Afrika
Waouh, les visuels qui tapent ! Un gang de jeunes femmes plutôt mignonnes, sapées ultra-mode et armées jusqu’aux dents... ça a pas l’air super bueno, ça ? Et bien si - et d’ailleurs ça l’est même un peu - mais A.F.R.I.K.A n’est pas vraiment le film que l’équipe marketing de IM Pictures tente de nous vendre....
Comme point de départ de A.F.R.I.K.A, nous avons deux filles malheureuses : l’une rêve d’être actrice, l’autre d’obtenir une bourse pour pouvoir aller à l’université. Rebelles modernes mais pas vraiment justifiées, ces demoiselles décident de fuir leur quotidien quelque temps pour vivre leur vie comme bon leur semble, à la Thelma & Louise. Seulement, y’a un hic : c’est un ami de l’une d’entre elles qui leur prête une voiture pour leur escapade - voiture qu’il a volé la veille et dans laquelle les deux adolescentes trouveront deux magnifiques armes à feu qui vont changer le cours de leur vie...
Comment ces armes sont-elles arrivées là ? Elles appartiennent tout simplement à un flic et à un gangster, qui les ont perdues au poker au propriétaire du véhicule. Les récupérer va devenir pour eux - et surtout pour le flic - une question d’honneur autant que de survie. Car les deux jeunes femmes se retrouvent rapidement obligées de se servir des flingues pour calmer deux secouristes qui tentent de les violer. Excédées par la gente masculine, nos deux héroïnes seront amenées à faire ce geste plusieurs fois avant de rencontrer leurs deux autres coéquipières - une prostituée et une ex-taularde vendeuse de vêtements ; lesquelles les rejoignent uniquement pour mettre la main sur les armes à feu. C’est le début d’une série de délits incontrôlables ; il serait mal vu que les autorités s’aperçoivent que tout ceci s’effectue en plus avec une arme de service...
A.F.R.I.K.A est donc, à l’origine, un road-movie plus qu’autre chose. Seulement voilà : très rapidement, le film essaye de se hisser vers des sphères supérieures, sans pour autant se donner les moyens de quitter son apparat de comédie pour jeunes adolescentes. Une fois les quatre demoiselles réunies, on tente donc de nous refaire le coup Tueurs Nés, avec la sur-médiatisation des agissements de celles que le pays surnomme A.F.R.I.K.A. Alors que les médias manipulent à souhait l’information pour tenter de les faire passer pour des maniaques hautement dangereuses, un fan-club officiel se crée, et des vocations naissent un peu partout dans le pays. Des groupes de filles - et même de garçons déguisés ! - se mettent à tenter des casses à gogo, suivant le modèle de leurs "idoles" improbables.
Le problème, c’est que cette donnée narrative, qui tente d’élever le discours du film à un niveau social, tombe comme un cheveu sur la soupe. Après une première heure rigolote qui s’intéressait surtout à la présentation des différents personnages (pour la moitité sympathiques, pour les autres un tantinet énervants), A.F.R.I.K.A fait intervenir le fan-club sans que l’on n’ait jamais vu le moindre culte se développer. Et pour cause : jamais le film ne s’intéresse, jusque là, à la perception des actes des héroïnes par le "public" coréen. Du coup, le revirement apparaît comme une tentative de relancer un sujet qui, une heure après le début du film, commençait déjà à s’essoufler. Mystérieusement, cette tentative n’échoue pas complètement, puisque l’on trouve un nouvel intérêt à suivre le film jusqu’au bout. Mais la cohérence globale en souffre beaucoup...
Reste tout de même un film sympathique, un trio flic/gangsters impayable, et surtout la jeune Lee Yo-Won, que l’on a connue dans Attack on the Gas Station. La meilleure scène de A.F.R.I.K.A est d’ailleurs une référence très explicite à l’excellente comédie de Kim Sang-Jin, puisque l’actrice revient sur les lieux de la station service éponyme pour braquer son ancien patron, lui faire pousser la chansonnette et casser son téléphone ; plutôt malin, ça...
Mais dans l’ensemble, notre intérêt ne va pas bien au-delà de la sympathie, et si A.F.R.I.K.A est agréable à suivre, il sera aussi très facile à oublier. Une erreur qui aurait pu être évitée si le réalisateur avait su choisir entre offrir un teen-movie intelligent et un "media-circus" hype, plutôt que de mélanger artificiellement les deux. La déception est donc parfaitement proportionnelle à l’attente suscitée par les visuels étalés sur cette page !
A.F.R.I.K.A est disponible en DVD coréen chez SRE Corp. (pas vu).


