Antenna
Antenna fait exactement partie de ces films sortis discrètement, et que l’on regarde dans l’espoir d’y découvrir une petite pépite. Et aussi parce que le DVD possède des sous-titres anglais, il faut bien le reconnaître. Néanmoins, avec ses deux longues heures, Antenna ne tarde pas à transformer le rêve d’or en un cauchemar d’ennui.
Marie, la jeune sœur de Yuichiro, a mystérieusement disparu à l’âge de huit ans, alors qu’elle dormait aux côtés de ce dernier. Neuf années plus tard, une jeune fille qui avait le même âge que Marie lors de sa disparition est retrouvée vivante. La mère de Marie croit à son retour éminent. Cependant, Yuichiro vit une adolescence perturbée et cet événement l’amène à retourner dans sa famille, dans la maison où son père est mort, son oncle s’est pendu et sa sœur a disparu. Il y retrouve également Yuya, le cadet de la famille, qui prétend percevoir des choses grâce à son « antenne ». Lentement, la quête de la sœur disparue et la rencontre dans le cadre de ses études de Yuichiro avec une maîtresse SM, vont venir briser l’équilibre fragile de la santé mentale du jeune homme.
Antenna se pare de tous les atouts que l’on pourrait attendre d’un film d’auteur japonais. Rythme lent, mise en place qui l’est tout autant et qui s’acharne à rendre la moindre des choses obscure, une touche de provocation insérée l’air de rien, et une fin ouverte à la fois prévisible et décevante par sa volonté affichée de laisser le spectateur dans l’expectative, de ne fournir aucune explication.
Le pire de tout cela n’est pas tant le manque d’originalité flagrant, sur le fond comme sur la forme, que l’aspect onaniste que prend assez rapidement le film. Un onanisme bien souvent quasi littéral avec tout de même deux éjaculations après masturbation de notre masochiste de Yuichiro. Les personnages archétypaux ont également vite fait de taper sur les nerfs, entre le reporter féru d’au-delà, Yuichiro masochiste et s’intéressant dans le cadre de ses études à la réaction des gens à la douleur, et surtout la maîtresse SM à la fois mère, confidente et psychiatre, qui de plus permet d’introduire une note sulfureuse dans un film passablement ennuyeux et creux.
On a vite fait de sentir que le potentiel du film (le thème de la disparition et de l’absence) s’est transformé en un énorme gâchis. Kumakiri multiplie les digressions (le film semble hésiter sans cesse entre la comédie dramatique, le thriller, le fantastique, l’érotisme ou le film d’auteur contemplatif) et donne le sentiment de ne pas être très à l’aise avec son sujet, tentant de lui donner un second souffle à plusieurs reprises. Tout cela fait qu’Antenna aurait pu dire tout ce qu’il avait à dire en deux fois moins de temps. Et en gérant mieux les scènes où il est surtout question de sexe, je suis certain que n’importe quel réalisateur du genre aurait pu en faire un très bon pinku (film érotique japonais). Le côté pompeux et masturbatoire en moins.
Kumakiri n’a réalisé auparavant que deux films, Kichiku (un film violent inspiré des événements de la purge des chalets de montage de l’Armée Rouge Japonaise) en 1998 et Sora no Ana avec Susumu Terajima en 2001. Beaucoup plus proche de ce dernier que du premier, Antenna apparaît cependant plus comme le film de quelqu’un en panne d’inspiration qu’un film de la maturité.
Voir aussi l’article de Kuro.
DVD (Japon) | Happinet Pictures | NTSC - Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Un pressage magnifique qui retranscrit à merveille la granulosité du film. | Son : Excellent mono. | Suppléments : 66’ réparties en un making of, une émission spéciale de la télévision nippone dédiée à Antenna, interviews des comédiens et du réalisateur, featurette sur la présentation du film à Venise, commentaire audio, trailer, cast/staff bio/filmo...
Ce DVD contient des sous-titres anglais optionnels !
Existe également en VHS (NTSC) chez Happinet Pictures au Japon.
Site Officiel : http://www.shirous.com/antenna/



