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Japon

Antenna

aka Antena | Japon | 2003 | Un film de Kazuyoshi Kumakiri | D’après le roman Antenna écrit par Randy Taguchi | Avec Ryo Kase, Akemi Kobayashi, Ryûdô Uzaki, Megumi Asaoka, Daisuke Kizaki, Mantarô Koichi, Hiroshi Ômori

Blessure(s)...

Yuichiro, vingt-trois ans, est étudiant en philosophie. Depuis l’inexpliquée disparition de sa petite sœur Marie quinze ans auparavant, sa mère élève son petit frère comme s’il s’agissait de sa fille disparue... Pour sa thèse dont le sujet est la souffrance, Yuichiro entre en contact avec un club sadomasochiste afin d’étudier le comportement humain face à la douleur. Un traumatisme enfoui au plus profond de lui ressurgit alors, et il va peu à peu apprendre à reconstituer par la douleur physique, ce passé ravagé...

Eprouvant, c’est le premier mot qui me vienne à l’esprit après la vision du troisième long-métrage réalisé par Kazuyoshi Kumakiri, metteur en scène précoce dont la violence graphique du premier film Kichiku Dai Enkai (1997) fit couler beaucoup d’encre... Quatre années plus tard, Kumakiri réalise Sora no Ana, fable humaine qui suit les parcours psychologiques de ses deux héros. Pour son troisième film, Kazuyoshi Kumakiri adapte Antenna, roman du prolifique écrivain Randy Taguchi (dont le roman Concent fut adapté au cinéma en 2002 par Shun Nakahara)...

Yuichiro est un jeune homme marqué par un passé qui ne cesse de le hanter, un passé gardé secret qu’il se cache à lui-même sans le savoir. Le vecteur déclencheur du processus de remémoration n’est autre que la ravissante Naomi, maîtresse SM magnifique, cruelle... et implicitement rédemptrice. L’élément qui va faire ressurgir tous ces démons provenant du passé est la découverte d’une jeune fille disparue plusieurs années, retrouvée par la police... d’éprouvants souvenirs vont ressurgir de ce passé que tout le monde préfèrerait ne pas voir réapparaître... Yuichiro cherche à comprendre, comprendre ce qui est arrivé, comprendre les raisons de la disparition de Marie, comprendre le suicide de son oncle peu de temps après la disparition de la fillette, comprendre les non-dits familiaux, comprendre les secrets emportés dans la tombe par un père décédé prématurément, comprendre pourquoi un enfant perd la raison et explique qu’il entre en contact avec une sœur qu’il n’a jamais connue, comprendre une mère qui se cache la vérité et se réfugie dans la religion et la superstition... autant d’incompréhensions face auxquelles Yuichiro va se retrouver confronter sans qu’il n’ait rien demandé à personne, lui dont on vola l’enfance, la vie...

...Yuichiro a peur, enfermé dans un état d’angoisse extrême quasi-permanent qui le handicape. Sa peur, son besoin d’exorciser, d’exhorter sa douleur psychologique passe par une automutilation des plus radicale, douloureuse et impressionnante... son corps devient la représentation physique de son état mental, à vif. Peu à peu, aidé par Naomi qui devient tacitement son analyste, il va tenter de reconstituer un puzzle qu’il se refuse à voir, alors qu’il est terminé, là juste sous ses yeux... mais lorsque la réalité rejoint l’innommable, fermer les yeux protège... un certain temps. Yuichiro doit faire ressortir ce que lui seul sait, ce que lui seul a vu, et accumulé au fond de son âme. Pour exorciser sa douleur, tous les moyens sont bons, et bientôt le sang ne suffit plus... les larmes, la bile, le sperme, peu importe, la douleur doit s’extraire de son corps par tous les fluides corporels possibles, et se séparer de ses sécrétions nées de la souffrance.

...hormis sa mise en scène soignée, l’un des atouts principaux de Antenna est sans aucun doute sa distribution, sans faille, du troublant Ryo Kase (Hana) à Ryûdô Uzaki -parfait- (cf. article Sakana kara Daiokishin !!), en passant par le jeune Daisuke Kizaki (Tsukisekai) ou l’impressionnante Akemi Kobayashi (Party 7), Kazuyoshi Kumakiri a su s’entourer de comédiens impliqués physiquement dans leurs rôles, aussi difficiles soient-ils...

...lorsque le silence cache la douleur la plus inouïe... Antenna, œuvre sombre et magnifique, film éprouvant, dérangeant et intensément beau, impose Kazuyoshi Kumakiri en un cinéaste d’une maturité et d’une sensibilité extrêmes.

DVD (Japon) | Happinet Pictures | NTSC - Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Un pressage magnifique qui retranscrit à merveille la granulosité du film. | Son : Excellent mono. | Suppléments : 66’ réparties en un making of, une émission spéciale de la télévision nippone dédiée à Antenna, interviews des comédiens et du réalisateur, featurette sur la présentation du film à Venise, commentaire audio, trailer, cast/staff bio/filmo...

Ce DVD contient des sous-titres anglais optionnels !

Existe également en VHS (NTSC) chez Happinet Pictures au Japon.

Site Officiel : http://www.shirous.com/antenna/

- Article paru le mercredi 8 septembre 2004

signé Kuro

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