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Corée du Sud

Kilimanjaro

Corée du Sud | 2000 | Un film de Oh Seung-Ook | Avec Ahn Seong-Gi (Ahn Sung-Kee), Park Shin-Yang, Jeong Eun-Pyo, Choi Seon-Jung, Kim Seung-Cheol

Se pardonner soi-même c’est d’abord pardonner aux autres.

Deux coups de feux retentissent. Lee Haeshik se réveille en sursaut. Dans le coin de la pièce gisent les corps de deux enfants. Tout près d’eux, un homme ressemblant étrangement à Lee Haeshik tient en joue ce dernier. L’homme qui vient d’abattre les enfants se tire une balle dans la tête. Au dessus de sa tête, accrochée au mur, une photo représentant quatre hommes dont celui qui vient de se suicider, en train de poser sur une plage.

Le lendemain, le policier Lee Haeshik doit s’expliquer sur cette affaire de double meurtre, et surtout donner des raisons à la mort de son frère jumeau Lee Haechul. N’écoutant qu’à moitié les réprimandes de ses supérieurs, il ne pense qu’à une seule chose : récupérer les cendres de son frère et se rendre sur la tombe de leur mère.

Arrivé dans son village natal, il fait la connaissance du caïd du coin, qui le prenant pour son délinquant de frère Lee Haechul, le torture et le fait rouer de coups par ses acolytes. Heureusement pour le solide gaillard, Beon Gae accepte de payer la rançon que lui demande Jong-Du, le parrain. Bien sûr, Beon Gae comme tout le monde prend Lee Haeshik pour son frère Lee Haechul. L’ennui c’est que l’argent que Beon a consenti à donner était prévu pour que lui, sa famille et ses amis s’achètent un restaurant. Et le problème de l’ennui, c’est que cet argent était emprunté. Le hic du problème de l’ennui, c’est que Lee Haeshik n’avoue toujours pas être le frère jumeau de Lee Haechul.

Maintenant intronisé dans le groupe de 4 (celui de la photo maculée de sang) à la place de son défunt frère, il vit au jour le jour, découvrant un ami sincère en la personne de Beon Gae ainsi qu’une tout autre vie - celle que tenait son frère, celle d’un délinquant abandonné par sa femme, élevant seul ses deux enfants, acculé, se donnant la mort parce que son frère n’avait pas voulu l’aider.

Kilimanjaro est une œuvre à part, tâchée de violence, de rédemption, de pardon. D’emblée ce qui nous saute aux yeux ce sont les étranges rapports qu’entretiennent les deux jumeaux. Deux voies radicalement opposées les ont séparées. L’un a désiré embrasser la carrière policière, abandonnant ainsi sa mère et son frère à leur triste sort. L’autre devant faire face à cet abandon, n’eut d’autre solution que de sombrer dans la petite délinquance pour survivre.

De la sorte, Lee Haeshik, avec sa mentalité de flic, voulut effacer de son passé ce frère. Lee Haeshik était si honteux d’avoir un tel frère, qu’il a eu recours à de la chirurgie plastique pour ne pas ressembler à un bandit. Pourtant son frère s’est occupé de sa mère. Ces jumeaux si différents, et éloignés physiquement et moralement l’un de l’autre, sont depuis le suicide de Lee Haechul réunis. Il faut la mort tragique de l’un pour foudroyer d’électrochocs l’autre, et la honte réside ici !!

Il y a d’autres points plus sombres de la personnalité de Lee Haeshik. Malgré les coups et l’humiliation de se faire uriner dessus, Lee Haeshik ne dit mot sur son identité, comme pour débuter l’expiation de ses péchés. Admettre ses erreurs, atteindre sa rédemption. Aveuglé par l’honneur, il a craché au visage de son frère et maintenant il se fond dans la personnalité de celui-ci. Dans un premier temps pour se cacher de lui-même, de ses collègues qui connaissent l’existence de son frère ; et dans un second temps pour se libérer de ses péchés, pour pouvoir se tenir droit devant son créateur. Ce besoin devient tellement prenant que lui même se met à y croire, et ce n’est qu’après un choc émotionnel qu’il se réveillera, trop tard pour ses nouveaux amis et pour lui. Lee Haeshik est condamné parce qu’il a condamné son frère en premier en ne lui apportant aucune aide, ni même en le dissuadant de tuer ses enfants et de se suicider.

