A Man Who Went to Mars
La vie est ainsi faite ; lorsqu’à l’âge de sept ans So-Hee reçoit pour la première fois un cadeau des mains de son père, c’est aussi la dernière. Déclarant s’en aller pour Mars dans le but de pacifier le peuple de la planète rouge, le père de la petite fille décède deux jours plus tard. So-Hee elle, s’accroche à son cadeau - un globe rempli d’eau et d’étoiles - persuadée que celui-ci la rapproche de son père en voyage. Un jour alors qu’elle perd le précieux globe au fond d’une rivière, So-Hee écrit une lettre à son père. Le petit Seung-Jae qui est secrètement amoureux d’elle, récupère la missive à vocation interplanétaire ; il apprend en la lisant que So-Hee compte rejoindre le défunt. Inquiet, Seung-Jae décide de répondre à son amie en se faisant passer pour le "voyageur", afin de la convaincre de rester à ses côtés. S’il y parvient, il ne peut cependant empêcher le départ de So-Hee pour Seoul...
Quelques années plus tard, Seung-Jae (Shin Ha-Gyun) qui est resté dans le village de son enfance, y travaille en tant que facteur. Enfant généreux, il est resté égal à lui-même et n’a d’adulte que sa carrure ; son sourire permanent trahit sa naïveté face à toutes les choses de la vie. Sa gentillesse non plus n’a pas changé, et le facteur usurpe la plume de So-Hee (Kim Hee-Seon) pour satisfaire les attentes de sa grand-mère délaissée. Lorsque So-Hee, employée dans une grande société coréenne, revient dans le village pour quelques jours, le cœur de Seung-Jae se met à brûler d’une flamme nouvelle...
Second film de Kim Jeong-Gweon, A Man Who Went to Mars est une comédie romantique nettement plus réussie que son prédécesseur, l’inégal et maladroit Ditto. Il partage toutefois avec lui sa préoccupation pour le "changement" coréen.
Le village dans lequel Seung-Jae et So-Hee ont grandi, appartient en effet à ces paysages ruraux que le temps semble avoir oublié, l’urbanisation démesurée du pays, épargnée. Pourtant comme le préfigurent les premières images immergées du film - anticipant la disparition du village au profit de la création d’un barrage - même ce lieu ne peut se permettre de rester en l’état plus longtemps. Le temps du film, ce village en suspension est par conséquent le théâtre d’une lutte nostalgique, en faveur d’un passé condamné.
Ce passé, c’est Seung-Jae qui l’incarne. En tant qu’habitant des lieux tout d’abord, mais aussi en ayant oublié de devenir adulte. L’innocence merveilleuse - car absolument altruiste et douce - qui est sienne, le fige à jamais comme appartenant à cette époque où son chemin s’est éloigné de celui de So-Hee. Si l’histoire décide de les réunir, c’est par conséquent pour raviver la flamme de souvenirs trop vite oubliés, mais aussi pour confronter deux facettes d’une Corée du Sud qu’il convient de qualifier d’ "à deux vitesses". Deux vitesses bien entendu, qui ne peuvent éternellement être propices à la cohabitation...
Triste sans être véritablement douloureux, A Man Who Went to Mars est globalement très bien mis en scène et interprété (magnifiques sourires de Shin Ha-Gyun) - sans être pour autant exempt de défauts. La narration est régulièrement trop implicite à force de vouloir être subtile, et la seconde partie est par trop mélodramatique, et un tantinet trop longue. Mais dans son ensemble, cette seconde réalisation de Kim Jeong-Gweon réussit là où Ditto avait échoué : à savoir, grâce à son humanité et sa poésie dénuée d’arrière-goût cynique, à nous toucher et nous émouvoir.
A Man Who Went to Mars est disponible en DVD coréen et en DVD HK.
Si je n’ai pas vu le second, le premier (édition collector enrichie de cartes postales et d’un morceau de pellicule) est superbe à tous les niveaux.

