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Alone in the Dark

USA | 2005 | Un film de Uwe Boll | Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C. Turner, Mathew Walker, Will Sanderson, Mark Acheson

Film magnifique ou sombre merde ? Tout dépend de l’humeur dans laquelle vous vous trouvez pour regarder ce genre de film, en fait. En effet, pris entre potes et avec une bonne dose de croissants hallucinogènes à la sauce paradisiaque, Alone in the Dark a des chances d’être pris pour ce qu’il n’est pas, à savoir le Citizen Kane du film d’horreur. Ne partez pas ; aussi impossible que cela puisse paraître, je vous garantis que l’on peut le prendre pour un CHEF-D’ŒUVRE (l’utilisation de lettres majuscules est là pour sanctifier la toute puissance de cette œuvre cinématographico-messianique...). Car ce film va révolutionner l’histoire du cinéma, que dis-je... il risque de révolutionner la façon dont on enseignera le cinéma dans les écoles, pour de nombreuses années à venir.

Quoi qu’on dise de Uwe Boll Sensei et malgré l’impression contraire que peuvent donner ses films (c’est marrant j’ai la bouche qui brûle quand je dis cela...), ce type est un manipulateur de génie. Il est certain que cet homme a tout de suite compris que ce n’est pas grâce à la brillance de ses « nombreux » talents cinématographiques qu’il pourrait marquer le cinéma, mais bien grâce à son absence de talents justement. Et que le seul moyen de le faire était d’éclater aux yeux du public en ne cessant, pour attirer l’attention, de clamer qu’il était un Spielberg incompris et que le public n’était pas encore prêt à voir la magnificence de son œuvre. Ce sur quoi il n’a pas tort ; je doute même que d’ici deux ou trois autres générations on en comprenne bien la philosophique profondeur. Uwe Boll, le messie cinématographicosatanique du 21ème siècle... on n’en est pas loin.

Le point où ce type est un vraie génie diabolique est qu’en faisant des films plus nuls les uns que les autres, il rend accro une certaine frange cinéphilique qui adore mater des navets (aucun sectarisme dans mes propos, vu que je présente tous les symptomes de cette maladie moi-même). Là où le bât blesse cependat, est que même ci ses films sont des fours cuisants en salle (y’a une justice quelque part) la balance n’est pas rétablie car, 9 fois sur 10, ils rentrent aisément dans leur frais sur le marché du DVD et de la location. Boll réussit là où d’autres trépassent en ayant pourtant 1000 fois plus de talents. Il se crée film après film une masse de fidèles qui attendent de voir avec impatience s’il va réussir à faire encore pire que la fois précédente. A y regarder de plus près, on est devant un cas d’école. Avant même la sortie de son prochain film - BloodRayne - et de par l’exploit qu’il vient d’accomplir avec Alone in the Dark, il est certain d’avoir droit à une couverture médiatique immédiate pour la sortie de son prochain truc. Pensez donc, l’occasion serait trop belle : je doute qu’un bon fan de cinéma Z puisse décider de passer sous silence la sortie d’un nouvel opus du Ed Wood du 21e siècle. C’est juste impossible. Reconnaissons lui donc cette force, celle d’être l’opium du peuple Z, celui qui se nourrit de films « particuliers » dirons-nous et qui, chaque veille de week-end, envahit les vidéos-clubs à la recherche de bande fraîche. Maitre Uwe n’est rien de plus que l’émissaire de l’enfer sur terre, celui par qui le cinéma entrera dans les limbes de la déchéance. Pourquoi ? Tout simplement car oser bafouer l’une des meilleures créations vidéoludiques (les Alone in the Dark quoi qu’on en disent font partie de l’histoire du jeu vidéo !) en ajoutant, là où une atmosphère à la Lovecraft était nécessaire, des canons, du hard rock et Nenneh Cherry et Youssou N’Dour, dénote d’un esprit affreusement diabolique. Il ne peut en être autrement.

