A Perfect Match
Kim Hyo-jin est employée dans une agence matrimoniale ; sa mission consiste, pour chaque homme ou femme qui vient s’inscrire à l’agence, à leur proposer 12 partenaires potentiels et à concrétiser, au terme de ces 12 tentatives, une union. Un métier délicat lorsque l’on a à faire à des loustics comme Park Hyun-su : tête en l’air et d’une nonchalance frisant l’impolitesse, Hyun-su est constamment en retard et ne fait aucun effort vestimentaire lorsqu’il doit rencontrer une jeune femme - quand il n’oublie pas simplement de pointer le bout de son nez. Hyo-jin, bientôt la trentaine, cache derrière ses étranges sourcils sa véritable nature de célibataire : elle n’a pas dit à ses trois amies, célibataires elles aussi, que son petit ami l’avait quittée, et redoute d’entamer une nouvelle décennie sans s’être vu mettre la bague au doigt. Maladroite et un peu garçonne, Hyo-jin s’éprend, de loin, de son incorrigible client. Mais lui, qui n’arrive pas à se souvenir de ce qui l’ennuie, ne parvient même pas à mémoriser son prénom...
Un pitch classique pour une thématique qui ne l’est pas moins : la peur de tout un chacun, arrivé à un certain âge, de vivre sa vie privé d’une moitié ; et, par conséquent, l’envie pressante de trouver homme ou femme à épouser avant de passer le cap des trente ans. A Perfect Match, premier film de la jeune réalisatrice Mo Ji-eun, a tout du film simple, classique au point d’être vu et revu. Pourtant, au travers de choix particuliers, cette comédie romantique et consciente de l’être se détache du lot de façon singulière, sans atteindre des sommets mais en se dessinant une personnalité attachante.
Le choix de l’interprète de Hyo-jin déjà - seul point d’intérêt du film, puisque tout le film tourne autour d’elle, ne nous montrant l’objet de son affection que lorsqu’elle interagit avec lui -, est pour beaucoup dans la singularité du film : Shin Eun-kyung, fraîchement auréolée du succès de My Wife is a Gangster, renoue en 2002 mais sans « oopa » avec sa personnalité argentique ; à savoir prétendument dépourvue de sex appeal, maladroite et impossible à caser. Hyo-jin toutefois, ne possède pas comme Eun-jin de talent martial pour imposer sa volonté ; le problème réside justement dans son absence de courage, qui la pousse à vivre le mensonge d’une relation pour paraître intégrée dans la société. Qui serait dupe pourtant ? Si l’on ne saurait reconnaître, comme l’indique l’un des gimmicks récurrents du film, le célibat de Hyo-jin dans ses sourcils peu esthétiques ( ?!?), son comportement avec ses amies - le simple fait de rester si souvent en leur compagnie - en dit long sur ses velléités sentimentales. Et lorsque Hyun-su, à sa façon tout aussi maladroit, fait son apparition, Hyo-jin est forcée de faire face à la réalité de sa situation.
A Perfect Match est dès lors parcouru d’un désespoir léger mais constant, face à la société qui incite les gens à vivre en couple, face à la nature humaine qui ne saurait se contenter de la solitude, face au mépris involontaire affiché par Hyun-su (excellent Jung Joon-ho). Les gags du film - car Shin Eun-kyung est comme toujours un fabuleux ressort, comique et sentimental - ne prêtent pas aux éclats de rire car on ressent en filigranne la honte d’une situation, l’embarras de Hyo-jin. Et quoiqu’en pensent ses camarades, cette femme est d’un charme redoutable, dans sa féminité timide, dans son contraste bourrue/délicate, dans son physique effacé. Elle est l’atout maître de A Perfect Match, aux côtés de cette réussite subtile de l’histoire d’amour contée en arrière-plan pendant tout le film, de deux figurants. Ils viennent rappeler pour ceux qui auront les yeux ouverts, que l’amour est partout autour de nous, fait de hauts et de bas, certes, mais indispensable et essentiel.
A Perfect Match est disponible en DVD coréen, sous-titré anglais.



