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Japon

Alien vs Ninja

aka AvN | Japon | 2010 | Un film de Seiji Chiba | Avec Masanori Mimoto, Shuji Kashiwabara, Mika Hijii, Donpei Tsuchihira, Yuki Ogoe, Ben Hiura, Katsu Itagaki

Yamata, Jinnai et Nezumi, trois ninjas de la province d’Iga, sont occupés à mettre en déroute des adversaires plus proches de l’esclave SM que du shinobi, de retour d’une mission au cours de laquelle Yamata a fait preuve d’excès de zèle en faisant sauter le palais où il devait se contenter de quelque espionnage, lorsqu’ils voient une singulière boule de flamme traverser le ciel. Chargés par leur maître d’en savoir plus, et flanqués d’une autre équipe de guerriers menés par la belle Rin, eux aussi témoins du phénomène, les ninjas vont se retrouver aux prises avec de belliqueux extraterrestres…

Production inaugurale du label Sushi Typhoon (Helldriver, Cold Fish), Alien vs Ninja (AvN) est aussi l’une de ses plus timorées. Peu d’anachronismes, à quelques masques à gaz et un drôle de flingue près, pas d’assemblage grotesque de membres sectionnés, pas le moindre mutant et aucune nudité au programme (normal, puisque la seule demoiselle du film, Mika Hijii, n’est pour une fois pas issue du vivier AV nippon)… Si l’on excepte ses drôles de créatures, AvN repose donc plus sur les chorégraphies de Yuji Shimomura (Versus, Shinobi) et quelques jolies éclaboussures gore, que sur le délire excessif qui constitue le tissu identitaire de la plupart des œuvres estampillées Sushi Typhoon.

Les créatures d’AvN, donc, véhiculent seules l’exotisme cher à l’excroissance timbrée de la Nikkatsu. Rejetons déconcertants, aux coutures apparentes, de l’Alien de Giger et d’une portée de dauphins, les agressives bêbêtes bavent et équarrissent à tour de bras, quand elles ne s’amusent pas à piétiner la tête d’une victime. Pour faire écho au chef-d’œuvre de Ridley Scott, elles disposent de plus d’une espèce de phallus dissimulé dans leur bouche, qui se divise en deux pour mieux étouffer le quidam. Cerise sur le gâteau, elles portent en leurs têtes de jolis petits parasites roses gélatineux, à mi-chemin entre le Pikmin sexué et les Idées de la SNCF, qui transforment leurs malheureux hôtes en zombies retournés contre nos héros, et permet à Seiji Chiba de mettre en scène une poignée de fists buccaux salvateurs. Puisque je vous dis qu’AvN est un film sage.

Soit, un tel pedigree suffira à écarquiller les yeux des néophytes, et il est vrai qu’on s’amuse beaucoup à croiser le regard coquin d’un parasite dans la gorge du beau gosse Jinnai avant que Yamata y mette sa main pour le retirer, mais pour quiconque est habitué à la patte Nishimura, globalement indissociable de la nouvelle vague extrême japonaise, AvN pourra paraître un peu chiche en idées. Et ce n’est pas le personnage sous-exploité d’inventeur maladroit de Nezumi, avec ses toupies de combat foireuses, qui risque de changer la donne. Toutefois, dans sa simplicité narrative et visuelle, AvN surprend là où on ne l’attendait pas : dans la qualité de ses nombreux combats. Impressionnants sans trop abuser d’effets câblés, ceux-ci brillent plus entre humains que lorsque Yamata affronte ses Predators du pauvre (quoique je les enverrai bien botter les fesses d’un certain Nimród Antal), dynamiques et bourrés d’idées, et permettent au film de remplir haut la main son objectif de divertissement, tout en s’affranchissant de sa facture numérique cheap et un peu plate.

Restent comme ombres au tableau des déplacements aériens risibles, simples translations de tâches statiques, et la frustration de regarder Rin se mouvoir et s’exposer constamment vêtue – frustration que partagent d’ailleurs nos entités extraterrestres, qui tentent un temps de palper la demoiselle. Mais le ton d’AvN est suffisamment modeste, au regard de ses excellentes compétences martiales, pour qu’il parvienne tout de même à dépasser agréablement son cahier des charges, à défaut de combler nos expectatives erronées.

Alien vs Ninja n’est pas disponible chez nous, mais il l’est en Angleterre, sous-titré anglais donc, et pour pas trop cher qui plus est.

- Article paru le lundi 30 avril 2012

signé Akatomy

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