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Japon

Yasei no Shômei

aka Yasei no Shoumei - Proof of the Wild | Japon | 1978 | Un film de Junya Satô | D’après le roman Yasei no Shômei écrit par Seiichi Morimura | Avec Ken Takakura, Hiroko Yakushimaru, Ryoko Nakano, Isami Natsuki, Rentarô Mikuni, Isao Natsuyagi, Takahiro Tamura, Tetsuro Tanba, Mikio Narita, Shinsuke Ashida, Moeko Azawa, Hajime Hana, Nobuo Kaneko, Tanie Kitabayashi, Ko Kuraishi, Hiroki Matsukata, Yusuke Natsu, Shuji Otaki, Orie Satô, Hiroshi Tachi, Tatsuo Umemiya, Jô Yamanaka, Richard Anderson, Kunie Tanaka

Mainstream apocalyptique dans le Japon des 70’s...

Mai 1980. Un groupe paramilitaire secret s’entraîne dans un camp caché au milieu de la forêt japonaise. Quelques jours après avoir sauvé la vie d’un dignitaire américain et de sa famille, les meilleurs hommes du groupe sont envoyés en mission de survie, lâchés au beau milieu d’une nature hostile. L’un de ces soldats d’élite, Ajisawa, épuisé par plusieurs jours d’errance sans rien avaler, tombe sur des villageois et les massacre sans somation, ne laissant en vie qu’une fillette, Yoriko. Une année passe. Ajisawa a adopté l’enfant qui suite au traumatisme causé par cette vision d’horreur, a perdu la mémoire...

Pour son vingt-cinquième long-métrage, l’éclectique Junya Satô, réalisateur maison de la Toei - il tourne sous l’égide du studio ses vingt-deux premiers films -, à qui l’on doit notamment la première adaptation cinématographique du manga Golgo 13 de Takao Saitô ou la matrice du Speed de Jan de Bont, Shinkansen Daibakuha ; Satô donc, se voit confier par la Kadokawa la réalisation de deux commandes qui ont pour spécificité d’être des adaptations de deux best-sellers écrits pas Seiichi Morimura, Ningen no Shômei en 1977, et Yasei no Shômei l’année suivante...

..."constatation de sauvagerie", "preuve de bestialité", autant de traductions possibles du titre de ce film aux allures de conte cruel. Assez typique d’un cinéma très seventies qui pioche à la fois dans l’exploit’ ultra-violente et le côté mainstream clairement affiché d’un studio comme la Kadokawa, Yasei no Shômei est un film d’une rare beauté, en même temps que d’une cruauté sans nom.

Chronique d’une poésie macabre... Yasei no Shômei surprend ; s’il commence comme un film ventant les exploits militaires d’hommes surentraînés, il évolue rapidement vers l’horreur absolue, tant graphique que psychologique. Pourtant, il y règne une atmosphère pour le moins étrange. Pourquoi Ajisawa a-t-il agi ainsi, et pourquoi décide-t-il de s’occuper de la petite Yoriko ?... Junya Satô va peu à peu tisser habilement une toile, à coup de flashbacks, et permettre au spectateur de reconstituer un puzzle dont les pièces principales sont la violence, l’amour et l’incompréhension. Ajisawa est un homme traqué, un homme dont le seul but est de s’enfuir pour vivre/mourir libre, quitter une vie faite de violence... qui ne fait que le rattraper. Lorsqu’un an après les faits macabres, Ajisawa revient sur les lieux où fut perpétrer le massacre des villageois, il y fait la rencontre de la sœur jumelle d’une des victimes, Tomoko, une journaliste qui s’éprend de l’émouvante histoire de la jeune survivante. L’amour qu’Ajisawa offre jour après jour à Yoriko fait oublier son malheur à la fillette, dont le traumatisme enfoui dans son inconscient sera réveillé par la vision de son père "adoptif" en train d’éplucher une pomme à l’aide d’un couteau...

...mais rapidement, le passé d’Ajisawa le rattrape, et la violence engagée à son encontre est telle qu’elle met en danger tous ceux qui le côtoient de près ou de loin, y compris la petite Yoriko. Militaires, politiciens, yakuza et policiers, tous ont pris pour cible cet homme dont le seul crime est de s’être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment... un bouc-émissaire tout trouvé pour une affaire qui mêle bien trop de parties. Le point de non-retour de Yasei no Shômei intervient lorsque Tomoko est assassinée ; acculé, Ajisawa se retrouve seul avec une enfant, face à la Terre entière... seul l’inspecteur Kitano va parvenir à comprendre - un peu tard -, que l’homme après lequel il court n’est pas celui qu’il paraît... mais la loi du plus fort n’a que faire de l’Amour, ni de la justice.

A film typique des années soixante-dix, casting typique ! Très 70’s, très Kadokawa, la distribution de Yasei no Shômei est tout bonnement impressionnante ; si Satô (ou Haruki Kadokawa, allez savoir !) confie le rôle d’Ajisawa à l’immense vedette qu’est Ken Takakura (Shiawase no Kiiroi Hankachi), c’est à une jeune actrice débutante alors âgée de treize ans qu’il offre le rôle de Yoriko, qui la fera directement entrer dans la cour des grands ; cette jeune fille, c’est Hiroko Yakushimaru (Kira Kira Hikaru), qui deviendra la star estampillée Kadokawa pendant une période de sept ans et huit films, tous cultes aujourd’hui. Aux côtés de ce duo, gravitent de grands noms du cinéma nippon, de l’inégalable Rentarô Mikuni - père de Kôichi Satô - à Tetsuro Tanba, en passant par des comédiens aussi talentueux que Mikio Narita (Tantei Monogatari), Isao Natsuyagi, Nobuo Kaneko, Tatsuo Umemiya ou encore la charmante Ryoko Nakano.

Symptomatique de son époque, Yasei no Shômei est un film d’une puissance graphique et psychologique impressionnante, un conte moderne dans lequel un homme trouvera l’humanité, dans les yeux d’un enfant. Junya Satô y stigmatise la folie des hommes et l’engrenage de violence dont certains sont capables, quitte à tout anéantir sur leur passage. Violent et lyrique, le film se clôt sur un final hallucinant et démesuré montrant un homme face à une armée prêt au dernier sacrifice, porté par l’énergie du désespoir que lui donne l’Amour d’un enfant... Sublime et désespéré.

DVD | Kadokawa - Asmik | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Images : Un master nickel qui ne laisse à aucun moment entrevoir son âge | Son : Très bonne stéréo, même si le mixage peut parfois paraître étrange...

Suppléments : Teasers, trailers, TV Spots, une reproduction "video" du pamphlet sorti à l’époque du film et des mini-filmos des cast & staff.

Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.

La musique composée par Yûji Ôno est (fut ?) disponible en CD (réf. COCA-12497).

- Article paru le vendredi 10 octobre 2003

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