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Inde

Asoka

Inde | 2001 | Un film de Santosh Sivan | Avec Shahrukh Khan (Shah Rukh Khan), Kareena Kapoor, Danny Denzongpa, Ajit Kumar, Hrishitaa Bhatt, Rahul Dev, Suraj Balaje

Près de six mois auront été nécessaires pour enfin parvenir à coincer la plupart des rédacteurs de SdA dans mon studio, afin que l’on puisse découvrir ensemble Asoka, nouvelle étape dans notre approche ravie du Bollywood. Malheureusement, autant l’écrire tout de suite, le film de Santosh Sivan n’a pas fait l’unanimité, loin de là. Trop long diront certains, trop mou diront d’autres... C’est aussi tout le charme d’une rédaction qui se manifeste ici, avec sa pluralité d’impressions et d’opinions ; je vais donc essayer de vous donner mon point de vue singulier au fil de ces lignes.

Singulier car plus indulgent avec Asoka, qui souffre en premier lieu de sa présentation marketing décalée par rapport à notre culture occidentale ; je m’explique. Il nous est vendu comme une épopée grandiose, dans la lignée de Braveheart et Gladiator, ce qui nous laisse imaginer un film de l’envergure de Conan mais avec des chansons : de quoi baver d’avance à la simple représentation mentale de James Earl Jones, époque capillaire Pocahontas, en plein duo avec Schwarzy sur fond de combat barbare... Malheureusement, ce ton décalé tarde et n’arrive finalement jamais, pour la simple et bonne raison qu’Asoka n’est pas une farce mais une fresque historique qui se prend (un peu trop ?) au sérieux : du cinéma indien grand public sans tomber dans les excès loufoques que l’on affectionne.

En deux mots, Asoka était un célèbre roi indien du troisième siècle avant J.C. qui, après avoir étendu son empire dans maintes guerres sanglantes contre différents peuples d’Asie, a fini par se ranger dans la non-violence et le bouddhisme dont il est devenu une icône locale. Ce film tente donc de retracer l’évolution de ces quelques années : du prince tranquille au souverain sanguinaire, puis du souverain sanguinaire au paisible voyageur. Bien évidemment, les textes précis sur cette époque manquent et le réalisateur s’est donc permis de développer dans son interprétation certains aspects mineurs à l’origine, au détriment d’une parfaite authenticité ; faiblesse qui reste toutefois transparente pour nous occidentaux. Malheureusement, il n’en est pas de même pour l’irrégularité qui règne à plusieurs niveaux tout au long du film.

Irrégularité du rythme, irrégularité des acteurs notamment, dont la performance s’avère tantôt honorable, tantôt risible (particulièrement celle de Shahrukh Khan dans le rôle d’Asoka). Je veux bien admettre que surjouer soit un des fondements du Bollywood et j’y adhère d’ailleurs complètement, mais j’ai du mal à intégrer cette composante dans une épopée en dépit de mon ouverture d’esprit. En d’autres termes, Asoka est probablement un très bon film indien, mais il fait trop référence à l’histoire indienne et implicitement à la culture cinématographique indienne (dans le sens "je mate des films indiens depuis que j’ai cinq ans et j’ai complètement assimilé et intégré ses codes") pour être appréciable à sa juste valeur par le public occidental.

Il n’empêche que les chansons sont sympas et qu’on bave toujours de plaisir régressif devant quelques belles scènes qui abusent du ralenti comme il se doit. Par contre, n’espérez pas être soufflé par la bataille finale qui fait bien pâle figure face à celle de Musa ou aux CGI des dernières œuvres du sieur Jackson...

Bref, si vous décidez de goûter au Bollywood, ne commencez pas par Asoka qui risquerait de vous refroidir et de vous faire passer à côté de merveilles jubilatoires comme Lagaan ou Muthu. En revanche, si vous voulez avoir un panorama des différents styles offerts par le Bollywood, alors il est probable qu’Asoka figure sur votre liste : à vous de voir.

Asoka est disponible en DVD zone 2 PAL en Angleterre, mais aussi - bien sûr - en DVD indien.

- Article paru le vendredi 11 avril 2003

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