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Hors-Asie

Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre

France | 2001 | Un film d’Alain Chabat | Avec Gerard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Alain Chabat

Hier soir, à la suite d’un faux plan qui aurait dû me permettre d’accéder à une soirée pseudo-pointue-Nova-hype sous le chapiteau Bouglione, je me suis finalement retrouvé confortablement installé dans un des fauteuils du Gaumont Kinopanorama, prêt à me faire Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Bien évidemment, je ne m’attendais pas au film de l’année, contrairement au public français, et j’y allais davantage par curiosité... J’avais bien tort, car Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, c’est tout simplement chef-d’oeuvre, et je vais essayer de vous en convaincre.

Tout d’abord, je pense qu’il est tout simplement impossible de sortir de la salle sans en avoir eu pour son argent ; je m’explique. Le spectateur lambda qui ira voir ce film avec sa famille ou ses potes dans le but de se divertir sera ravi : que demander de plus qu’une centaine de minutes où une pléiade de stars, qui le font bien marrer à la télé et dont il adore lire les travers sentimentaux dans Téléstar, se lancent des vannes de bureaux et accomplissent à outrance ce qu’ils savent faire et qui fait qu’on les apprécie ? Jamel fait du Jamel, Chabat fait du Chabat, Darmon fait du Darmon, et c’est tout ce qu’on leur demande. C’est d’ailleurs aujourd’hui tout ce que le public demande : des stars qui vont le divertir. Alors pourquoi le décevoir ?

Le cinéphile quant à lui, fervent défenseur de l’art cinématographique pourra s’en donner à coeur joie et sortir sa langue de vipère : la moitié des dialogues sont doublés en post-production, et ça se voit, les costumes sont dignes d’Intervilles, les décors sont misérables face aux standards US de telles productions, le montage est souvent plus que litigieux, le cadre n’a pas de saveur, les références cinématographiques ou musicales sont grossières et populaires... Bref, il y a de quoi cracher sur cette grosse production française, et "c’est vraiment la honte de voir que le cinéma français ressemble à une bouse pareille alors qu’au fin fond du trou du cul de l’Asie, il y a cette future star du cinéma indépendant nippo-thaï qui fait marrer les trois branleurs que nous sommes lors de nos soirées pointues cloisonnées, bourrées de références à toute la culture parallèle que je tartine à mon auditoire". Il y en a qui se reconnaissent au fond à droite ?

Le truc, avec Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, c’est que c’est un film de potes, et rien de plus. Chabat s’est vu confié ce projet et voulait en faire un film de divertissement. Il s’est entouré des personnes qu’il apprécie, comme tout le monde aurait fait à sa place. Le projet en cours, Claude Berri lui a débloqué les budgets qu’il demandait, exigeant simplement que le film soit réussi, à n’importe quel prix. Du coup, Chabat a invité, avec la bénédiction du dit Claude, tous ses potes, les enfants de ses potes et les potes de ses potes, à venir passer du bon temps avec lui ; un tournage de luxe, for VIP only, au soleil, dans un splendide paysage de dunes de coke...

Mais là où cet abus devient chef-d’oeuvre, c’est qu’il n’est pas dissimulé, bien au contraire. Toutes les petites allusions à la coke, la petite scène "entrée de soirée privée" dans le générique de fin, l’insistance du dialogue Darmon-Dieudonné "Moi aussi, je peux le faire avec les moyens", le côté very cheap des visuels... Chabat est honnête avec le spectateur, et nous montre bien que l’argent n’est pas passé sur la pellicule. Qu’y a-t-il de mal à cela ? Absolument rien, puisqu’au final, le public a que ce qu’il demande, c’est-à-dire un téléfilm qui va lui faire oublier sa morne journée avant qu’elle ne se répète le lendemain, qu’il est ravi, et que l’abus est totalement assumé par l’équipe de tournage.

Véritable tour de force, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre est donc une réussite dans la démarche, comme au résultat. Et se foutre autant de la gueule du public tout en le contentant à ce point, c’est admirable, sincèrement. Chapeau bas M. Chabat.

Dans vos salles, messieurs dames !

- Article paru le mercredi 13 février 2002

signé J-Me

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