A Lonely Place to Die
Un petit groupe d’alpinistes, en escapade dans les massifs écossais, trouve une jeune fille d’Europe de l’est enterrée vivante dans la forêt, sa voix portée par un simple conduit d’aération. Ils décident de lui venir en aide, sitôt pris en chasse par ses ravisseurs qui usent des dangers du terrain pour les éliminer, ou les exposer à la merci de leurs fusils à lunette…
Alors que bon nombre de films d’horreur, survival ou non, adoptent pour étincelle narrative un traumatisme émotionnel, perte d’un être cher ou équivalent, A Lonely Place to Die se contente d’en évoquer la possibilité. Dans les premières images du second métrage de Julian Gilbey, Alison (Melissa George, Turistas, WΔZ) et Ed (Ed Speelers) contemplent la beauté paisible des paysages offerts par leur ascension, quand ce dernier, mal sécurisé, décroche, entraînant sa compagne dans sa chute. Plus de peur que de mal au bout de la corde, mais tout de même : l’environnement affirme ainsi sa menace avant même qu’un facteur externe perturbe l’aventure des montagnards.
Aussi, lorsque nos héros entendent les appels au secours de la jeune Anna, Gilbey peut laisser l’ombre pesante de la montagne planer en background de la végétation écossaise. Créant un nouveau terrain d’angoisse décontextualisé de l’environnement – qui est cette jeune fille et que fait-elle là, et surtout, ne va-t-on pas venir à sa poursuite ? – le réalisateur déploie progressivement une tension gigogne, qui enferme les protagonistes dans un étau d’à-pics, de torrents et de persécution à distance. Car lorsqu’ils s’abandonnent aux dangers d’une descente en rappel, les fuyards s’exposent forcément aux scopes de leurs poursuivants, à leurs lames trancheuses de lignes de vie, sans aucun moyen de défense.
La grande majorité de A Lonely Place to Die bénéficie donc d’un suspense impeccable, tendu à bloc par ces superpositions d’oppressions. Le personnage d’Alison, incarné avec autant de puissance que d’instinct maternel par la magnifique Melissa George, nouvelle reine de l’horreur indy anglophone (cf le remarquable Triangle de Christopher Smith, sur lequel il faudra que je revienne un jour), paraît longtemps s’y user à vide, tant chacune de ses réactions, si courageuse soit-elle, semble diminuer ses chances de survie. Autour d’elle, les seconds rôles tombent (plus ou moins littéralement) comme autant de coups directs, sèchement, sans que le réalisateur ait besoin de forcer le trait graphique, si l’on excepte quelques abus de ralenti. Et Gilbey n’omet pas non plus, pour le plaisir, d’emballer l’ensemble dans une ultime narration, transformant les poursuivants mêmes en proies d’un mal supérieur.
La seule faiblesse d’A Lonely Place to Die – la chute de rythme de sa toute dernière partie – est inévitable, puisque de conception. Au fur et à mesure qu’Alison et Anna avancent, se défaisant d’une couche d’oppression après l’autre (la montagne, la forêt, etc.), la tension en œuvre s’atténue en proportion, moins protéiforme et surprenante, plus précise et directive. La faute aussi à l’honnêteté du scénario, qui n’abuse d’aucune fausse route ou théorie avortée, ne tente jamais d’occulter les différentes facettes de sa narration : Gilbey court à perdre haleine jusqu’à sa cynique résolution, toute de gris teintée et pour le coup un rien bavarde, sans jamais se retourner. Et livre, en empruntant tant et si bien de part et d’autre qu’il se construit une identité propre, l’une des œuvres de suspense les plus rafraichissantes et prenantes de ces dernières années.
A Lonely Place to Die est disponible depuis peu en France sous le titre Poursuite Mortelle, en DVD et Blu-ray. Il existe par ailleurs des éditions UK sur les deux supports, beaucoup moins chères dans les deux cas mais privées de sous-titres français.






