prison apparaît comme une simple parenthèse qui ne change pas les hommes (un des personnages médecin retrouve une cliente, les autres sont rattrapés par leur passé et souvent par ce qui les a conduit en prison). Le nombre important de personnages (peut-être trop pour une durée de 120 minutes) donnant valeur de généralité à cette assertion.

En filigrane, c’est aussi l’étrange relation de haine/amour qui lie le plus jeune du groupe (condamné pour parricide) au plus âgé (qui a tué son fils). Cette relation prend toute sa dimension et sa force dans le fait même qu’elle reste totalement absente du film (elle est plutôt sous-entendue) mais n’est pas sans évoquer celle au centre de A Bright Future de Kiyoshi Kurosawa. Toutefois, au contraire de ce dernier qui parle entre autre d’un conflit de générations, dans 9souls la relation est tout autre et c’est plus aux sentiments communs éprouvés par les deux hommes que Toshiaki Toyoda s’intéresse. Et comment ils s’exprimeront de manières très différentes, puisque l’un cédera à nouveau à une extrême violence tandis que c’est plutôt un sentiment de résignation qui domine chez l’autre.

On commence à le savoir, Toshiaki Toyoda aime la violence et 9souls s’en ressent. Quelques scènes brutales, comme on en trouvait dans Blue Spring et Pornostar, parsèment le film. L’ensemble prenant le ton d’une tragédie humaine aussi simple que radicale. Cependant, la violence exprimée ici apparaît moins justifiée que dans les films précédents où elle était soit intrinsèque au personnage (Pornostar), soit liée à l’atmosphère du manga originel (Blue Spring).

Si Toshiaki Toyoda aime la violence, il aime aussi la musique. Dip, qui avait déjà signé la musique de Pornostar, signe ici la B.O. de 9souls. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la bande son en elle-même, on regrettera que celle-ci prenne parfois une part trop importante. Et comme dans Blue Spring, on a le droit à des séquences au ralenti avec musique à fond. Sympathiques mais un rien lassantes. Sauf la belle scène d’échappée de prison qui sert à présenter les personnages et qui fait penser à une scène du second volet de la série des Sasori.

Sans aucun doute, 9souls marque clairement la maturité acquise par Toshiaki Toyoda. Plus personnel et plus abouti que Blue Spring, il lui manque cependant la verve d’un Pornostar dont 9souls ne conserve que la violence.

9souls est sorti le 19 juillet dernier sur les écrans japonais.

Site officiel : http://www.9souls.com

- Article paru le vendredi 8 août 2003

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