Film noir par excellence, Kilimanjaro possède un casting de choix. Voyez plutôt... Ahn Seong-Gi qu’on ne présente plus, tant le bonhomme est intouchable. Depuis le temps qu’on vous dit que c’est "Robin Hood dans mon film !!" (voir l’interview du réalisateur de Musa). Lieutenant traumatisé par la Guerre de Corée et journaliste/écrivain dans le scandaleusement mortel White Badge (La guerre blanche de par chez nous). Méchant personnage dans Nowhere to Hide et jeune homme romantique dans Art Museum by the Zoo. Ahn Seong-Gi est un Môssieur.

La prouesse d’acteur du film est à mettre à l’actif de Park Shin-Yang. Tenant deux rôles plus que complexes, il n’a de cesse d’alimenter son/ses personnage(s) de sentiments contradictoires et donc destructeurs. Héros de Hi ! Dharma, il vient tout juste de terminer Uninvited dont on vous parlera très prochainement. Que ce soit Ahn Seong-Gi ou bien Park, ils rivalisent tout deux de talent, et leur joute verbale est quasi divine !!

Oh Seung-Ook, dont c’est le premier film n’est pas un inconnu de nos pages puisqu’il a écrit le scénario de Christmas in August. Seung-Ook a su s’entourer également d’un grand compositeur en la personne de Jo Sung-Woo. Sa carte de visite est enrichie des musiques de - attention les yeux - Nowhere to Hide, Memento Mori, et An Affair (diffusé sur Arte il y a quelques mois). C’est donc un pianiste incroyablement doué, qui a la charge de faire passer tant d’émotions au travers de notes sublimement simples.

Kilimanjaro, ’petite montagne’ en swahili, est un film juste qui ne peut que faire mouche dans nos cœurs d’occidentaux. Bravo Monsieur Seung-Ook, réjouissez-nous... pardon attristez-nous encore pendant longtemps !!

DVD coréen (zone 3) édité par CJ Entertainment.
Un pressage anamorphique (1.85) réussi, mais qui a du mal sur les noirs.
5.1 nécessaire et ample, surround moins efficace sur le thème principal qui a besoin de toute sa spatialité.
Sous-titres (assez gros !) coréen, anglais, japonais et chinois. Pour ce qui est de l’orthographe, ça laisse parfois à désirer (absence totale d’apostrophes et de voyelles dans certains mots), autant que la syntaxe.

Suppléments : (bien entendu non sous titrés)
- Commentaire audio du réalisateur réservé aux gens bilingues uniquement ;
- Notes de productions, constituées d’un journal de bord du tournage s’étalant de Décembre 99 à Avril 2000 et de l’histoire de Kilimanjaro ;
- Making-of enregistré sur la plage, d’où la présence de souffle ;
- Comparatif storyboard et film ;
- Bios des 5 acteurs principaux ;
- 4 extraits de la bande originale du film avec les explications du compositeur : main theme, end title, friendship et forgiveness ;
- Trailer ;
- Clip video ;
- Galerie de photos, impressionnante !!

DVD HK toutes zones édité par Modern (pas vu) qui a pris l’habitude de recadrer les films qu’ils sortent. Kilimanjaro n’échappe pas à la règle, puisqu’il est proposé en 1.33.
5.1 et Surround sont au rendez-vous, de même que des sous-titres chinois et anglais.

Sites officiels :
http://www.cjentertainment.co.kr
http://www.kili.co.kr (ils ont fait des pubs chef d’œuvre avec les héros de Whasango et The Foul King)

- Article paru le dimanche 8 juin 2003

signé Takeuchi

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