Alleycat Rock
Alleycat Rock est donc le tout premier épisode de cette série dont la vedette est Meiko Kaji et le réalisateur des principaux épisodes, Yasuharu Hasebe. Plus connu pour ses films aux propos plus que douteux, Yasuharu Hasebe n’a cependant pas fait que des odes aux violeurs. Que ce soit son premier film, Black Tight Killers ou cette série des Alleycat Rock, il a su se diversifier tout en conservant son talent pour la réalisation.
Le principe d’Alleycat Rock est assez simple. Deux bandes de filles s’affrontent, l’une conduite par Mei (Meiko Kaji) et l’autre aidée par une bande de voyous masculins. Un jour, une mystérieuse motarde (Akiko Wada) débarque en ville et y rencontre Mei, à qui elle vient en aide. Le délicat équilibre entre les deux bandes s’en trouve perturbé.
Alleycat Rock pose les bases de la série qui seront reprises dans les épisodes ultérieurs à quelques variations près. Ainsi la bande de filles dirigée par Mei et la bande de voyous et son boss psychopathe (il s’agit encore une fois de Tatsuya Fuji qui interprète un personnage très similaire dans Savage Wolfpack et Sex Hunter). Ensuite l’arrivée d’une personne étrangère à ce monde qui va venir bousculer l’ordre des choses.
Alleycat Rock se distingue d’abord car il apporte une dimension un peu politique (critique de la corruption, de l’hypocrisie) et ensuite car il fait la part belle aux personnages féminins. Surtout, le thème du viol est absent du film. Sur la forme, Alleycat Rock est bien moins influencé par le western spaghetti que le sont Savage Wolfpack ou Alleycat Rock : Sex Hunter, mais la réalisation est toujours aussi talentueuse et bourrée d’originalités : division de l’écran, effets discrets mais efficaces. Surtout, quelques scènes sont majestueuses.
Cependant, Alleycat Rock est nettement moins violent (moins viscéral pourrait-on dire) que les films suivants même s’il ne faut bien sûr pas s’attendre à une happy end. De plus, il vire plusieurs fois à la comédie musicale, heureusement sans les danses. Si ces séquences ne sont pas forcément très désagréables, elles restent néanmoins très kitsch et souvent un peu longues.
Une omniprésence de la musique qui est le reflet de l’époque, d’après Hasebe, et qui transparaît dans d’autres de ses films (le médiocre mais kitschissime Kawa Jan Hankouzoku, quelque part entre Easy Rider et La fièvre du Samedi Soir avec Hiroshi Tachi en Travolta japonais). La musique côtoie des thèmes qui deviendront habituels de la série, tels que la jeunesse (forcément rebelle), l’omniprésence de l’Amérique, le psychédélisme et les drogues.
Si Alleycat Rock ne vaut pas un Sex Hunter, troisième épisode de la série, il est franchement loin d’être un film mineur. Superbement réalisé et surtout bénéficiant de la présence quasi-magique de Meiko Kaji (même si elle n’est pas encore la véritable héroïne du film, se faisant presque voler la vedette par la très garçon manqué Akiko Wada), c’est un excellent film d’exploitation plein de filles en colère, de motos, de psychédélisme et de musique. Que demander de plus ?
Alleycat Rock est disponible en VHS au Japon.



