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Japon

Alive

Japon | 2003 | Un film de Ryuhei Kitamura | Avec Hideo Sakaki, Ryou, Koyuki, Tetta Sugimoto, Jun Kunimura, Bengaru, Shun Sugata, Erika Oda, Taku Sakaguchi

Alors que son dernier film en date, Azumi, est encore sur quelques écrans du Japon, Ryuhei Kitamura (Versus) revient à la charge avec un autre film, lui aussi adapté d’un manga. Il s’agit cette fois de Alive de Tsutomu Takahashi.
Si Azumi avait plus l’air d’un film de commande que d’un véritable projet personnel, cela ne semblait pas tout à fait le cas d’Alive. Pourtant, ayant lu le manga, j’avoue avoir ressenti une certaine appréhension. Huis-clos en prison, le manga n’offre que de rares moments d’action. Crainte qui n’a pas diminué lorsque j’ai vu la durée du film. 1h50, sans être spécialement un long film, cela m’a fait un peu peur connaissant le problème de Kitamura avec le rythme. Et quitte à être assez direct, il faut dire que Kitamura ne semble décidément pas près de s’en sortir. En tout cas pas avec Alive.

Dans un futur proche, Tenshu attend l’heure de son exécution dans le couloir de la mort. Lorsque l’heure sonne, il se voit proposer un marché : ou bien il meurt comme prévu ou bien il accepte de se livrer à une mystérieuse expérience. Choisissant de vivre, il se retrouve enfermé avec un autre homme dans une pièce. Passé la joie d’être en vie, les deux cobayes se demandent ce que l’on peut bien vouloir d’eux et la tension commence à monter...

En collant presque à la ligne de dialogue près au manga originel, Kitamura s’empêche d’insuffler un quelconque rythme qui fait ici cruellement défaut. En effet, dans le manga comme dans le film, on est loin du huis-clos psychologique mais plus d’une sorte de préquelle qui laisse augurer d’une suite où se développeraient des idées ici à l’état de germe. En fait, l’idée centrale du manga, et qui fait en grande partie son originalité, est justement de s’arrêter là où d’autres commenceraient. Le film conserve la structure en chapitres même si les noms de ces derniers changent et que Kitamura se permet un clin d’œil (un rien prétentieux) à Versus en donnant ce titre à un des chapitres (le seul ’plus’ personnel en fait puisqu’il diffère totalement du manga en apportant des nouveaux personnages). Les variations sont cependant extrêmement mineures et peut-être pas des plus judicieuses. En évacuant quasiment totalement l’histoire passée de Tenshu, le personnage perd en consistance. Et les personnages secondaires, trop caricaturaux, ne permettent qu’à plus de violence de s’exprimer lors des dernières minutes du film.

Alors film et manga, même combat ? On serait tenté de dire que oui, et par là même que Kitamura ne s’est pas franchement foulé. Les apports personnels du réalisateur apparaissent plus que minces. Certes il y a tout un côté "cool" qui n’apparaissait pas dans le manga, plus sombre et sans artifices, et aussi quelques scènes de combats. Mais ces dernières, contrairement à celles de Versus, sont tout simplement lamentables. Elles apparaissent affreusement recopiées sur Matrix (même les tons de couleurs semblent pompés sur le film américain) en allant loucher vers l’univers des jeux vidéo de baston - et pas des meilleurs ou alors des qui datent un peu. En abusant du ralenti et en limitant son apport à cette unique partie, il faut avouer que l’on s’ennuie ferme pendant une grande partie du film, pour de plus conclure sur une énorme déception à l’arrivée.

Quitte à coller au manga pendant la quasi-totalité du film, on aurait sans nul doute préféré que Kitamura s’y tienne pour les quelques minutes restantes, plutôt que de nous offrir un duel affligeant entre Tenshu et une sorte de machine à tuer non présente dans le manga et, c’est plus problématique, à la limite du ridicule - l’individu en question est une une sorte de chanteur idoru glam-rock croisé avec le monstre de Frankenstein, au maquillage très mal fait. Si on laisse de côté les scènes d’affrontement, le film retranscrit néanmoins à la perfection l’atmosphère du manga, ce qui n’est déjà pas si mal. Que ce soit dans les manifestations du "noir" (l’objet de la mystérieuse expérience) ou dans les longues journées d’attente, le film est très fidèle au manga et offre ses meilleurs instants.

Hasard peut-être, Alive le manga correspondait bien à ce que l’on pouvait attendre d’un scénario pour Kitamura. On avait d’ailleurs eu une sorte d’avant-goût avec sa participation au projet Jam Film et un court métrage qui faisait une sorte de transition entre Versus et Alive. Mais ce qui apparaissait a priori comme une bonne adéquation entre un réalisateur et un manga se révèle un pétard mouillé, et on a l’impression que Kitamura (fatigué ?) se caricature lui-même. A force de tourner en rond, Ryuhei Kitamura a fini par se mordre la queue...

Alive est sorti sur les écrans japonais le 21 juin 2003.

Site officiel : http://www.alive-movie.com

- Article paru le vendredi 4 juillet 2003

signé Zeni

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