Ceux qui connaissent les aventures de Edward Carnby et principalement le dernier volet savent à quel point dans ce genre de jeux l’atmosphère doit primer par rapport à l’attitude bassement bourrine ! Si seulement Uwe pouvait l’avoir compris et surtout mis en application... Là où Edward Carnby aurait dû être un détective de l’étrange, oscillant entre Constantine et un homme torturé par son ténébreux passé, nous avons droit à un Christian Slater se demandant ce qu’il fout dans ce merdier, et surtout si finalement son chèque de paye n’était pas en bois. Carnby se retrouve ici capable d’accomplir des mouvements de combats digne d’un Néo dans Matrix, sans que la moindre explication rationnelle soit offerte au spectateur(faut pas chercher, ca fait juste cool !). Mais si seulement il n’y avait que cela... pfff...

Loin de là, pas d’atmosphère ni de finesse dans cette magnifique ode à l’amour des monstres baveux qu’est Alone in the Dark. Non rien de tout cela. Pour être plus clair, voici quelque uns des commandements de maître Uwe Boll pour réussir un film.
- COMMANDEMENT NUMERO 1. Quand vous sentez que vos héros se dirigent vers d’affreux tunnels de blabla dramatique qui pourraient - ô sacrilège - aider à les faire sortir de leur côté unidimensionnel... une seule solution, sortez les flingues et branchez le tube hard rock le plus ringard de votre discothèque, l’effet sera magnifique.
- COMMANDEMENT NUMERO 2. Le scientifique doit toujours avoir un accent ridicule, et le plus important dans tout cela est qu’il se doit d’être un mauvais acteur qui se contente de lire son texte en se foutant royalement de ce qu’il est censé transmettre comme émotion. Manquerait plus qu’il sache jouer et qu’il s’intéresse à l’histoire... pfff, ridicule.
- COMMANDEMENT NUMERO 3. Pour réussir une bonne scène d’amour entre les deux personnages, il est primordial de la mettre au moment le plus inopportun du film. La voir arriver à ce moment bouleversera tellement le spectateur, que toute volonté de critique s’en verra aussitôt annihilée. Mais pour être bel et bien certain de la réussite de cette séquence il faut y ajouter la pièce maîtresse, celle que même Spielberg, Kubrick et Ed Wood envient à Uwe Boll. Vous vous demandez bien de quoi je parle, c’est simple, la musique et oui toute bonne scène d’amour se doit d’avoir une musique totalement hors contexte pour souligner encore plus le ridicule de la mise en scène. Maître Uwe se permet de vous conseiller l’utilisation des chansons de Youssou N’Dour et Nenneh Cherry en duo pour que votre bonheur soit le plus complet.

Tout cela représente donc quelque uns des commandements de maître Uwe. L’intégralité de son œuvre doit sûrement être disponible quelque part dans un obscur vidéo-club de Tanzanie, mais serez-vous assez malade pour vous infliger un aussi horrible spectacle ? Que dire de plus ; je ne vois honnêtement plus. Une énorme partie de moi vous déconseille de regardez ce film même pas drôle ou Z dans le bon sens, mais juste chiant et pénible de par la prétention et la connerie grasse qu’il affiche. Mais une autre partie de moi conseille quand même aux apprentis cinéastes en tout genre de le regarder afin d’avoir le meilleur exemple de ce qu’il ne faut pas faire dans un film. Mao avait son petit livre rouge, Uwe Boll vient de créer le petit film noir du cinéma, celui qui va se passer de génération en génération sous le manteau et perdurer dans les anales du cinéma « ultra dirty Z », celui dont on n’ose prononcer le nom 5 fois de suite devant une glace de peur que Uwe Boll n’en sorte avec un crochet à la main pour nous forcer sous la menace à dire que l’on aime ses films... impossible...

Si par le plus pur des hasards certain d’entre vous - pour des raisons qui me dépasseraient - venaient à trouver un intérêt à cette torture sadique et psychologique qu’est Alone in the Dark, rassurez-vous : maître Uwe ne vous oublie pas... BloodRayne et Far Cry, ses deux prochains films, arrivent et vous assureront de nouvelles heures de bonheur. Sur ce, si vous voulez bien m’excuser je vais me laver les yeux et le cerveau, afin de ne plus jamais repenser à cette sombre merde...

Alone in the Dark est disponible en DVD zone 1 NTSC dans une édition honnête, mais est-il bien nécessaire de vous la procurer ?

Site officiel :
- http://www.aloneinthedarkthemovie.com

- Article paru le mardi 7 juin 2005

signé Marcus Burnett

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